Les jets privés immatriculés en Suisse ne connaissent pas la crise. Ni celle économique, ni celle écologique. La «Tribune de Genève» a enquêté. En zoomant sur Cointrin en 2022, elle a repéré des dizaines de vols très courts ne rejoignant pas tous des destinations dites «d’affaires». Un business qui a visiblement encore de beaux jours devant lui, même si les préoccupations environnementales prennent toujours davantage d’importance.
Où vont ces aéronefs, qui volent souvent moins d’une heure? La destination phare, avec 60 trajets depuis le début de l’année, est… Paris-Le-Bourget. Une ville pourtant facilement accessible par le rail. D’autres aéroports proches sont par ailleurs régulièrement rejoints par ces jets privés suisses: Nice, Bâle-Mulhouse ou encore Zurich.
Mais il y a des sauts de puce bien plus surprenants. «Une liste exhaustive de 1700 vols privés suisses effectués de janvier à août 2022, établie par l’Association des riverains de l’aéroport (ARAG), le confirme: des dizaines d’avions ont rejoint Grenoble, Lyon, Sion, Lausanne, Payerne, Buochs, Annecy, Cannes ou encore Saint-Moritz, luxueuse destination de loisirs, mais aussi d’affaires, depuis le début de l’année», écrivent nos confrères du bout du Léman.
Des propriétaires bien connus
Ces appareils sont pour la plupart affrétés par des compagnies aériennes, basées à Genève ou ailleurs dans le pays. Mais plusieurs sont aussi détenus par des propriétaires privés, comme des entreprises ou des particuliers. Rolex, Credit Suisse ou Patek Philippe font notamment partie de la liste établie par la «Tribune de Genève».
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Sans surprise, cet état des lieux fait bondir les défenseurs de l’environnement. «Le boom des jets privés est un non-sens, après un été si sec en raison du climat», tonne Lisa Mazzone, conseillère aux Etats verte et présidente de la Coordination régionale pour un aéroport urbain respectueux de la population et de l’environnement.
Elle enchaîne, toujours dans les colonnes de nos confrères du bout du Léman: «Les nuisances que génèrent ces vols courts pour notre région, alors qu’il existe des alternatives ferroviaires, sont problématiques. Pour les destinations plus lointaines, on a vu avec l’enterrement de la reine d’Angleterre que même les plus grands de ce monde peuvent voyager sur des vols de ligne».
Des vols malgré tout utiles?
Les compagnies contactées livrent une autre analyse. Selon elles, ces trajets courts seraient minoritaires. Concernant les plus brefs, il s’agirait de vols de maintenance ou de positionnement, dans le but de rejoindre un autre aéroport, parfois sans passagers.
Pour les experts du domaine interrogés par le journal genevois, ces trajets ont même toute leur utilité. «90% des vols d’affaires sont privilégiés par les entreprises pour leur rapidité, mais aussi pour leur discrétion, avance Philippe Meyer, consultant aéronautique. Il est possible de travailler en vol en toute confidentialité, ce qui ne serait pas envisageable dans un TGV, par exemple.»