A des centaines de kilomètres
A cause de la fermeture de Vetropack, le verre suisse sera recyclé à l'étranger

La dernière usine de bouteilles en verre du pays ferme ses portes. Conséquence: le verre usagé suisse devra désormais être transporté sur plusieurs centaines de kilomètres pour être recyclé. Un expert porte un regard critique sur cette évolution.
Publié: 15.05.2024 à 17:35 heures
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Les bouteilles en verre made in Switzerland n'existeront plus en grandes quantités à l'avenir.
Photo: Keystone
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Martin Schmidt

Les employés de Vetropack recyclaient 100'000 tonnes de verre usagé par an dans la verrerie de Saint-Prex, dans le canton de Vaud. A l'avenir, toutes ces tonnes seront transformées en verre neuf dans les usines autrichiennes de Kremsmünster et de Pöchlarn, ou dans la nouvelle usine de Boffalora sopra Ticino, en Italie.

Vetropack et ses concurrents transporteront ainsi presque tout le verre usagé de Suisse à l'étranger. Cela représente plus de 300'000 tonnes qui transiteront par le rail et la route vers l'Autriche et l'Italie.

D'un point de vue économique, la fermeture de l'usine de Saint-Prex est judicieuse. Le mauvais climat de consommation en Europe affecte l'industrie de l'emballage. Vetropack a donc temporairement réduit ses capacités sur plusieurs sites et d'autres sont menacés.

La fermeture sera-t-elle un problème à l'avenir?

Pour les embouteilleurs de boissons suisses et les clients de Vetropack, la fermeture n'a pas de conséquences, comme le souligne l'entreprise. Elle continuera à proposer des points de recyclage du verre dans les communes.

Mais cette fermeture aura un impact négatif sur le plan de l'économie circulaire en Suisse, comme le souligne Fabian Takacs, chargé de cours à l'université de Saint-Gall et codirecteur du Circular Lab – un institut qui effectue notamment des recherches dans le domaine de l'économie circulaire: «La logistique augmente. Les émissions augmentent. Il y a plus de gaz d'échappement et de bruit et l'infrastructure est davantage sollicitée», énumère l'expert.

Pourtant, le verre est parfaitement adapté à l'économie circulaire, puisqu'il peut finalement être recyclé à 100%. «En ce qui concerne la mise en œuvre de cycles de matériaux, la Suisse n'est malheureusement de toute façon pas là où devrait être une économie compatible avec la planète. Le fait que nous échouions déjà dans des infrastructures aussi fondamentales que le recyclage est inquiétant», déplore Fabian Takacs. Avec la fermeture de l'usine de Saint-Prex, c'est un nouveau frein à l'économie circulaire qui apparaît en Suisse.

Matière première trop bon marché?

Le verre usagé atterrira à l'avenir dans la verrerie de Pöchlarn, située à environ 600 kilomètres à vol d'oiseau ou à huit heures de route de Berne, mais tout de même accessible en train. Tout le contraire de l'usine ultramoderne de Boffalora, pour laquelle de longs transports par camion sont inévitables.

Mais comment en est-on arrivé là? Fabian Takacs situe le problème au niveau du coût des matières premières, bien plus faible que celui des salaires: «Il est plus avantageux de faire circuler le verre usagé dans la moitié du monde plutôt que de procéder à un recyclage propre sur place», analyse l'expert. Mais cela pourrait bien changer un jour.

Fabian Takacs estime en effet que la politique et les associations sectorielles ont la responsabilité de trouver des solutions à l'écart actuel de coûts, afin de préserver les infrastructures nécessaires au fonctionnement d'une économie circulaire pérenne. A l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), on déplore la fermeture de l'usine. «Il s'agit toutefois d'une décision relevant de l'économie privée», écrit l'OFEV sur demande.

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