A cause du frein à l'endettement
La Confédération caresse l'idée d'augmenter les prix des transports publics

Ce n'est que l'année dernière que les CFF et autres ont augmenté les prix des transports publics. Ce n'est pas suffisant, estime la Confédération, et cela irrite Monsieur Prix, Stefan Meierhans.
Publié: 13.10.2024 à 06:00 heures
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Dernière mise à jour: 13.10.2024 à 08:01 heures
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La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter caresse l'idée d'une augmentation des prix des transports publics.
Photo: Keystone
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Raphael Rauch

Heureusement, la Suisse n'est pas l'Allemagne. Pour l'horaire d'hiver, la Deutsche Bahn augmente ses prix jusqu'à 6,6%. Mais les augmentations de tarifs ne sont pas non plus un tabou en Suisse.

L'Administration fédérale des finances (AFF), qui dépend de la conseillère fédérale PLR Karin Keller-Sutter, a fait biffer un passage décisif lors d'une consultation, comme le montrent une enquête menée par Blick à l'aide de la loi sur la transparence. L'Office fédéral des transports s'attendait à ce que les prix des transports publics restent stables ces prochaines années. Le surveillant des prix Stefan Meierhans s'est montré enthousiaste et a écrit: «Je salue cet engagement en faveur des consommateurs.»

«D'autres mesures tarifaires sont appropriées»

Mais l'Administration des finances s'est ensuite interposée: «Signaler dès à présent de la part de la Confédération qu'aucune autre mesure tarifaire n'est attendue n'est pas approprié, spécialement dans le contexte de la situation budgétaire difficile des prochaines années.» Soit on signale cet état de fait et on exprime l'attente que d'autres mesures tarifaires seraient appropriées, soit les explications correspondantes sont supprimées.

Certes, les prix des transports publics ont déjà augmenté l'année dernière. Mais selon l'AFF, les hausses de prix «n'ont couvert qu'environ la moitié du renchérissement accumulé depuis la dernière augmentation en 2016/17».

«Un auto-goal à courte vue»

Le Surveillant des prix Stefan Meierhans critique la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter: «Si nous prenons au sérieux le tournant en matière de transports, nous ne devons pas faire fuir les usagers des TP avec des augmentations de prix. Ce serait un auto-goal à courte vue.»

L'AFF défend en revanche son intervention: «Dans le cadre de la consultation interne à l'administration, nous avons indiqué que des augmentations de tarifs dans les TP ne pouvaient pas être exclues à priori.» Selon elle, les transports publics régionaux sont financés pour moitié environ par les usagers, la Confédération et les cantons payant l'autre moitié des coûts. «L'AFF n'a aucune influence sur la conception des tarifs», souligne le Département des finances.

«Aucune mesure tarifaire prévue»

Helmut Eichhorn, directeur d'Alliance SwissPass, défend les intérêts de la branche des transports publics. Il précise à Blick: «Actuellement, aucune mesure tarifaire n'est prévue. Nous ne pouvons pas dire à l'heure actuelle quand aura lieu la prochaine augmentation de prix.»

Selon lui, tout dépendra aussi des plans d'économie de la Confédération pour savoir si les coûts des TP seront augmentés: «Si la Confédération veut économiser sur le financement des coûts des TP, cela peut conduire à des augmentations de tarifs.» Le directeur d'Alliance SwissPass souligne: «Sans investissements continus, la qualité risque de baisser, comme on peut l'observer dans d'autres pays.»

Ce n'est que l'année dernière que l'Alliance SwissPass a augmenté ses tarifs. Cela ne suffit-il pas? Helmut Eichhorn précise: «La mesure tarifaire de décembre 2023 était la première depuis 2016, donc la première en sept ans. L'augmentation des coûts, le renchérissement et la hausse de la TVA ont rendu cette hausse de prix nécessaire.»

Rien n'est encore décidé. Mais dans le pire des cas, les usagers suisses des transports publics risquent, eux aussi, de devoir payer des tarifs plus élevés, comme en Allemagne.

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