À cause du Covid-19
Les maisons de retraite vont-elles disparaître en Suisse?

Les personnes âgées préfèrent de plus en plus rester chez elles en fin de vie, et le Covid-19 complique la situation dans les EMS et autres maisons de repos traditionnelles. Selon un expert, ces institutions appartiennent déjà au passé.
Publié: 06.11.2021 à 06:03 heures
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Dernière mise à jour: 06.11.2021 à 08:36 heures
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«Les maisons de retraite classiques n'existent plus», explique Markus Leser responsable du département des personnes âgées chez Curaviva.
Photo: Luisa Ita
Luisa Ita

Les EMS et les maisons de retraite sont touchées de plein fouet par la pandémie de Covid-19 depuis plus d’un an et demi. Dans certains établissements outre-Sarine, la situation est critique: à Oberriet (SG), 41 résidents et 25 membres du personnel ont été infectés par le virus rien que cette semaine, et cinq en sont mortes. La maison de retraite restera fermée aux visiteurs jusqu’à nouvel ordre. Le tableau n’est pas plus rose à Muttenz (BL): 41 infections ont été signalées dont un décès. Le foyer est également fermé aux personnes extérieures jusqu’à nouvel ordre.

En plus d’avoir essuyé la virulence du Covid-19 chez ses résidents, ces établissements ont également vu leur image dégradée. Au sein de l’opinion publique, les interrogations s’élèvent: les maisons de retraite suisses sont-elles encore en mesure de protéger leurs résidents? En parallèle, les restrictions de visites largement critiquées ne sont-elles pas également délétères pour les personnes âgées qui y vivent? C’est la double peine pour ces dernières, qui risquent davantage une infection au Covid et doivent porter en plus le poids de leur solitude.

Des lits vides à cause du Covid

Toutes ces raisons ont rendu de nombreuses personnes âgées réticentes à l’idée de se faire admettre en maison de retraite. C’est ce qu’explique Markus Leser, chef du département vieillesse de Curaviva, l’association de branche des institutions au service des personnes ayant besoin de soutien. Enfin, le virus ayant frappé certaines institutions avec une particulière violence, ces dernières ont dû gérer les nombreux lits vides et inoccupés à la suite de décès.

«Lorsque j’ai commencé à Curaviva il y a une vingtaine d’années, il y avait encore des listes d’attente pour entrer dans une de ces institutions. Depuis, il n’y en a quasiment plus», rapporte l’expert. La vie des personnes âgées est en constante évolution, et les demandes de ces dernières ne cessent de changer: «Si vous regardez l’évolution de 1900 à aujourd’hui, vous voyez que les besoins changent environ tous les 30 ans. En tant que baby-boomer, j’ai des exigences différentes de celles de ma grand-mère, qui est née en 1911. Par exemple, une chambre à quatre lits, comme on l’appelait autrefois, n’est probablement plus une option acceptable pour une personne de ma génération».

Markus Leser est de toute façon convaincu que «les maisons de retraite classiques n’existent plus. Ce que nous appelons encore une maison de retraite dans le langage courant est en fait une maison de repos». Les personnes qui y vivent sont de plus en plus âgées: «En moyenne, les gens n’entrent pas dans un foyer avant 86 ou 87 ans. Il n’est pas rare de trouver des personnes de plus de 100 ans vivant encore dans une institution. En parallèle, la durée moyenne de séjour diminue en raison d’une entrée plus tardive, et se situe aujourd’hui juste en dessous de deux ans et demi».

Après la coloc' étudiante, voici la coloc' de retraite?

À quoi pourrait ressembler le nouveau mode de vie des personnes âgées? «Nous supposons qu’elle sera organisée de manière beaucoup plus décentralisée», imagine Markus Leser. Les immenses bâtiments qui ressemblent à un hôpital disparaîtraient probablement progressivement. «Nous partons du principe qu’à l’avenir, la vie des personnes âgées sera davantage ancrée dans l’espace social. On peut imaginer, par exemple, une communauté où les gens partagent une maison, ou une communauté de retraite et de soins dans un quartier résidentiel. Pour l’instant, cependant, il s’agit plutôt d’une situation de niche.»

M. Leser est convaincu que d’ici quelques années, ces formes de vie modernes pourraient probablement retarder de beaucoup la transition vers une institution de soins de type hospitalier.

(Adaptation: Louise Maksimovic)

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