Ils augmentent, augmentent et augmentent encore... Les prix des logements en Suisse ne cessent de s'envoler. La dernière étude de l'entreprise de conseil Wüest Partner sur le marché immobilier suisse est parue cette semaine. Après une accalmie l'année dernière, les spécialistes de l'étude de marché ont constaté pour les mois d'avril à juin un «rythme de croissance des prix plus élevé» que l'année précédente. Pour les appartements en propriété, la hausse est de 3,5%, pour les maisons individuelles de 2,5%.
Le marché de l'accession à la propriété est notamment stimulé par la situation des logements locatifs qui est de plus en plus précaire. Comme les loyers explosent dans les agglomérations, les personnes à la recherche d'un logement se tournent davantage vers le marché de la propriété. Cette évolution est en outre favorisée par la baisse des taux d'intérêt, qui rend à nouveau les logements en propriété plus abordables.
Par rapport au pic d'octobre 2022, les taux hypothécaires ont baissé d'environ un tiers, passant de 3 à 2% pour une hypothèque de 10 ans. Pour une dette d'un million de francs, la charge d'intérêts passe de 30'000 à 20'000 francs par an. L'économie réalisée est de 10'000 francs, soit plus de 800 francs par mois. Cela augmente la disposition à acheter.
Les appartements de vacances poursuivent leur boom
En ce qui concerne les appartements en propriété, la forte hausse des prix est en partie due au marché des résidences secondaires. C'est dans les hotspots touristiques que les prix des appartements de vacances, mais aussi des résidences principales, augmentent actuellement le plus. En Valais, dans les Grisons et dans des régions de Suisse centrale, ils ont grimpé de 10% et plus.
Pour les maisons individuelles, la hausse des prix aurait même pu être plus importante, selon Wüest Partner. Le fait qu'ils n'aient augmenté que de 2,5% serait lié au nombre de transactions en hausse. L'année dernière, les prix proposés par les acheteurs et les vendeurs étaient si éloignés les uns des autres qu'il était souvent impossible de trouver un accord. «Aujourd'hui, les prix pourraient à nouveau être plus proches les uns des autres, certains acheteurs se montrant plus disposés à payer en raison de la baisse des taux d'intérêt et certains vendeurs ayant peut-être ajusté leurs prix légèrement à la baisse», indique l'étude.
Tout cela devrait conduire à ce que les prix des logements continuent d'augmenter à l'avenir: «Pour 2024, nous nous attendons à ce que la dynamique actuelle des prix se poursuive.» A cela s'ajoute la «relève» des acheteurs qui est ininterrompue compte tenu de l'immigration toujours élevée. Au premier trimestre 2024, 93'500 personnes ont immigré de l'étranger en Suisse. Cela n'a certes pas d'effet direct sur les prix des logements, mais indirectement, la croissance démographique pèse sur les prix. Les Suisses ou les étrangers résidant depuis longtemps en Suisse ont tendance à se tourner vers le marché de la propriété lorsqu'ils changent de logement.
Y a-t-il des exagérations?
La question se pose de savoir si le mélange actuel de taux d'intérêt en baisse, d'offre limitée de logements locatifs et de forte immigration ne va pas conduire à des exagérations sur le marché immobilier. Les premiers signes en sont déjà visibles. En parcourant les portails immobiliers, on tombe sur des prix parfois absurdement élevés pour des appartements ou des maisons individuelles.
Une maison individuelle mitoyenne au bord du lac de Zurich est proposée pour 2,3 millions de francs. La maison a été construite en 2001 et se trouve «dans son état d'origine», comme l'indique l'annonce d'un agent immobilier connu. Une recherche dans le voisinage a révélé un prix initial de 650'000 francs. Cela correspond à une augmentation de prix de plus de 250%. En fin de compte et après déduction de l'impôt sur les gains immobiliers, le vendeur devrait réaliser un bénéfice d'environ un million de francs – à condition qu'il puisse effectivement se débarrasser de sa petite maison à ce prix.
Zurich plus cher que la région lémanique
Avec une augmentation de 250% en 25 ans, le bien immobilier devrait se situer dans le haut de l'échelle des hausses de prix. Wüest Partner a évalué pour Blick l'évolution des dix dernières années. Partout en Suisse, les prix dits de transaction ont fortement augmenté. Il s'agit des prix de vente effectifs, qui se distinguent parfois nettement des prix annoncés.
Répartis en huit régions, les résultats montrent qu'entre 2014 et 2024, les prix des maisons individuelles et des appartements en copropriété ont augmenté en moyenne de 20 à 60%. Comme le montre le graphique, c'est en Suisse orientale que les maisons individuelles ont le plus augmenté, passant en moyenne de 885'000 à 1'413'000 francs.
Les maisons individuelles sont les plus chères dans la région de Zurich, où il faut aujourd'hui débourser en moyenne 2,227 millions de francs pour une maison individuelle. Il s'agit d'un objet moyen, vieux de 30 ans et d'une surface habitable de 160 m2. Au cours des dix dernières années, la région zurichoise a dépassé la région lémanique. Alors qu'en 2014, il fallait payer nettement plus en Suisse romande pour des maisons individuelles et des appartements en PPE, c'est aujourd'hui l'inverse.