Les agriculteurs évoquent une récolte catastrophique. Et les boulangers font face à des coûts exorbitants. Dans les supermarchés, le prix du pain a déjà grimpé. Le détaillant bâlois Coop prévient: «Les coûts supplémentaires engendrés nous obligent à adapter les prix des petits et des gros pains.» Cinq boulangeries industrielles propres et des boulangeries maison de 56 supermarchés Coop dans toute la Suisse approvisionnent la clientèle en pains frais et surgelés.
Par exemple, le prix du pain mi-blanc (1kg) de la ligne bon marché Prix Garantie augmente de 20 centimes pour atteindre 2,60 francs, le petit pain campagnard bio Naturaplan coûte 1,30 franc, soit 10 centimes de plus qu'auparavant. La Parisette (100g) augmente également de 10 centimes pour atteindre 1,20 franc. Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres. En pourcentage, les hausses de prix chez Coop oscillent entre les 4,1 et les 9,1%.
Hausse des prix dans les supermarchés
Pour l'instant, la concurrence orange est encore en train de faire ses calculs. «Migros répercute systématiquement les modifications des prix d'achat des matières premières ou des coûts sur le prix de vente dans les rayons, explique la porte-parole Estelle Hain. Dès que la fixation des prix avec les producteurs est terminée, nous évaluons les éventuelles répercussions sur les prix à la consommation.»
Selon les détaillants, les pertes de récolte de céréales pour le pain, notamment de blé, et les surcoûts de la production agricole plaident en faveur d'une augmentation. L'interprofession Swiss Granum pour les céréales, les oléagineux et les protéagineux tire la sonnette d'alarme.
Les faibles récoltes de blé panifiable placent la branche devant de grands défis tout au long de la chaîne de production, selon une évaluation provisoire publiée en septembre. Le rapport définitif ne sera disponible qu'à la fin du mois. Mais aujourd'hui déjà, le vice-directeur Thomas Weisflog estime pour Blick: «La quantité de récolte de blé et d'orge panifiables suisses est inférieure d'environ un tiers à celle de l'année précédente. Pour le colza, c'est aux alentours de 10% de moins.»
Une météo désastreuse
Selon le rapport de Swiss Granum, «les conditions météorologiques exceptionnelles du printemps et de l'été» sont à l'origine des pertes et de la mauvaise formation des grains. En d'autres termes, les précipitations étaient plus fréquentes et la durée d'ensoleillement nettement inférieure à la moyenne des dernières années.
Swiss Granum a mis en avant ces pertes et ces coûts supplémentaires dans l'agriculture lorsqu'elle a augmenté cet été les prix indicatifs – sous la pression des agriculteurs comme des grands distributeurs – pour la récolte 2024 en cours. Par rapport à l'année dernière, les prix indicatifs de la récolte sont plus élevés de 1,50 franc par 100kg pour le blé panifiable et de 1 franc pour le seigle.
Lorenz Hirt se montre plus explicite. Le directeur de la Fédération des meuniers suisses qualifie la récolte 2024 de «misérable». Il affirme: «A l'ère préindustrielle, une telle récolte aurait sans aucun doute entraîné une famine dans notre pays.» Ses entreprises membres sont elles aussi confrontées à des facteurs de coûts supplémentaires que les entreprises de meunerie ne peuvent pas absorber par leurs propres moyens, comme le précise Lorenz Hirt en réponse à une question de Blick. Comme les marges dans son secteur sont déjà «calculées au plus juste» depuis des années, «nous nous attendons à des augmentations de prix de la part de l'association».
Les boulangeries sont confrontées à un dilemme en matière de prix
Dans les conditions actuelles, les membres de l'Association suisse des patrons boulangers-confiseurs (BCS) devraient également serrer la vis des prix. Certains l'ont déjà fait, d'autres ont optimisé leurs processus afin d'éviter de franchir le pas. «Non seulement la hausse des prix des matières premières, mais aussi l'augmentation des frais de personnel et d'énergie pèsent sur les entreprises», ajoute Urs Wellauer-Boschung, directeur de la BCC.
Mais se contenter d'afficher des prix plus élevés au rayon pain n'est pas non plus une solution. «De nombreux membres ont certes enregistré des chiffres d'affaires stables, mais la fréquence des clients est déjà plus faible», fait remarquer Urs Wellauer-Boschung.
Le maître boulanger Manfred Hasler gère le «Ueli der Beck» à Schönbühl-Urtenen (BE). Il confirme la situation délicate dans laquelle se trouve actuellement son secteur. Selon lui, la limite a été atteinte et les boulangeries-confiseries ne peuvent plus répercuter les hausses de prix sur leur clientèle. «Sinon, nous risquons de perdre une partie de notre clientèle.»
Le président du BCS, Silvan Hotz, partage l'avis de son collègue professionnel. Il possède lui-même une entreprise de production avec une boulangerie à Baar (ZG). «Nous ne pouvons pas non plus faire des petits pains plus petits pour éviter l'augmentation des prix», déplore-t-il. Les clients le remarqueraient et ce ne serait pas juste pour eux. «Nous devrons nous aussi augmenter nos prix de manière ponctuelle», poursuit le maître boulanger. Au risque de perdre d'autres clients.