Le prix du café négocié à l'échelle mondiale ne connaît actuellement qu'une seule voie: celle de la hausse. Selon la variété, il se trouve même à un niveau record. Le prix du Robusta s'élevait lundi à 5500 dollars la tonne, un niveau jamais atteint auparavant. Au cours des neuf derniers mois, le prix a doublé. Le coût de la deuxième variété populaire, l'Arabica, est également élevé en comparaison.
Lambert Koers, membre du comité de la Communauté d'intérêts du café suisse, connaît les raisons de cette évolution extrême des prix. «D'une part, de nombreux torréfacteurs passent de l'espèce Arabica, plus chère, à l'espèce Robusta, moins chère», estime-t-il. Cela conduit à des goulots d'étranglement dans les livraisons, car les torréfacteurs s'attendent à ce que les consommateurs de nombreux pays se tournent vers des mélanges de café moins chers en raison de la pression accrue sur les coûts.
Le climat est décisif
D'autre part, le climat joue un rôle important, explique Lambert Koers. Une sécheresse exceptionnelle au Vietnam, le principal pays producteur, a entraîné des pertes de récolte. Celle-ci fait grimper les prix depuis un certain temps déjà.
Lundi 16 septembre, une information en provenance du Brésil a provoqué une hausse historique des prix. En Amérique du Sud aussi, on craint le manque de pluie. «C'était du pain bénit pour la bourse du café», explique Lambert Koers. Les experts partent du principe que de tels événements extrêmes vont augmenter avec le changement climatique. Autrement dit, le prix du café devrait continuer à augmenter.
Le consommateur ne le ressent pas (encore)
La forte hausse des prix à la bourse du café se répercute-t-elle sur les prix des grains de café chez les détaillants suisses? Non, pas pour le moment. «Nous observons la situation de très près. Pour l'instant, aucun ajustement de prix n'est prévu», déclare Thomas Ditzler, porte-parole de Coop. Migros confirme aussi qu'elle n'adapte les prix de vente que de manière systématique.
Pour le moment, peu de choses changent donc pour les consommateurs, selon l'évolution des prix du café crème dans les restaurants suisses. Même si le prix du café a gonflé de 24 centimes au cours des six dernières années, cela représente une très faible hausse par rapport à l'augmentation du prix brut.
La hausse des prix du café sur le marché international est suivie de très près par de grands acteurs en Suisse. Notre petit pays est en effet un Goliath du café. Les transformateurs suisses sont, ensemble, les plus grands exportateurs de grains de café torréfiés au monde. Les exportations de café suisse dépassent en valeur les exportations de chocolat et de fromage, supposés être les meilleurs produits d'exportation suisses. C'est surtout Nestlé qui en est responsable.
Et l'industrie de transformation limite les fluctuations de prix. «En Suisse, la politique commerciale consiste à garantir l'approvisionnement en café vert sur une longue période», explique Lambert Koers. «C'est pourquoi les prix pour les consommateurs sont loin d'être aussi volatils que ceux de la bourse du café.» Les amateurs de café devraient néanmoins être avertis. En effet, si les prix du café continuent à augmenter fortement, les prix finaux vont, eux aussi, s'envoler.