Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) est surchargé. Depuis l'attaque de la Russie contre l'Ukraine et l'escalade du conflit au Proche-Orient, la situation en matière de politique sécuritaire s'est malheureusement aggravée. Le directeur du SRC, Christian Dussey, a donc tiré la sonnette d'alarme dès le mois d'août.
Peu après, lors d'une séance de la Commission de la politique de sécurité (CPS) du Conseil des États, il a demandé 150 à plusieurs centaines de postes supplémentaires pour répondre aux besoins accrus.
Un service qui a besoin de forces
Vendredi dernier, la CPS du Conseil des États a rendu sa décision: elle souhaite elle aussi que le service de renseignement obtienne au moins 150 nouveaux postes à plein temps d'ici 2028, compte tenu de la situation géopolitique tendue. Le SRC doit ainsi être «renforcé face aux menaces qui évoluent massivement», écrit la CPS dans un communiqué de presse. La demande a été adressée à la Commission des finances.
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Une majorité considérable de la Commission de la politique de sécurité voit la nécessité d'obtenir des postes supplémentaires, explique la présidente de la commission, Andrea Gmür-Schönenberger, à la «Neue Zürcher Zeitung». En comparaison avec des pays voisins comme l'Autriche par exemple, le service de renseignement suisse est nettement plus petit: «Là-bas, il y a 1200 collaborateurs. Nous en avons environ 400 pour à peu près le même nombre d'habitants.»
Le conseiller aux États PLR Josef Dittli a également soutenu cette augmentation, poursuit le journal. Mais au vu de la situation financière tendue de la Confédération, il suggère que le chef du SRC regarde d'abord s'il peut trouver une solution à l'interne, au sein du Département de la défense (DDPS): «On pourrait peut-être y déplacer des postes. Et hiérarchiquement, ce serait la bonne façon de procéder.»
Le conseiller aux États UDC Werner Salzmann part du principe que les postes supplémentaires ont été convenus en accord avec le DDPS. Et malgré les défis financiers, la Commission de la politique de sécurité doit réagir si elle estime que les postes existants sont insuffisants.
Bientôt un sujet de discussion au National
La CPS du Conseil national se penchera aussi sur les ressources en personnel du SRC lors de sa prochaine séance. Selon Priska Seiler Graf, présidente de la commission et conseillère nationale socialiste, le directeur du SRC, Christian Dussey, a attiré l'attention sur le problème «de manière médiatique» au cours des derniers mois.
Mais face aux mesures d'économie dans presque tous les domaines, il serait irréaliste de financer autant de nouveaux postes par le biais du budget ordinaire. «Je ne peux qu'imaginer que ces économies devraient être réalisées sans incidence sur le budget, c'est-à-dire au sein même du DDPS», déclare Priska Seiler Graf.
Amherd est silencieuse
Interrogé par la «NZZ», le DDPS ne s'est pas exprimé sur les réunions de la commission. Il est toutefois probable qu'il y ait déjà eu des discussions à l'interne pour remédier au problème. Le secrétaire général adjoint et chef des ressources du DDPS, Marc Siegenthaler, a lui aussi confirmé fin août devant la Commission de la politique de sécurité que les ressources du SRC étaient limitées.
Christian Dussey en aurait également discuté avec Viola Amherd. Mais pourquoi la ministre de la Défense ne s'exprime-t-elle pas personnellement sur les postes supplémentaires nécessaires?
Trois raisons sont frappantes: premièrement, 100 postes supplémentaires ont déjà été accordés au SRC entre 2019 et 2023; deuxièmement, le Conseil fédéral veut économiser environ un million de francs au SRC d'ici 2028, contrairement à l'armée. Enfin, la transformation du SRC initiée par Viola Amherd est sous le feu des critiques. La restructuration entraîne l'insatisfaction du personnel, ainsi que de nombreux départs. Les cantons estiment pour leur part que le service de renseignement serait en réalité plus préoccupé par lui-même que par la sécurité du pays.
Un contrôle des résultats avant tout
C'est pourquoi des politiciens comme Mauro Tuena, conseiller national UDC et membre de la Commission de la politique de sécurité, demandent d'abord un contrôle des résultats: «Le SRC doit d'abord nous montrer que cette transformation peut fonctionner et préciser à quoi les nouveaux postes vont exactement servir.»
La semaine prochaine, le SRC devrait présenter son rapport annuel «Sécurité de la Suisse 2024», bien plus tard que d'habitude. Ces dernières années, le rapport avait pour habitude d'être publié en juin. En 2023, le SRC soulignait qu'il était essentiel d'identifier les menaces à temps et de prendre des mesures en conséquence. On verra si le SRC est encore en mesure de le faire lorsque Christian Dussey se présentera devant les médias la semaine prochaine.