Cet ancien banquier d'UBS s'est illégitimement rempli les poches pendant des années – et doit en répondre devant le tribunal mercredi. Selon l'accusation, Goran Z.* a détourné entre 2009 et 2015 environ 2,5 millions de francs pour lui et pour d'autres personnes. Il s'est ainsi offert des biens immobiliers en Serbie. Il risque quatre ans derrière les barreaux, notamment pour escroquerie par métier.
Blick a contacté le Suisse par téléphone. L'homme se repent: «Tout cela était une énorme erreur. Et j'espère pouvoir faire table rase du passé au tribunal.»
La carrière de Goran Z. avait pourtant commencé de manière plus que prometteuse. Dès 1999, l'homme originaire du canton de Zurich a travaillé à l'UBS. Depuis 2009, directement à la Paradeplatz, où il s'occupait de clients VIP originaires des Balkans. Sur la liste des personnes lésées, l'on trouve des sportifs de haut niveau – dont de nombreux footballeurs.
«J'ai détourné cet argent»
Le banquier ne révèle pas pourquoi il a entrepris, en premier lieu, de détourner de l'argent de ses clients. Mais il affirme que «toutes les transactions n'étaient pas à mon avantage personnel direct». Son avocat, Me David Gibor, déclare également à Blick: «L'acte d'accusation du Ministère public souffre de graves lacunes. C'est l'objet de ma plaidoirie lors du procès principal.»
Mais le fait est que des sommes énormes sont bel et bien allées directement dans les poches de ce conseiller à la clientèle. «J'ai détourné cet argent», reconnaît-il sans détour. Il s'en est notamment servi pour acheter deux appartements à Belgrade, un projet que lui avait proposé l'un des footballeurs. Le Ministère public a également saisi un appartement en copropriété à Volketswil (ZH) et une Mercedes. D'autres fonds auraient été versés à une entreprise de l'accusé.
L'escroc affirme qu'il avait l'intention de rembourser l'argent d'une manière ou d'une autre. «Je pensais pouvoir tout remettre en ordre avec mon prochain bonus», plaide-t-il. Mais cela ne s'est pas produit. «Alors que j'étais en vacances, l'un des footballeurs s'est manifesté auprès de ma remplaçante. Celle-ci a commencé à se méfier et à enquêter. Elle a finalement découvert les fraudes...»
Des années d'attente avant le procès
Au détournement de ces millions s'ajoute un délit routier: sur l'A1, Goran Z. a regardé son téléphone portable, déviant ainsi de sa voie, et a touché un autre véhicule - avant de tout simplement poursuivre sa route.
En synthèse, il risque donc une peine de quatre ans de prison pour escroquerie par métier, pour faux dans les titres, abus de confiance, blanchiment d'argent mais aussi pour délit sur l'autoroute. En outre, Goran devra verser 200'000 francs à l'État. L'UBS a quant à elle plus de 2,1 millions de créances impayées à cause de son ex-employé.
L'accusé voudrait pouvoir simplement mettre un point final à cette affaire: «J'attends ce procès depuis sept ans. C'est une charge énorme.» Cet argument devrait également être avancé par l'avocat de la défense lors de l'audience.
«Le Ministère public a complètement négligé l'enquête pendant de nombreuses années, avance l'homme de loi. Cette inaction interminable des autorités est contraire à l'Etat de droit. L'accusé a vécu dans la peur pendant de nombreuses années, et devait toujours s'attendre à ce que la police réapparaisse chez lui, l'arrête ou applique d'autres mesures de contrainte.»
* Nom connu de la rédaction
(Adaptation par Daniella Gorbunova)