Une trentaine d'étudiants de l'EPFZ et de la Haute école de Lucerne HSLU préparent nerveusement la première tentative de record sur l'aérodrome militaire désaffecté de Dübendorf (ZH): en cette magnifique journée de fin d'été, leur bolide électrique Mythen, construit par leurs soins, doit réaliser un nouveau record du monde d'accélération dans des conditions extérieures idéales, lors de plusieurs courses de mesure. L'objectif? Ramener en Suisse le prestigieux record, perdu l'automne dernier au profit d'étudiants de Stuttgart (Allemagne).
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L'origine de l'actuelle tentative de record d'accélération remonte déjà à plus de dix ans. A l'époque, près de trois douzaines d'étudiantes et d'étudiants de l'association académique de sport automobile de Zurich (AMZ) ont développé pour la première fois, à partir d'une voiture de course électrique construite pour la Formula Student, un engin high-tech super léger aux capacités d'accélération exorbitantes.
Le bolide, semblable à un kart, ne comportait pratiquement que quatre roues et un imposant aileron arrière en fibre de carbone et ne pesait donc que 168 kilogrammes. Grâce à ses quatre moteurs électriques, la monoplace développait toutefois plus de 200 chevaux et un couple impressionnant de 1630 newton-mètres.
Premier record du monde suisse en 2014
Lors de leur première tentative de record du monde d'accélération en 2014, les étudiants suisses n'ont eu besoin que de 1,785 seconde pour passer de 0 à 100 km/h avec leur petit monstre ailé électrique appelé Grimsel – et ont ainsi réussi à entrer dans le «Livre Guinness des records» comme ils le souhaitaient.
Deux ans plus tard, l'équipe AMZ a même réduit le record du monde à 1,513 seconde avec le véhicule perfectionné. Ce record a duré jusqu'en septembre dernier. Il y a exactement un an, les étudiants de l'équipe Green de Stuttgart ont établi un nouveau record en passant de 0 à 100 km/h en 1,461 seconde.
Et c'est ce record que les étudiants suisses de l'EPF et de la HSLU, principalement dans les domaines du génie mécanique et du génie électrique, veulent à nouveau battre. Dario Messerli, qui vient de terminer avec succès ses études de génie mécanique, se montre tendu mais confiant avant la première tentative de record avec chronométrage officiel, caméras et représentants de Guinness World Records Limited de Londres. «Les tests finaux que nous avons effectués hier laissent présager de bonnes choses», promet l'aérodynamicien de l'équipe. «Mais bien sûr, il peut toujours y avoir un problème. Il suffit d'une petite erreur de logiciel ou d'un défaut mécanique d'une pièce de cinq centimes – et nous pouvons plier bagage.»
Customization maximale
Comparé au véhicule Grimsel d'il y a dix ans, l'actuel bolide Mythen de l'EPFZ est méconnaissable. L'imposant aileron arrière a disparu. L'adhérence nécessaire à l'accélération des moteurs électriques d'une puissance totale de 326 ch (240 kW) est assurée à la place par une énorme plaque sous le véhicule. Le principe de la sous-couche développée par les étudiants est similaire à celui de la Formule 1 de 1978, lorsqu'un ventilateur crée une dépression à l'arrière des bolides.
Juste avant le départ, la plaque est abaissée et le petit bolide s'aspire, comme une ventouse, avec jusqu'à 180 kilogrammes de pression sur la piste. En Formule 1, cette technique dite «de la jupe» a rapidement été interdite. Dario Messerli et le directeur technique Ben Weber, lui aussi ancien étudiant en génie mécanique à l'EPFZ, sont convaincus que la nouvelle «technique de l'aspirateur» ainsi que les nouveaux moteurs, batteries et onduleurs leur permettront de battre le record mondial d'accélération.
Pour la première course, c'est l'étudiante en électrotechnique Chiara Lenz qui prend le volant. Elle a elle-même participé au développement de la voiture et, avec sa fine carrure, elle présente les conditions idéales pour être pilote. «Nous sommes quatre pilotes au total et pesons moins de 50 kilos», révèle Chiara. Bien entendu, le poids de la pilote joue un rôle extrêmement important lorsque le véhicule ne pèse que 140 kilos. «Non, je n'ai pas fait de régime spécial pour la course d'aujourd'hui», répond Chiara Lenz en riant.
En revanche, elle a percé la coque du siège, fabriquée en mousse de construction légère comme une plume, comme un fromage d'Emmental. Chaque gramme compte vraiment. Faut-il du courage pour conduire cet engin ? «Plutôt beaucoup de patience», répond-elle. Bien sûr, l'accélération est incroyable et la course se termine si vite que c'est une expérience surréaliste. Mais les nombreux jours d'essai, souvent liés à des heures d'attente pour seulement deux ou trois courtes utilisations, exigent plus de persévérance que de courage.
Premier essai déjà réussi
Les compétences de conduite ne sont pas très exigeantes. La pilote démarre le véhicule en appuyant simultanément sur les palettes derrière le volant et sur l'accélérateur. Lorsqu'elle relâche les palettes du volant, l'électronique de lancement prend en charge le processus d'accélération. Une fois les 100 km/h atteints ou au plus tard après 15 mètres de trajet, l'électronique interrompt le processus d'accélération – la pilote lève le pied de l'accélérateur et freine à nouveau le véhicule jusqu'à l'arrêt complet.
Lors des premiers essais, la troupe a éclaté en sanglots. Les 1,123 seconde réalisées représentent déjà le nouveau record mondial visé. Mais les étudiants de l'AMZ veulent aller plus loin. «Nous espérons abaisser ce record en dessous d'une seconde», révèle Dario Messerli. Pour cela, de légères modifications seront apportées pour les prochains runs. A la place de Chiara Lenz, c'est Kate Maggetti, encore un peu plus légère, qui prendra le volant. De plus, la température des pneus est augmentée avant le départ – grâce aux anciennes couvertures chauffantes offertes par l'équipe Sauber F1 – et les amortisseurs sont assouplis.
D'autres runs suivront. Et le neuvième essai sera le bon: 0,956 seconde est affichée par le chronomètre officiel. La joie et la fierté des étudiants face à ce temps fabuleux sont immenses. Le record mondial officiel d'accélération, qui figurera bientôt dans le Guinness Book des records, appartient à nouveau à l'AMZ. Et il ne devrait plus être battu de sitôt.
