Jusqu'au 19 octobre a lieu en Arabie saoudite le Six Kings Slam, un tournoi exhibition d'un nouveau genre, en dehors du circuit ATP. Sans enjeu sportif, il accueille pourtant les joueurs les plus prestigieux. Mais comment cela est-il possible? Que se cache-t-il derrière ce rendez-vous d'un nouveau genre? Blick fait le point.
Qui sont les organisateurs?
Depuis quelques années maintenant, l'Arabie saoudite dépense des sommes colossales pour attirer des compétitions prestigieuses sur son sol. Après des sports comme le football, le golf ou la boxe, l'accent est désormais mis sur le tennis. En février, un partenariat stratégique pluriannuel a été conclu avec l'ATP.
Les Next Gen Finals, sorte de tournoi expérimental, auront ainsi lieu à Djidda à la fin du mois de décembre. Par ailleurs, le fonds souverain saoudien (PIF) s'est rapproché de l'ATP et de la WTA en tant que sponsor des deux classements mondiaux cette année. Un tournoi Masters 1000 devrait aussi bientôt voir le jour dans le pays. Tout est ainsi fait pour permettre à l'Arabie saoudite d'être bien en vue sur la planète tennis.
En ce moment, c'est donc le Six Kings Slam qui a lieu. Le tournoi est organisé par la General Entertainment Authority (GEA), garante de l'industrie du divertissement dans le pays. Et l'argent n'est pas un problème pour attirer les meilleurs joueurs du monde, puisqu'elle peut se servir dans le fonds PIF. Pour organiser le tournoi, un stade de 8000 places appelé The Venue a été spécialement construit à Riyad.
Des sommes colossales
Le six stars du tennis qui s'emparent de leur raquette à Riyad se font dorloter pour leur participation. Rien que pour s'être présenté, ils recevront un cachet d'environ 1,3 million de francs suisses. Celui qui remportera le tournoi recevra près de 5,2 millions de francs. À titre de comparaison, Carlos Alcaraz a touché environ 3,6 millions de francs pour son triomphe à Wimbledon en juillet.
Une telle dépense d'argent permet bien sûr d'attirer l'attention des joueurs sur un tournoi d'exhibition dans lequel il n'est question ni de titre officiel ni de points de classement mondial.
Qui sont les participants?
Les heureux participants ne sont autres que Novak Djokovic, Rafael Nadal, Carlos Alcaraz, Jannik Sinner, Holger Rune et Daniil Medvedev. Autrement dit, tout le gratin sera là alors que le tournoi n'a aucune importance sportive.
Ajoutons que le futur retraité Rafael Nadal est aussi ambassadeur de la fédération saoudienne de tennis. Mais cette participation soulève aussi des questions. Du moins dans le cas de Carlos Alcaraz, puisque l'Espagnol a récemment émis de fortes critiques sur le calendrier trop chargé: «Je fais partie des joueurs pour qui il y a trop de tournois obligatoires dans l'année», avait-t-il déclaré. «Et il y en aura probablement encore plus dans les années à venir. Cela va nous tuer.» Des critiques qui semblent s'effacer lorsque l'argent entre en jeu.
Une bande-annonce qui déchire
Pour faire connaître ce nouveau tournoi, une vidéo promotionnelle d'un peu plus de cinq minutes a été tournée. Au premier coup d'œil, on pourrait croire à la bande-annonce du dernier blockbuster hollywoodien. Avec l'argent touché, les six participants se sont pris au jeu sans problème.
Ainsi, on peut voir Alcaraz se transformer en cyborg, Sinner mimer un artiste de la Renaissance, Nadal se muer en combattant sur terre battue ou encore Djokovic dompter des loups. Le «New York Times» résume assez bien le sentiment après le visionnage: «Il y a beaucoup de bêtises au Six Kings Slam. Mais la bande-annonce? Elle est géniale.»
Un mode spécial
Six athlètes prendront donc part à la compétition, mais les matches ne se dérouleront pas en deux groupes de trois. Les organisateurs ont plutôt opté pour un mode spécial. Djokovic et Nadal bénéficient d'un laissez-passer pour commencer et n'entreront ainsi dans le vif du sujet qu'en demi-finales.
Les quatre autres participants devront disputer des quarts de finale. Si Nadal ou Djokovic triomphent, ils recevront la somme promise au vainqueur pour seulement deux matches joués. La raison pour laquelle les organisateurs ont décidé d'accorder cette faveur aux deux joueurs réside probablement dans le palmarès des deux légendes.
Des astuces pour contourner les règles
Si les règles de l'ATP interdisent aux joueurs du top 30 mondial de participer à des compétitions spectacles alors que des tournois 500 ou Masters se déroulent sur le circuit, ce n'est pas le cas pour la période choisie en octobre. Ce n'est donc pas un hasard si le tournoi a lieu ces jours-ci.
Par ailleurs, les organisateurs ont dû tenir compte d'une autre règle: les joueurs ne peuvent pas participer à des «événements non officiels» qui se déroulent sur «trois jours consécutifs ou plus» pendant la saison. Pour contourner le règlement, l'Arabie saoudite a eu recours à une autre astuce, puisqu'un jour de repos est prévu avant la finale et le match pour la troisième place. Ainsi, le Six Kings Slam ne se déroulera pas sur trois jours consécutifs et les règles de l'ATP ne sont pas enfreintes.