Dans l’ombre de Roger Federer, il y a longtemps eu Severin Lüthi. Entraîneur et ami de «RF», le coach de l’équipe de Suisse de Coupe Davis répond aux questions de Blick depuis l’Équateur. Interview.
Severin Lüthi, la nouvelle de la retraite de Federer est tombée. Avez-vous eu une seconde de répit depuis?
Je dois dire qu’il se passe déjà beaucoup de choses en ce moment! J’ai reçu d’innombrables messages. Les gens sont surpris. Nous étions sur le court avec l’équipe de Suisse et nous essayons de rester concentrés malgré tout.
Vous êtes dans le sillage de Federer depuis quinze ans. Vous vous connaissez tous les deux par cœur. Comment se sont passées les dernières semaines?
Nous nous sommes peu entraînés. Dans le sens où ce n’était pas comme d’habitude. Ces dernières semaines, la décision s’est dessinée.
Le mot soulagement est-il approprié? Soulagement que la décision soit tombée...
Soulagement que la décision soit prise, oui. Bien sûr, j’aurais aimé qu’il puisse continuer à jouer. Mais c’est bien que les gens soient au courant.
Lors de notre dernière rencontre avec lui, Federer semblait très serein par rapport à sa blessure. Était-ce un bon bluff ou était-il vraiment comme ça?
Cette rencontre remonte à un certain temps, si je me souviens bien?
Exactement, à la fin de l’été 2021. Après l’opération.
Il a toujours été très positif, il y croyait. Il a aussi toujours su que la vie lui offrait aussi beaucoup en dehors du terrain. Il n’a donc jamais été à terre. Bien sûr, un peu de bluff fait parfois partie du jeu quand on ne va pas très bien. C’est ce que Roger a appris sur le terrain en tant que joueur.
Nous avons déjà recueilli de nombreuses réactions. Vous êtes actuellement en Equateur avec Swiss Tennis. Quelles ont été les réactions au sein de l’équipe suisse?
Les gars de l’équipe suisse sont tristes que ce soit fini. C’est compréhensible. Mais je leur ai dit qu’il était important que nous célébrions sa carrière et que nous ne nous contentions pas de regretter qu’elle soit terminée. Roger a en effet annoncé qu’il resterait dans le tennis. C’est donc aussi un jour où nous pouvons nous réjouir.
Quelle était la nervosité du staff de Roger Federer à l’idée que la nouvelle puisse être divulguée trop tôt?
C’est toujours un peu délicat. J’ai appris au fil des années à ne pas trop en dire. Il est important pour Roger de savoir qu’il peut nous faire confiance, à nous, son équipe rapprochée. Parfois, il faut recourir à un mensonge pour éviter les fuites. C’est comme ça. C’est ainsi que nous nous protégeons.
Nous ne savons rien de l’état de forme de Roger. Que verrons-nous de lui à la Laver Cup?
Rien n’est encore définitif. Je me suis entraîné avec lui la semaine dernière, nous serons de nouveau sur le court la semaine prochaine. L’objectif est qu’il puisse jouer. Que ce soit en simple ou en double, ce n’est pas encore clair.
Serez-vous nostalgique lorsque cette grande aventure Federer sera terminée?
Il y a des moments où je dois moi-même faire attention à ne pas devenir trop émotif. Nous avons vécu des moments incroyables, tellement de choses ensemble, sur et en dehors du court. En même temps, je sais que nous resterons amis et je m’en réjouis.
Comment les choses vont-elles évoluer pour vous?
Pour moi, les derniers mois ont été difficiles. J’ai eu deux ou trois demandes d’autres joueurs qui voulaient travailler avec moi. Mais je me suis rendu compte que je n’étais pas capable de prendre une décision. Je dois d’abord terminer ce livre-ci. Ensuite, les choses avanceront aussi pour moi. J’ai déjà quelques mandats et quelques idées.