A 64 ans, Heinz Günthardt a déjà vécu beaucoup de choses: vainqueur de Wimbledon en double, entraîneur de la légende Steffi Graf pendant de nombreuses années, capitaine de Fed Cup. Mais lorsqu'il s'apprêtait à s'envoler pour Séville, même ce vétéran a été saisi par l'émotion: «J'ai essuyé quelques larmes en voyant les images de l'année dernière», admet le Zurichois.
A Glasgow, ses joueuses avaient offert à la Suisse son premier titre mondial par équipes chez les dames. Les quatre joueuses présentes en Glasgow - auxquelles s'ajoute la «rookie» Céline Naef - sont prêtes à écrire une nouvelle page d'histoire. «L'objectif est bien sûr de défendre ce titre», clame Hainz Günthardt.
Belinda Bencic jouera-t-elle ?
S'il a convoqué cinq joueuses cette fois-ci, c'est en premier lieu en raison de l'incertitude autour de Belinda Bencic. La championne olympique de simple a apporté la semaine dernière une touche de bonheur supplémentaire en annonçant qu'elle attendait un heureux événement pour le printemps prochain. Tant Heinz Günthardt que Belinda Bencic ont laissé ouverte la question de savoir si elle jouerait en Espagne.
«On verra mardi lors des nominations», a lâché avec le sourire aux lèvres la Saint-Galloise, qui avait remporté ses cinq matches dans le cadre du tournoi final l'an dernier (quatre en simple et un double). L'absence de la 14e joueuse mondiale constituerait un gros coup dur, même si elle n'a plus joué depuis mi-septembre en raison d'une intoxication alimentaire. Et même si elle n'affiche pas le même état de forme qu'en début d'année.
Les Suissesses seront donc encore plus clairement les outsiders de leur premier match, forcément déjà décisif avec des poules comprenant trois équipes, mardi dès 16h contre la République tchèque. Seuls les vainqueurs de groupe atteindront les demi-finales et les Tchèques, même sans la finaliste du dernier Roland-Garros Karolina Muchova (blessée), peuvent compter sur deux joueuses du top 10: la gagnante de Wimbledon 2023 Marketa Vondrousova et la lauréate du French Open 2021 Barbora Krejcikova.
L'esprit d'équipe pour les 2-3% décisifs
Cela ne change cependant rien aux ambitions de Heinz Günthardt et de son équipe. «Dans le tennis féminin, tout se joue sur des détails, 2 à 3% font la différence», explique le capitaine. «Et grâce à notre esprit d'équipe, nous avons souvent été capables d'atteindre ces 2 ou 3%». Après le sacre de 2022, la pression est en outre moindre: «Nous avons déjà franchi l'obstacle une fois, nous savons que nous en sommes capables.»
Le retour au premier plan de Viktorija Golubic (WTA 83) est également porteur d'espoir. La Zurichoise de 31 ans a remporté ses deux derniers tournois - un Challenger à Rouen et un ITF à Shrewsbury - et est invaincue depuis dix matches. Après un premier semestre difficile, elle a eu besoin d'un peu de temps pour «récupérer physiquement et mentalement».
Viktorija Golubic aborde ce tournoi final en pleine confiance, et l'esprit serein puisqu'elle est assurée de figurer dans le tableau final de l'Open d'Australie 2024. Le souvenir de l'année dernière lui donne également une motivation supplémentaire: «J'ai pensé toute l'année à cette victoire. C'est assez spécial de voir les émotions fortes qui remontent, même maintenant», souligne-t-elle.
C'est bien ce fameux esprit d'équipe qui donne aux Suissesses l'espoir d'un nouvel exploit, même si elles se retrouvent dans un «groupe de la mort» comprenant aussi les Etats-Unis qu'elles rencontreront jeudi. «Nos adversaires ne sont pas non plus ravies d'être dans notre groupe», assure Jil Teichmann, qui espère que ce tournoi final lui permettra de conclure en beauté un exercice 2023 bien compliqué pour elle.