«Je préfèrerais mourir»
Une ancienne star du tennis combat sur le front ukrainien

L'ancien joueur de tennis professionnel Alexandr Dolgopolov est engagé depuis presque trois ans dans l'armée ukrainienne. L'homme de 36 ans a raconté comment il s'est retrouvé au combat et comment il a failli y perdre la vie.
Publié: 19.02.2025 à 11:27 heures
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Alexandr Dolgopolov sert l'armée ukrainienne en tant que pilote de drone depuis près de trois ans.
Photo: Instagram/alexdolgopolov
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Cédric Heeb

Lundi prochain, cela fera trois ans que la Russie a lancé son attaque contre l’Ukraine. L’ex-tennisman professionnel ukrainien Alexandr Dolgopolov se bat au front dans cette guerre qui s’enlise. Dans une interview accordée au magazine «Der Spiegel», il évoque en détail sa nouvelle vie: «L’espoir? Il m’en reste peu», rapporte-t-il.

Lorsque l’attaque contre son pays a débuté, l’ancien numéro 13 mondial n’a pas dû réfléchir longtemps avant de vouloir faire son service militaire: «Ma conscience m’a poussé et m’a dit: 'tu dois le faire maintenant'.» Il n’avait toutefois jamais touché une arme de sa vie.

«Ma famille s’est beaucoup inquiétée et a essayé de me dissuader de franchir ce pas. Mais quand j’ai quelque chose en tête, il est difficile de m’en dissuader», raconte celui qui est auréolé de trois titres en tournoi ATP. Nerveux, rempli de doutes, il affirme ne pas avoir envisagé de retour en arrière.

Il survit à une attaque

En presque trois ans sur le front, Alexandr Dolgopolov est devenu pilote de drones. Il a vécu de nombreux drames. Des camarades qui perdent des parties de leur corps lors de bombardements. Il a aussi vu des gens mourir sur les enregistrements vidéo de ses appareils. Il a lui-même failli perdre la vie lors d’une attaque. «Nous avions une peur bleue», se souvient-il.

A la fin de l’été 2023, ses camarades et lui étaient en train de filmer avec des drones lorsque les forces russes leur ont tiré dessus avec des obus de mortier. «Nous avons sauté dans une tranchée, mais les impacts se rapprochaient de plus en plus et nous ont violemment secoués.» Après 20 impacts, l’attaque s’est heureusement terminée.

«Nous avons eu une peur bleue», se souvient l'homme de 36 ans en évoquant un bombardement de l'armée russe.
Photo: AP

Mais l’ancien joueur n’est pas resté totalement indemne. Il a subi une commotion cérébrale. Des maux de tête et des douleurs aux oreilles l’ont conduit à passer une semaine à l’hôpital. Mais l’Ukrainien, qui a pris sa retraite en 2021, a appris à vivre avec ce destin: «Je savais avant de m’engager que je pourrais être blessé ou même mourir sur le terrain.» Et il ajoute: «Honnêtement, j’ai davantage peur d’être blessé et de devoir mener une vie d’invalide. Si je pouvais choisir, je préfèrerais mourir.» Sa succession est déjà réglée.

«Je veux juste survivre»

Selon lui, le tennis l’a préparé à la guerre: «Il faut pouvoir réagir rapidement, se concentrer et s’adapter en permanence à de nouvelles situations.» Mais il est désormais un autre homme. Il est plus sérieux, plus agressif et a perdu son insouciance: «Je ne sais pas si elle reviendra un jour», confie-t-il.

Pour le moment, Alexandr Dolgopolov vit au jour le jour: «Je veux juste survivre. Je ne souhaite rien d’autre que la paix», conclut l’ancien tennisman.

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