Martina Hingis, vous étiez, à 16 ans, la plus jeune gagnante de l’histoire à l'Open d’Australie. Ces jours, ce tournoi fait beaucoup parler de lui à cause de Novak Djokovic. Que pensez-vous de cette affaire?
Je pars du principe que Novak a pris l’avion avec la ferme conviction qu’il pouvait jouer. Ce qui se passe maintenant est tout simplement dommage pour le tennis. Dans cette histoire, c’est finalement le sport qui est perdant. Concernant Novak, je suis désolée pour son image qui est déjà bien écornée. Mais là, elle va encore en pâtir davantage.
Vous le comprenez?
Il a sa propre vision du monde et manifestement la vaccination n’y a pas sa place. Je ne le comprends pas. Je le connais assez bien et je sais que c'est fondamentalement un type sympathique et accessible. C’est un excentrique, mais il est actuellement le meilleur joueur du monde.
Les superstars prennent parfois des décisions très particulières.
Oui. Mais c’est peut-être aussi pour cela qu’elles sont où elles sont. En règle générale, Novak Djokovic est un bon ambassadeur pour le tennis.
Pourra-t-il jouer ce tournoi?
Je ne sais pas. Nous verrons bien. Mais je sais que les autorités australiennes ne plaisantent pas lorsqu’il s’agit d’entrer dans le pays. Je l’ai déjà appris à mes dépens.
Dans quel sens?
J’ai déjà été retenue à la douane de l’aéroport de Melbourne pour une pomme et une tablette de chocolat dans mon bagage à main. Je n’ai pas été embêtée bien longtemps, mais on m’a demandé de laisser la nourriture sur place.
Ce jeudi, un documentaire de 90 minutes vous est consacré sur la SRF. Que pourra-t-on y voir?
C’est l’histoire de ma vie et de ma carrière. Une grande partie est aussi constituée d’archives. Les réalisateurs ont également parlé avec différents compagnons de route. Y compris avec Roger Federer. Le projet a été lancé en février dernier. Il y a également eu trois jours de tournage chez moi. Mais je n’ai pas encore tout vu moi-même et j’ai décidé de me laisser surprendre. Je suis aussi très impatiente de voir quelle sera la réaction du public.
Vous étiez un enfant prodige, préparé dès votre plus jeune âge au succès par votre mère Mélanie. A l’époque, cela a aussi suscité des réactions en Suisse.
Bien sûr. Ce sera un thème de discussion dans le reportage. C’est d’ailleurs le point central de mon histoire. Ce chemin choisi a été couronné de succès. Et j’ai encore aujourd’hui une relation chaleureuse et intime avec ma mère.
Où regardez-vous le film?
En toute décontraction, à la maison avec ma famille.
Fin 2020, vous avez été écartée de l’élection de la meilleure sportive des 70 dernières années en raison de votre courte suspension pour dopage. Il y a eu quelques frictions avec la télévision, qui organisait l’événement. Cela a donc été résolu?
À l’époque, ce sont d’autres personnes qui ont pris cette décision. C’est la raison pour laquelle j’ai donné mon accord pour ce projet de documentaire. Mais, je n’ai toujours pas compris le choix qui avait été fait.
Ce film est-il une forme de reconnaissance tardive pour vous?
On peut le voir ainsi.
Comment avez-vous passé les fêtes de fin d’année?
Nous voulions aller à la Coupe Spengler, comme chaque année. Comme il n’y avait pas de match, nous avons beaucoup skié. Une première pour notre fille Lia. C’était merveilleux.