Ben Shelton à Genève
«Roger Federer est une icône»

Le Gonet Geneva Open et son cadre idyllique sont au programme de Ben Shelton, qui a le potentiel pour devenir la prochaine star du tennis mondial. L’Américain de 21 ans est le protégé de Roger Federer et il sera l’une des grandes attractions du tournoi genevois.
Publié: 20.05.2024 à 08:39 heures
Ben Shelton est proche de Roger Federer.
Photo: DR
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Il est l’élu, l’homme qui doit ramener le prochain trophée du Grand Chelem aux Etats-Unis. Voilà plus de vingt ans, une éternité, qu’un joueur américain (Andy Roddick à l’US Open 2003) n’a pas remporté l’un des quatre tournois majeurs du monde du tennis. «Ben Shelton va en gagner un, c’est sûr. La prochaine star du circuit, c’est lui», l’a adoubé la légende australienne Rod Laver, l’un des plus grands joueurs de tous les temps.

Ben Shelton a d'ailleurs une particularité étonnante: il a intégré le très sélectif top 100 des meilleurs joueurs du monde… sans jamais sortir des frontières de son pays. Certes, il est plus simple pour un Américain que pour un Liechtensteinois d’y arriver, mais le fait est tout de même à relever. Né à Atlanta, en Géorgie, il a appris le tennis à l’Université de Floride. Fils de Bryan Shelton, un honnête joueur américain (55e mondial à son apogée tennistique), Ben est sorti pour la première fois de son pays en 2023 et a choisi l’Australie comme première étape. Quelques semaines plus tard, il découvrait Genève. Depuis, il a bien voyagé et notamment gagné le tournoi de Tokyo en 2023.

En plus d’être un joueur de tennis prometteur, l’Américain de 21 ans est surtout un vrai showman qui n’aime rien tant que faire lever le public grâce à un coup de raquette génial. Il met de l’énergie dans tout ce qu’il fait et ce sont les spectateurs du Gonet Geneva Open qui pourront l’acclamer cette semaine (tête de série numéro 4, il est exempté du premier tour) pour sa deuxième participation au tournoi des Eaux-Vives.

L’an dernier, Ben Shelton n’a pas eu le temps de montrer toutes les facettes de sa personnalité électrique au public genevois puisqu’il s’est fait sortir le dimanche déjà par l’expérimenté Italien Marco Cecchinato, de dix ans son aîné. Une bonne leçon pour celui qui apprend à vitesse grand V et doit encore bien apprivoiser la terre battue. Comme de nombreux Américains dans l’histoire du tennis, le Géorgien est plus à l’aise (pour l’instant?) sur surface rapide, lui dont le service est dévastateur. La lenteur de la terre battue relativise un peu cet avantage qu’il possède sur les autres et il doit encore apprendre à varier son jeu et à trouver d’autres armes pour déstabiliser ses adversaires. A quelques jours de débarquer en Suisse romande, l’Américain a confié à L’illustré et à Blick sa joie de retrouver Genève.

A quel point vous réjouissez-vous de revenir aux Eaux-Vives?
Oh, sincèrement, beaucoup! Je suis vraiment excité, Genève est une ville magnifique et le tournoi est super. Rien que la vue, déjà… Si je m’en souviens depuis l’année passée, c’est qu’elle m’a marqué! (rires)

Avez-vous vraiment le temps de visiter la ville entre deux matches?
Oui, j’espère pouvoir. Cela dépend bien sûr du calendrier des parties, mais aller me promener au bord du lac sera possible. J’espère pouvoir faire un peu de shopping et visiter le siège de Rolex aussi, cela fait partie de mes objectifs. Mais la priorité est le tennis!

Justement, l’année dernière, vous avez été éliminé prématurément, sans avoir pu vraiment montrer au public suisse qui vous étiez…
Oui, j’espère rester en course le plus longtemps possible cette année, vous avez raison! Il y a de la concurrence, de super joueurs face à moi, mais la vérité c’est que, pour l’instant, je n’ai pas eu de grand résultat à Genève.

Sans vouloir vous rajouter de pression, tellement elle est déjà énorme autour de vous, vous pensez-vous capable de gagner sur la terre battue genevoise?
Oh, ne vous inquiétez pas pour la pression! (rires) Sincèrement, je ne peux pas vous dire que je vais gagner le tournoi. Allez, déjà rester plus longtemps que l’année passée, je prends. Ce tournoi à Genève est important aussi en vue de Roland-Garros, il va me permettre de monter en puissance.

La pression, justement, est partout autour de vous. Rod Laver a dit publiquement que vous alliez gagner à coup sûr un tournoi du Grand Chelem et que la seule question était de savoir quand… Comment gérez-vous cette attente?
De manière très cool, en réalité! Je suis si jeune, vous savez… Je ne me fixe pas forcément d’objectif à long terme, je pense que ce serait contre-productif. Ma philosophie, c’est d’essayer de progresser chaque jour, d’utiliser chaque occasion pour être meilleur. Je pense qu’il faut avancer pas à pas.

Ben Shelton va fouler la terre battue genevoise.
Photo: DUKAS

Tout de même, l’agitation autour de vous est énorme, surtout aux Etats-Unis, mais également en dehors maintenant…
Oui, mais la vérité, c’est que j’ai encore beaucoup à apprendre. Est-ce que je vais gagner un Grand Chelem? Plusieurs? Le temps apportera sa réponse. Moi, je ne me dis pas: «Tu dois le faire.» Je me concentre sur mon travail sur le terrain, je dois encore développer ma technique, devenir plus fort.

Vous avez un style de jeu électrique, mais, en même temps, vous semblez très humble. Cet état d’esprit vous est-il inspiré par Roger Federer, que l’on définit volontiers comme un grand champion avec une certaine élégance sur le court et en dehors?
Oh, Roger est une icône, c’est sûr et certain, mais c’est vrai qu’il a conservé cette humilité qui est la marque des très grands. Si, à la fin de ma carrière, on me dit que j’ai été un grand champion et une belle personne, j’aurai réussi quelque chose! (rires) J’ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois et… je ne sais pas comment le dire: d’un côté, c’était un grand honneur pour moi et, de l’autre, c’était vraiment très cool. Il sait mettre son interlocuteur à l’aise.

Comme pour lui, le style joue un grand rôle dans votre vie. Pourquoi y attacher autant d’importance?
C’est vrai que j’ai besoin de bien m’habiller pour me sentir bien. J’aime le style, j’aime les fringues. C’est important pour moi.

Vous avez un lien étroit avec Roger Federer, puisque vous êtes équipé par On, sa marque de vêtements et de chaussures…
Oui, ils font un super boulot. J’aime mes tenues, elles sont confortables et le style est cool.

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