Sur son casque, un gros point d’interrogation. Non pas que Romain Détraz se pose des questions, mais le spécialiste vaudois de skicross est en quête d’un sponsor principal depuis le début de l’hiver. Une anomalie pour un athlète qui fait partie de la crème mondiale de son sport, des plus spectaculaires et attrayants qui plus est, et qui s’apprête à disputer ses premiers Jeux olympiques dans quelques jours en Chine.
«Il y a eu des changements au sein de la structure marketing de mon ancien sponsor. Le nouveau directeur n’a pas souhaité me renouveler», révèle le résident de Forel qui n’a pas été épargné par les soucis de santé ces deux dernières saisons avec, entre autres, une commotion cérébrale et une déchirure d’un ligament croisé du genou gauche. «Avec mes blessures, je n’ai pas eu de résultats pendant une année et demie. Ce qui a naturellement pesé dans la balance.»
Un budget saison entre 30'000 et 40'000 francs suisses
Et dans une discipline comme le skicross, qui n’est pas aussi médiatisé que le ski alpin, il n’est guère évident d’attirer les partenaires. «Quand les alpins envoient une demande à un sponsor potentiel, ils sont plus facilement pris en considération. J’en ai réalisées plusieurs, mais elles ont toutes été négatives ou sont restées sans réponse.» Car pour dénicher un annonceur, Romain Détraz doit en plus se débrouiller seul. «Je n’ai personne pour m’aider. Et mon temps, je dois le mettre au profit autrement pour déjà être performant sur mes skis», poursuit-il en songeant à prendre un agent.
Entre les déplacements à travers la planète, les entraînements, la nourriture et les divers frais, le budget pour une saison parmi l’élite mondiale de skicross s’élève entre 30'000 et 40'000 francs suisses. «Heureusement que je bénéficie de l’aide sportive suisse sans laquelle je ne pourrais pas continuer. Ensuite, j’ai des petits sponsors qui ne m’offrent pas des avantages pécuniaires, mais matériels.» L’ensemble des différents frais sortent de la poche de celui qui dénombre trois podiums en Coupe du monde.
Une qualification olympique salutaire
Aujourd’hui, Romain Détraz se veut résolument optimiste pour son avenir après les galères des derniers mois. «J’ai prouvé cet hiver que je suis de retour au plus haut niveau.» Le Vaudois est actuellement 17e du classement général et a atteint à trois reprises au moins les demi-finales. «Mes résultats et ma qualification olympique devraient m’aider à trouver un nouveau sponsor à l’issue de la saison.»
En attendant, c’est avec un casque dénué de toute référence - car le règlement n’autorise de toute façon pas de skier aux Jeux avec un sponsor - que le skieur de Villars-Gryon part à la conquête de métal à Pékin. «Nous sommes 32 athlètes au départ et tous peuvent prétendre aux médailles. Franchement, je ne me mets pas de pression car ma saison, pour un retour à la compétition, est d’ores et déjà réussie avec ma qualification olympique. Je veux profiter à fond et le reste sera du bonus.»
Un bonus en or, en argent ou en bronze, lui permettrait très certainement de faire briller son casque autrement qu’avec un point d’interrogation.