Lucas Braathen n'est pas le premier
«On m'a traité de traître à la patrie»

Ce que Blick était dans l'air depuis un bon moment a été officalisé jeudi: Lucas Braathen sort de sa retraite et prendra part l'hiver prochain à des courses de ski pour le Brésil, le pays d'origine de sa mère. Mais le Norvégien n'est pas le premier à changer de nation.
Publié: 08.03.2024 à 08:44 heures
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Lucas Braathen quitte la Norvège pour s'envoler vers les sommets alpins avec le Brésil.
Photo: AFP
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Marcel W. Perren

Le quintuple vainqueur du classement général de la Coupe du monde, Marc Girardelli, peut particulièrement bien imaginer ce qui attend Lucas Braathen après son changement de fédération. Originaire du Vorarlberg, il a échangé sa licence autrichienne contre une luxembourgeoise en 1976, alors qu'il n'avait que douze ans.

«À l'époque, les intrigues qui se tramaient contre mon père et moi au sein de la fédération du Vorarlberg ont été déterminantes pour ce changement. À un moment donné, mes parents en ont eu assez», se souvient le sexagénaire, qui a remporté 46 victoires en Coupe du monde (3 en descente, 9 en super-G, 7 en géant, 16 en slalom et 11 en combiné). Mais à part la licence, Marc Girardelli n'a pas reçu grand-chose de la part des Luxembourgeois. «Pendant les quatre premières années, mes parents ont pratiquement tout financé. Mais comme j'avais déjà de bons résultats en Coupe du monde à 16 ans, j'ai réussi à attirer très tôt quelques sponsors de haut niveau.»

Le plus grand fan club: deux femmes

Lors des courses de Coupe du monde dans son ancienne patrie, le grand adversaire de Pirmin Zurbriggen a dû supporter beaucoup de haine. «Lorsque j'assistais à une course en Autriche, les spectateurs au bord du parcours me traitaient régulièrement de traître à la patrie. Aujourd'hui encore, je n'arrive pas à comprendre cela, car je n'ai jamais couru pour un pays, mais en premier lieu pour moi.»

Les succès de Marc Girardelli n'ont pas non plus déclenché une euphorie dans son pays d'adoption: «J'ai certes été élu à quelques reprises sportif luxembourgeois de l'année, et j'ai en outre été admis dans le cercle d'amis du grand-duc Henri. Mais ce n'était pas comme si de nombreux Luxembourgeois s'étaient soudain déplacés pour assister aux courses de ski. Une fois, lors d'une retransmission de ski, on a vu une banderole sur laquelle on pouvait lire 'Le plus grand fan club de Girardelli'. Ce fan-club était composé de deux femmes. L'une d'elles était ma coiffeuse…»

Le chemin semé d'embûches de Ginnis

Après le changement de nation, le vice-champion du monde de slalom en titre AJ Ginnis a dû se salir les mains. Né à Athènes, le skieur a disputé ses premières courses de Coupe du monde pour les États-Unis, le pays d'origine de sa mère. En tant qu'Américain, il a également remporté la médaille de bronze aux championnats du monde juniors en 2015. Mais après deux ruptures des ligaments croisés, AJ Ginnis a été écarté par les décideurs de l'équipe de ski américaine.

Il a alors cherché à discuter avec la fédération grecque. La première réunion a été décevante. «Le président m'a fait comprendre que jusqu'à nouvel ordre, la fédération ne dépenserait pas d'argent pour un slalomeur comme moi.» AJ Ginnis a ensuite trouvé quelques bailleurs de fonds de son propre chef, ce qui lui a permis d'embaucher deux encadrants.

L'exemple suivant prouve à quel point le budget était réduit au sein de l'équipe Ginnis: «Pour économiser les frais d'hôtel et de vol, il est déjà arrivé que mes entraîneurs parcourent en voiture les 2700 kilomètres qui séparent l'Autriche du parcours d'entraînement à Kåbdalis, en Suède, sans faire de longue halte. Il leur fallait 40 heures pour cela.»

Les Norvégiens libèrent les points FIS

Depuis qu'il a remporté la médaille d'argent aux championnats du monde, AJ Ginnis reçoit 70 000 euros de la fédération grecque. «Mais avec cet argent, nous ne pouvons couvrir que 25% des frais de l'équipe», révèle-t-il. On ignore combien d'argent Lucas Braathen reçoit de la fédération brésilienne. Mais comme il a pu gagner un gigantesque sponsor pour son équipe, Red Bull, cela ne joue pas un grand rôle.

Ce qui est bien plus important pour Lucas Braathen, c'est que la Norvège a donné son accord pour le changement de fédération. Il pourra ainsi faire son retour en Coupe du monde l'hiver prochain avec un numéro de dossard avantageux – les Scandinaves ayant accepté de libérer ses points FIS.

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