Loïc Meillard (27 ans) en tant que photographe pour la Schweizer Illustrierte? «Nous devons d'abord parler du salaire», répond-il en riant. Depuis des années, la photographie est l'un de ses hobbies préférés. Le Neuchâtelois peut s'y détendre et se ressourcer. C'est un changement bienvenu par rapport au quotidien difficile du ski. Il y a un an, le Romand a remporté l'argent en slalom géant aux Championnats du monde. Cette saison, il lui manque toujours une place sur le podium. Comment expliquer cette période de disette? «Les centièmes n'ont pas toujours été de mon côté», regrette Meillard. «Il y a des choses que j'ai gâchées et d'autres où j'ai été impuissant».
C'est ce qui s'est passé lors de la course à Adelboden, lorsque la fixation du technicien a sauté lors de la première manche et qu'il a perdu son ski. La même chose s'est produite à Sölden. Immédiatement, des critiques s'élèvent contre le nouveau système de fixation de son équipementier Look-Rossignol, mis à sa disposition en exclusivité. Meillard ne peut que secouer la tête. «Tout le monde sait mieux que moi - c'est énervant». Il ne se laisse pas influencer par cela. A part quelques petits changements, tout reste comme avant - même l'engagement. «Je suis convaincu de ma voie».
Malgré tout, des moments aussi difficiles ne passent pas inaperçus. «Parfois, j'ai du mal à m'endormir». De nombreuses pensées se bousculent dans sa tête. «Heureusement, les jours de course sont tellement exigeants que je finis par m'endormir à cause de la fatigue». Dans de telles phases, Loïc Meillard est aidé par ses proches. «Il y a des gens qui sont toujours derrière moi. C'est un sentiment extraordinaire». Entre autres, son amie Zoé Chastan (31 ans). Elle est la responsable des médias de l'équipe masculine chez Swiss-Ski.
Une prime record à la clé
Meillard a réussi à faire un premier pas en avant à Wengen. En terminant cinquième du slalom, il réalise son meilleur résultat de la saison. Une délivrance qui se lit sur son visage lors de l'entretien. Il semble plus détendu, rit, parle avec enthousiasme de son entraînement à Hinterreit (Autriche) et du slalom à venir à Kitzbühel.
Sur l'une des pentes les plus difficiles, une prime record de 100'000 euros attend le vainqueur. Qu'en ferait Loïc Meillard? Il respire profondément, puis répond en riant: «Laisse-moi d'abord skier vite, et ensuite nous pourrons en parler». Ce qui est déjà clair: Meillard portera des sous-vêtements résistants aux coupures! Cela n'a rien à voir avec la chute d'Aleksander Aamodt Kilde (31 ans) à Wengen. Le Norvégien a renoncé à les porter et s'est infligé une vilaine coupure.
La chute lui ouvre les yeux
Loïc Meillard fait une expérience similaire à celle de Kilde il y a quelques années: il a chuté en skiant librement au Japon. La carre du ski lui a entaillé le mollet et détruit quelques muscles. «Je suis resté plus de deux heures en salle d'opération». Les carres des skieurs professionnels sont si tranchantes qu'elles peuvent entraîner des blessures mortelles. «Cette terrible expérience m'a ouvert les yeux». Depuis, il porte des sous-vêtements résistants aux coupures dans chaque discipline. Son exemple a été suivi par de nombreuses personnes. «Ils sont élastiques, très confortables, comme des leggings». Heureusement, Meillard n'a pas eu besoin jusqu'à présent de la protection de ses sous-vêtements.
Une chute peut signifier la fin de la carrière de tout skieur, malgré toutes les mesures de sécurité prises. Que se passerait-il alors? Est-ce qu'il y réfléchit? S'ensuit la réponse la plus courte de toute la conversation: «Non». Silence. Puis Meillard ne peut s'empêcher de rire. «Ce qui se passera dans le futur ne m'intéresse pas. Je me concentre sur le ski», dit-il. Cela devrait rester ainsi encore quelques années. Et puis, qui sait, l'entretien d'embauche avec la Schweizer Illustrierte pourrait effectivement avoir lieu...