Un reporter légendaire de la télévision autrichienne ne peut s'empêcher d'exprimer une bonne dose de jubilation à l'égard des journalistes suisses: «Votre Odermatt ne gagnera pas non plus aujourd'hui, car le traceur allemand a placé les écarts entre les portes aussi étroitement que lors des derniers championnats du monde à Cortina. Et là, Marco a été éliminé très tôt.»
Ce que l'homme de ORF ne sait pas, c'est que «Odi» s'est entraîné l'été dernier avec son compagnon de chambre Justin Murisier presque exclusivement sur des géants étroits et très tournants. Il a ainsi éliminé ce qui pourrait être sa dernière faiblesse.
Le conseil de Justin Murisier vaut de l'or
Mais il n'a pas pu passer la première manche sans se faire surprendre. Peu après le premier temps intermédiaire, il a commis une erreur qui lui a fait perdre du temps et n'a pu éviter l'élimination que grâce à sa grande habileté. Cela a néanmoins suffi pour prendre la tête à la mi-course.
Sur le fauteuil de leader, il ne fait toutefois que de penser aux réglages de son matériel. «J'étais tiraillé par la question de savoir si je devais changer mes réglages pour la deuxième manche. Heureusement, mon pote Justin Murisier m'a ensuite soufflé la bonne décision.» Qu'a donc conseillé le Valaisan à son compagnon de chambre? «Il a enlevé ses skis à l'arrivée après son élimination et est venu me voir. Il m'a clairement dit que je devais changer de skis et de fixations. C'est ce que j'ai fait et c'est pourquoi une partie de cette médaille d'or appartient à Justin!»
Marco Odermatt dans les traces de Carlo Janka
Au final, le Nidwaldien a sauvé quinze centièmes qui lui ont permis – dans des conditions très difficiles – de devancer le Slovène Zan Kranjec. Le skieur de 24 ans est ainsi le premier Suisse à remporter le titre olympique en géant depuis Carlo Janka en 2010.
Il y a douze ans, à Vancouver, «Iceman» avait lui aussi, tout comme Odermatt maintenant leader de la Coupe du monde, décroché sa première médaille en géant après des déceptions dans les disciplines de vitesse. «A l'époque, j'ai gagné le géant en adoptant une attitude 'Allez vous faire foutre'», a révélé Carlo Janka à Blick, avant la course. «J'ai dû ressentir la même chose que Carlo à l'époque», confirme Marco Odermatt.
«Je savais que je devais tout risquer pour cette médaille olympique et je me suis dit: si ça marche, c'est super, sinon, tu as encore quelques autres objectifs.» Mais maintenant que tout a si merveilleusement bien fonctionné, Marco Odermatt – qui a toujours minimisé l'importance des Jeux olympiques avant la compétition – l'admet: «Le soulagement après cette victoire est au moins aussi grand qu'après mon triomphe à Adelboden. Mais sur le plan purement émotionnel, le succès au Chuenisbärgli était un peu plus beau.»