Jeudi après-midi, Alexis Monney (24 ans) et Franjo von Allmen (23 ans) affichaient des visages crispés. Leur problème? Lors du premier entraînement sur la redoutable «Pista Stelvio», les deux jeunes skieurs suisses ont effectué des sauts trop longs au niveau du «Salto di San Pietro», atterrissant à près de 50 mètres. Résultat: des contusions aux pieds pour les deux athlètes. Si le Bernois se sent bien mieux le matin de la course, le Fribourgeois, lui, doit encore recevoir des soins médicaux.
«J’ai pris un bon cocktail de comprimés au petit-déjeuner», confie le champion du monde junior 2020. Mais avant même cette préparation médicale, une nouvelle réconfortante lui parvient: sa sœur Marie, plus âgée de trois ans, a donné naissance à un petit garçon prénommé Levi. Cerise sur le gâteau, Alexis sera le parrain de ce nouveau-né. Remonté à bloc et les douleurs atténuées, le Fribourgeois se présente au départ avec un sourire retrouvé.
Une victoire inattendue pour Monney, von Allmen deuxième
Au moment où Alexis Monney s’élance avec le dossard 19, Franjo von Allmen, charpentier de formation et originaire de Boltigen, occupe la première place provisoire. Alors que tous les grands favoris ont déjà franchi la ligne, le Bernois peut rêver de décrocher sa toute première victoire en Coupe du monde. Mais le Fribourgeois, surnommé par certains le «nouveau Beat Feuz», réalise une descente exceptionnelle sur cette piste jugée comme étant «la plus difficile de l’année» par Marco Odermatt.
À l’arrivée, Alexis Monney devance Franjo von Allmen de 24 centièmes. Ce dernier, loin d’être déçu, se précipite pour congratuler son coéquipier. «Je félicite Alexis de tout mon cœur pour cette victoire. Et vu comment ma semaine avait commencé à Bormio, je suis super heureux de cette deuxième place», déclare-t-il, rayonnant de joie après avoir déjà terminé deuxième à Val Gardena une semaine plus tôt. Quant au vainqueur, il avoue qu'il ne pensait «pas avoir pris suffisamment de risques! Voir ce résultat est un bonheur immense».
Un héritage familial et des influences inspirantes
Dans les gradins, le sourire le plus large est sans doute celui de Louis Monney, le père d’Alexis. «C’est incroyable. Le jour où ma fille fait de moi un grand-père, mon fils remporte sa première victoire en Coupe du monde. C’est comme dans un rêve!» Louis, entraîneur à Swiss-Ski jusqu’en 2000, a notamment travaillé avec les légendaires Didier Cuche et Didier Défago. S’il a quitté son poste pour diriger une filiale et passer plus de temps avec ses enfants, il a transmis à Alexis une passion indélébile pour le ski.
Stéphane Grichting a également joué un rôle clé dans la réussite du Fribourgeois. En effet, l'ancien défenseur de la Nati est son préparateur physique depuis sept ans. «Alexis est un perfectionniste absolu. Il possède un potentiel extraordinaire. Son explosivité et ses progrès en stabilité et en force sont remarquables», explique-t-il. Leurs entraînements estivaux ont lieu à Sion, dans des conditions adaptées aux exigences de la Coupe du monde.
L'ancien footballeur de l'AJ Auxerre dispose d’un générateur d’altitude qui diffuse, via un masque, un mélange de gaz contenant une concentration réduite en oxygène, simulant ainsi l’air que l’on respire en altitude. Cela explique très probablement pourquoi Monney a su se montrer si rapide dans les conditions d’air raréfié de Bormio, où le départ est situé à 2250 mètres d’altitude. Une victoire mémorable qui marque peut-être le début d’une carrière prometteuse pour ce jeune fribourgeois.