Un des pires drames de l'histoire du football. Face à la colère du public, les premières sanctions sont tombées contre les policiers jugés responsables de la bousculade meurtrière dans le stade de Malang (est de Java), quand la police a commencé à envoyer de grandes quantités de gaz lacrymogènes pour maîtriser la foule, selon des témoins.
Les supporters du club local Arema FC ont créé un centre à Malang lundi pour recueillir des plaintes et annoncé qu'ils comptaient poursuivre les policiers jugés responsables d'avoir visé de façon aléatoire le public bloqué dans les tribunes.
«S'il y avait des émeutes, les gaz lacrymogènes auraient dû être dirigés vers le terrain, pas vers les tribunes», a jugé Danny Agung Prasetyo, coordinateur des supporters de l'Arema FC.
Le chef de la police limogé
Le chef de la police de la ville a été limogé lundi et neuf policiers suspendus, tandis que dix-neuf policiers étaient interrogés au sujet de la catastrophe dans le stade, occupé par les seuls fans de l'Arema FC, a expliqué lundi le directeur de la police nationale Dedi Prasetyo.
Les agents suspendus appartenaient à la Brigade mobile (aussi appelée Brimob), une unité paramilitaire de la police connue pour ses méthodes agressives de gestion des foules, a-t-il précisé.
Le bilan des victimes s'est alourdi mardi: le responsable de l'agence sanitaire locale, Wiyanto Wijoyo, a indiqué à l'AFP que six nouvelles personnes avaient succombé à leurs blessures.
L'enquête est en cours
Le chef de la police régionale Nico Afinta a présenté ses excuses après le drame. «Je suis préoccupé, attristé et en même temps je suis désolé pour les manquements au sein du dispositif de sécurité», a-t-il déclaré.
Le gouvernement a suspendu tous les matchs de la première ligue nationale et lancé une enquête sur le drame. Elle pourrait durer deux à trois semaines.
Les tribunes du stade Kanjuruhan à Malang étaient remplies de milliers de jeunes «Aremania», des supporters de l'Arema FC venus voir samedi soir leur équipe affronter celle de Persebaya Surabaya, de la ville voisine.
Mais après une défaite de leur équipe 3 à 2, la première depuis des décennies, des fans sont descendus sur le terrain pour interpeller joueurs et dirigeants.
Coups de matraque
La police a tenté de contrôler la foule sur le terrain par la force, à coups de matraque, selon des témoins et des images vidéo, mais cela a encouragé plus de supporters à venir prêter main-forte à ceux déjà sur la pelouse.
Les appels à une enquête indépendante se sont multipliés alors qu'émergeaient les détails de la soirée sanglante de samedi à dimanche.
«Il n'y a pas de directive visant à tirer des gaz lacrymogènes et (...) à fermer» les portes, a expliqué mardi en conférence de presse Albertus Wahyurudhanto, membre de la Commission indonésienne des droits humains (Komnas HAM).
Signe de la colère des fans, des carcasses de véhicules de police incendiés étaient visibles devant le stade et de nombreux graffitis sont apparus pour critiquer la police. «Nos amis sont morts ici», accuse l'un d'eux.
(ATS)