Un Vaudois en Indonésie
Karim Rossi: «Nous allons jouer là où des gens sont morts»

En Suisse, Karim Rossi a évolué dans les juniors du Lausanne-Sport entre 2002 et 2010. Aujourd'hui, l'attaquant marque ses buts en Indonésie. Il a assisté, choqué, à la mort de près de 200 personnes devant sa télévision.
Publié: 03.10.2022 à 12:27 heures
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Dernière mise à jour: 06.10.2022 à 16:11 heures
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En Suisse, Karim Rossi a porté notamment le maillot de Lugano.
Photo: Keystone
Matthias Dubach

Samedi après-midi, le globe-trotter Karim Rossi (28 ans) a marqué un doublé qui a permis à son club indonésien, Dewa United, d'arracher le match nul (2-2) dans une rencontre de championnat. Le soir, l'attaquant vaudois formé au Lausanne-Sport est assis devant la télévision et voit, sous le choc, le stade se transformer en chaos lors du match au sommet. «C'est très triste. Je n'arrive pas à croire qu'une telle chose puisse encore se produire en 2022», nous a-t-il confié, encore abasourdi.

Le goleador de Dewa (7 buts en 13 matches officiels) joue depuis cet été en Indonésie. «J'ai été très surpris de la manière dont la police a agi, a-t-il enchaîné. Bien sûr, ce n'était pas tolérable de la part des supporters d'envahir le terrain. Mais pourquoi tirer des gaz lacrymogènes alors même que ceci est interdit par la FIFA?»

Rossi est ébranlé. Après cette bousculade meurtrière, la ligue est en arrêt pour les deux prochaines semaines. «Le club et la fédération doivent prendre leurs responsabilités. Il était clair qu'il s'agissait d'un match à haut risque, il aurait fallu mieux l'anticiper», assure l'ancien joueur de Super League.

«Nous serons là-bas dans quelques semaines»

Le calendrier veut que Rossi et ses coéquipiers aient encore devant eux le match à l'extérieur dans le stade Kanjuruhan, là où a eu lieu la tragédie. «Dans quelques semaines, nous jouerons sur la pelouse sur laquelle tant de gens sont morts. Ça va vraiment être étrange!»

Le désastre jette une ombre sur les impressions plutôt positives de Rossi sur le football indonésien. C'est déjà le huitième pays dans lequel le Vaudois évolue. «On se sent ici comme une vraie star, dans la rue les gens te demandent sans arrêt des photos. Pour les trajets jusqu'au stade, nous avons besoin d'escortes policières. Nous avons entre 10'000 et 12'000 spectateurs. Mais les grands clubs de la ligue jouent toujours devant 50'000 supporters fanatiques.»

Hélas, ce week-end, ce fanatisme a tué des dizaines de supporters lors d'une rencontre à l'atmosphère surchauffée.

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