Lorsque Swiss Shooting (la fédération suisse de tir) et Swiss Olympic ont annoncé la sélection retenue pour les JO de Paris, une véritable polémique s'est déclenchée. La délégation helvétique sera composée de Nina Christen (la tenante du titre), Chiara Leone, Christoph Dürr, Jason Solari et la Jurassienne Audrey Gogniat. Et ce ne sont pas tant les noms qui figurent dans la liste qui posent problème. Bien au contraire, c'est un nom qui n'y figure pas qui est à l'origine de cette tempête.
La question qui brûle toutes les lèvres: pourquoi la jeune crack Emely Jäggi, âgée de seulement 15 ans et originaire de Niederbuchsiten, dans le canton de Soleure, ne figure-t-elle pas dans la sélection olympique? L'étoile montante suisse a atterri avec fracas chez les seniors. Dès ses débuts en Coupe du monde en février, elle est montée sur le podium. En avril, Emely Jäggi a même permis à la Suisse de décrocher un ticket pour Paris lors du tournoi de qualification pour les Jeux olympiques.
Sur trois athlètes de classe mondiale, seules deux peuvent aller à Paris
Mais la fédération a choisi de ne pas donner le fameux ticket à Emely Jäggi… qui l'a pourtant gagné. L'entraîneur en chef de l'équipe suisse Daniel Burger est revenu sur le sujet dans une interview publiée sur le site Internet de Swiss Shooting: «La décision la plus difficile à prendre a définitivement été celle du choix des femmes pour le concours de carabine 50 m. Avec Nina Christen, Chiara Leone et Emely Jäggi, nous avons trois athlètes de niveau mondial. Cela a été une discussion très intense au sein du comité de sélection, au cours de laquelle nous avons envisagé plusieurs fois tous les scénarios possibles.»
La fédération a donc choisi de renoncer aux services d'Emely Jäggi et de miser sur un duo plus expérimenté. Quant à Nina Christen, elle n'a pas profité de son statut de médaillée au moment de la sélection, assure Daniel Burger. «Elle est en tête du classement olympique interne.» Et Chiara Leone? La championne d'Europe en titre a prouvé cette saison qu'elle était capable de faire face à la pression. D'un point de vue purement sportif, le choix de Nina Christen et de Chiara Leone à la place d'Emely Jäggi se justifie parfaitement.
«Nous avons une responsabilité éthique»
Mais Daniel Berger déclare également qu'il s'agissait de protéger la très jeune prodige. «Nous avons aussi une responsabilité éthique envers les athlètes féminines – surtout une aussi jeune qu'Emely Jäggi. Il s'agit de protéger les athlètes de l'énorme pression et des dynamiques qui peuvent être générées par les médias et le public.»
Le battage médiatique autour de la victoire olympique de Nina Christen en 2021 a également été pris en compte ici. «Nous avons été unanimes au sein du comité de sélection pour dire qu'il était encore trop tôt pour qu'Emely participe aux Jeux olympiques. Car il y a des choses énormes à venir pour les athlètes», conclut Daniel Burger.