Les derniers Jeux olympiques de Sarah Atcho (qui ne s'appelait pas encore Jaquier à l'époque) ont été un cauchemar. Dans un Japon reclus par le Covid, la Vaudoise était passée par un épisode dépressif. Pour ses deuxièmes JO et après deux ans de blessures, la sprinteuse avait été cantonnée à un rôle de remplaçante. «Ça a été une torture pour moi», nous confiait-elle à l'époque.
Trois ans plus tard, c'est tout sourire que Sarah Atcho-Jaquier débarque en zone mixte. Avec Salomé Kora, Léonie Pointet et Mujinga Kambundji, elle vient de se qualifier pour la finale du relais 4x100 m grâce à un super chrono de 42"38. «On espérait faire notre meilleur temps de la saison, lâche la Vaudoise. Avec une bombe comme Mujinga, c'est plus facile.»
«Je suis étrnellement reconnaissante»
Mais très longtemps, la sprinteuse ne savait pas si elle allait pouvoir à nouveau participer à cette fête sur la piste. C'est mercredi matin qu'elle l'a appris. «J'ai failli lâcher des larmes de joie, avoue-t-elle. Mais je me sentais mal pour les remplaçantes, qui pleuraient pour une autre raison. Je n'avais pas envie d'en rajouter à leur tristesse, mais je tremblais.»
Contrairement à 2021, Sarah Atcho-Jaquier était arrivée aux Jeux dans un autre état d'esprit: «J'ai beaucoup plus confiance en moi et je sais que j'étais capable d'être dans l'équipe – même si je suis éternellement reconnaissante envers mon coach de m'avoir sélectionnée.» Elle sait aussi que, si elle n'avait pas couru, son approche aurait été différente. «J'aurais pu soutenir mes coéquipières et être de bonne humeur.»
Une première dans le Stade de France
Un scénario qui finalement n'est pas arrivé pour Sarah Atcho-Jaquier, qui a pu poser ses pointes sur la piste du Stade de France. D'ailleurs, ce jeudi était sa première visite dans l'enceinte depuis le début des JO. «On m'a expliqué qu'il y avait une ambiance incroyable, avec beaucoup de bruit et d'émotions, détaille-t-elle. Comme je vis les choses à 100%, je n'avais pas envie de gaspiller de l'énergie avant la course. Et je voulais aussi avoir cette surprise de découvrir le public le Jour-J.»
Et verdict? «J'ai l'impression d'être hystérique, sourit-elle. Je faisais que de crier et d'extérioriser toute mon adrénaline. C'était fou, vraiment fou. On a senti un soutien incroyable et ça n'a pas de prix.»
«Dire qu'on veut une médaille nous pourrit la vie»
Vendredi soir, dès 19h30, Sarah Atcho-Jaquier va donc vivre sa première finale olympique en compagnie de ses coéquipières. «À 30 ans, il était temps, s'exclame en rigolant la sprinteuse. Par rapport à Tokyo, il n'y a pas de mots pour décrire ça. C'est exceptionnel. La cerise sur le gâteau dans ma carrière. Et de pouvoir la vivre avec ces trois femmes, c'est incroyable.»
Avec quel objectif les quatre relayeuses vont-elles entrer dans cette finale? «On ne dit plus qu'on veut une médaille, car ça nous pourrit la vie, rigole-t-elle. On veut bien courir et prendre du plaisir.» Et après l'enfer qu'elle a vécu au Japon, Sarah Atcho-Jaquier le mérite bien.