«Assister à une finale olympique, ce n'est pas tous les jours.» Kevin Bozon, en pleine préparation estivale avec le HC Ajoie, ne s'y est pas trompé. Lorsque sa copine Angelica Moser lui a trouvé des billets via une plateforme de revente, le Français à licence suisse du HCA n'a pas hésité à prendre la voiture... après l'entraînement de son club. «C'est une période importante de l'année, explique-t-il. J'avais peur que ce soit un peu limite au niveau du timing, mais tout a finalement bien fonctionné.»
C'est donc depuis les tribunes du Stade de France qu'il a assisté au long (très long) concours de saut à la perche. «Ce n'est pas habituel d'avoir 19 concurrentes, précise-t-il. Pour les athlètes, c'est compliqué, mais les conditions étaient les mêmes pour tout le monde.» Et la Zurichoise n'a pas semblé être perturbée outre mesure par ces longs temps de pause après ses essais réussis à 4m40, 4m60, 4m70 et 4m80.
Trouver les mots justes
«Je ne m'attendais pas à ce qu'elles soient autant nombreuses à passer 4m80, précise le hockeyeur. C'était un concours incroyable à suivre.» Problème? Une Canadienne, Alysha Newman, a battu son record national avec un bond à 4m85 qui a forcé Angelica Moser à devoir franchir 4m90. Ce qu'elle n'a pas été en mesure de faire. «Je suis très triste pour Angelica, a poursuivi Kevin Bozon. Au vu de sa saison et de son concours, elle méritait le bronze. Mais c'est le sport. La Canadienne a sorti un très gros saut pour arracher la troisième place.»
Comme il devait s'entraîner dès ce jeudi matin, Kevin Bozon avait décidé de partir le plus rapidement possible après le concours... Mais la tournure des événements lui a fait changer ses plans. «Elle m'a demandé si je pouvais rester un peu, enchaîne-t-il. Au vu du contexte, c'était normal d'être présent à ses côtés. J'ai essayé de trouver les mots justes. Mais c'est dur, car elle était inconsolable et je partageais sa peine.»
Avec son statut de sportif, a-t-il un avantage au moment de trouver ces mots justes? «Oui et non, remarque-t-il. Je n'ai jamais terminé quatrième aux JO et n'y ai même pas participé. Mais quand tu es un sportif de haut niveau, tu dois toujours te fixer le prochain objectif. Je lui ai dit que sa saison ne s'arrêtait pas ce mercredi à Paris.» Même après son retour au milieu de la nuit avec une quatrième place, Kevin Bozon ne regrette pas son aller-retour. «Si c'était à refaire, je le referais. Une finale olympique, ce n'est pas tous les jours. Et si la prochaine est à Los Angeles, ce sera peut-être plus compliqué d'y aller (rires).»
Maladie et blessure
Cette semaine est mouvementée pour Kevin Bozon qui aurait dû reprendre les entraînements sur glace en début de semaine. Mais il a découvert durant l'été qu'il souffrait de la maladie de Crohn. Cette inflammation chronique de l'intestin l'a passablement affaibli. «J'ai perdu 10 kilos et pris beaucoup de retard dans ma préparation», remarque-t-il. Les cas les plus sévères de cette maladie empêchent la pratique d'un sport de haut niveau. «Mais ce n'est pas mon cas, remarque-t-il. Ça reste une maladie avec laquelle on peut vivre. Il y a juste des traitements à effectuer, ce qui est évidemment embêtant, mais ça pourrait être pire.»
S'il n'est pas encore sur les patins, ce n'est pas pour cette raison. «Je me suis blessé au bas du corps, poursuit-il. Je me suis entraîné fort durant l'été malgré cette maladie et j'ai eu de la malchance avec cette blessure. Mais visiblement ce n'est pas trop grave. J'ai espoir d'être de retour fin août à l'entraînement et sur la glace pour la reprise.»