«Désolé de vous avoir fait attendre, je parle trop des fois.» Même si la quatrième place est encore très récente, Raphaël Ahumada ne paraît pas abattu par ce qui pourrait s'apparenter à une déception tant son bateau avec Jan Schäuble paraissait avoir les moyens de faire largement mieux. «C'est sûr qu'au début il y a de la déception, confie-t-il tout de même logiquement. Mais après, tu digères un peu et tu te rends compte du chemin que tu as parcouru. J'en suis extrêmement fier.»
Très lucide et posé, le Morgien de 23 ans pouvait espérer mieux, lui qui a remporté l'or européen plus tôt dans la saison. «Mais c'est le sport, précise-t-il. On ne peut pas tout le temps avoir ce que l'on veut. Aujourd'hui, il y a trois bateaux qui étaient plus forts que nous. Il faut l'accepter.»
Sur la course, il a tout de même un léger regret. Celui de n'avoir pas été à la bagarre avec les trois autres embarcations ayant terminé sur le podium. «Nous avons fait un très bon finish, mais à un moment, nous avons perdu le contact avec la tête, analyse-t-il. Quand tu n'es pas à la lutte, c'est difficile d'avoir ce petit truc en plus qui peut te permettre de faire la différence. Et en même temps, on se dit aussi qu'on a donné tout ce qu'on avait à donner.»
«On a encore du temps»
Il l'avoue lui-même: donner le 100% n'a pas suffi. «C'est quelque chose que j'ai appris pour ma première expérience olympique. Si tu veux une médaille, il faut être à 110%. Y aller avec la rage et une motivation encore plus profonde. Notre jeunesse fait qu'il nous manquait peut-être cette petite expérience. On le voit: les autres bateaux étaient très expérimentés.»
La capacité de résilience dont il fait preuve devrait permettre à Raphaël Ahumada et à son coéquipier de revenir plus fort. «De pouvoir prendre part aux Jeux olympiques à 23 et 24 ans, c'est déjà incroyable. On est jeunes et avons encore du temps devant nous.» Reste désormais à savoir dans quelle catégorie, la sienne n'étant plus un sport olympique à compter de Los Angeles en 2028. Pour l'heure, il n'a pas encore pris le temps de trop y réfléchir. «Lorsque je vois nos temps en comparaison avec les poids lourds, la différence n'est pas énorme. Si je prends un peu de muscle, cela pourrait fonctionner.»
Quatre ans de plus et une expérience supplémentaire. De quoi voir l'avenir avec optimisme. «Mais là je vais profiter des Jeux et prendre un peu de repos, rigole-t-il. Le mode de vie de sportif d'élite est vraiment très exigeant. Tu mets tout en pause et ce sont des sacrifices énormes en n'étant jamais à la maison.»