«J'ai reçu des centaines de messages»
À Paris, Angelica Moser a retrouvé le sourire

Angelica Moser a manqué d'un rien la médaille de bronze, mercredi au Stade de France. Une déception pour la perchiste suisse, qui n'a pu retenir ses larmes. Quatre jours après cette désillusion, l'athlète a déjà le regard tourné vers les JO de 2028 à Los Angeles.
Publié: 11.08.2024 à 17:20 heures
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Angelica Moser n'a pas remporté de médaille à Paris, mais elle a conquis le cœur des fans suisses
Photo: BENJAMIN SOLAND
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Mathias Germann et Benjamin Soland

La Suisse a vibré, jubilé, tremblé, espéré et pleuré. Pourquoi a-t-il fallu que cette barre figée à 4,85 mètres de haut finisse par tomber deux fois de suite? Certes, Angelica Moser n'est pas montée sur le podium du concours olympique de saut à la mercredi soir à Paris, mais elle a conquis le cœur des fans suisses, qui ont pleuré avec elle lorsque – dos au mur – elle n'est pas parvenue à franchir la barre de 4,90 mètres sur sa seule tentative autorisée.

«J'ai reçu des centaines de messages sur Whatsapp et Instagram. De parfaits inconnus, mais aussi de connaissances que je n'avais pas vues depuis longtemps. Même une ancienne enseignante m'a écrit des phrases merveilleuses. Cela m'a aidé à faire le point et c'était extrêmement agréable», raconte la perchiste de 26 ans.

Seules les médailles comptent? Ce n'est pas si simple...

Nous rencontrons Anglica Moser deux jours et demi après sa frustrante quatrième place. Après un temps de réflexion, la Zurichoise jette son dévolu sur un café proche du village olympique. Elle s'y installe et commande une eau minérale. Lorsqu'on lui fait savoir que pour elle c'est gratuit, elle s'exclame: «Ah bon! Alors je prendrai le vin rouge le plus cher qu'ils ont – à emporter». Vous l'aurez compris: la perchiste a séché ses larmes, et elle est à nouveau prête à s'amuser.

«Bien sûr, j'étais très déçue de ne pas avoir remporté de médaille. Mais je n'ai pas échoué. Au contraire: je n'avais jamais fait une compétition aussi régulière auparavant. Cela m'a beaucoup appris pour l'avenir», estime-t-elle.

En effet, Moser a franchi les quatre premières hauteurs (4,40 à 4,80 mètres) au premier essai, ce qu'elle n'était jamais parvenue à faire auparavant. Ses sauts ont toujours été bons, même lorsque la barre est tombée. «On pourrait dire qu'une 15e place aux Jeux olympiques a la même valeur qu'une 4e, parce qu'au final, seules les médailles comptent. Mais pour moi, ce n'est pas le cas, car j'ai toujours en tête mon développement», assure la perchiste. 

«Je n'ai pas encore revu mes sauts»

La Zurichoise prend une gorgée d'eau minérale. Au fait, pourquoi est-elle encore à Paris? «J'aime bien cette ville et j'aime bien regarder d'autres compétitions.» Ce soir, elle ira voir les finales de beach-volley. «Je ne vais pas laisser passer cette occasion, il paraît que le stade de la Tour Eiffel est magnifique», se réjouit-elle. Elle ne sera pas seule pour découvrir ce cadre somptueux, puisqu'elle sera accompagnée par son amie de longue date, l'hepathlonienne Annik Kälin, qui a également conclu ses JO sur une quatrième place.

Angelica Moser profite aussi des beautés de Paris pour passer du temps en famille. Au lendemain de la compétition, elle est allée visiter quelques lieux touristiques avec son père Severin et sa mère Monika. «C'était idéal, car je pouvais ainsi me distraire tout de suite. Je n'ai d'ailleurs pas encore revu mes sauts sur la vidéo. Il est encore trop tôt pour cela», explique la Zurichoise.

Elle les revisionnera tôt ou tard avec son entraîneur Adrian Rothenbühler, mais pas maintenant. Vidéo ou pas, la Suissesse reste convaincue d'une chose: «Nous ne ferions rien de différent, que ce soit en amont ou lors de la compétition. Au contraire. Adrian a même dit que j'avais fait les meilleurs essais de ma carrière. Et les sauts qui ont suivi étaient également très bons.»

Son compagnon a fait le voyage

Autre motif de réjouissance pour Angelica Moser, son compagnon Kevin Bozon, joueur au HC Ajoie, est venu la soutenir pendant sa compétition. «Il s'est entraîné le matin, il a fait tout le trajet jusqu'à Paris et il est revenu après minuit pour être de nouveau sur la glace le jour même. C'est extrêmement agréable qu'il fasse ça pour moi. Nous nous soutenons beaucoup l'un l'autre, même si nous ne nous voyons pas souvent».

Que lui a-t-il dit juste après son concours? «Honnêtement, je ne m'en souviens pas du tout. À ce moment-là, j'avais juste envie qu'on me prenne dans les bras.»

Objectif Los Angeles

Le fait est que la progression de Moser au cours des deux dernières années est époustouflante. Et les résultats suivent. En 2024, elle a remporté une épreuve de la Ligue de Diamant, elle est devenue championne d'Europe et elle s'est même emparée du record de Suisse en sautant à 4,88 mètres. Jusqu'où peut-elle aller, si tant est que sa santé suive? «Adrian et moi n'avons pas le sentiment d'avoir épuisé mon potentiel. Je peux encore m'améliorer partout.»

Et qui sait, peut-être parviendra-a-elle à cueillir cette fameuse médaille olympique en 2028 à Los Angeles. En tout cas, la perchiste ne cache pas sa volonté de continuer encore quatre ans, afin de pouvoir en fin «mettre les points sur les i», comme elle aime à le dire. Et Angelica Moser fera tout pour y arriver.

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