«Ta médaille n’est pas trop lourde? Moi, elle me fait un peu mal derrière la nuque. Ça pince.» Zoé Claessens sait qu’elle n’a pas beaucoup de monde à qui poser cette question en Suisse. Mais Roman Mityukov la comprend, lui qui a également été récompensé lors des Jeux de Paris. «Elle fait juste le bon poids et elle est très belle», a rigolé le Genevois. Les deux athlètes romands ont imité la tireuse jurassienne Audrey Gogniat (notre édition de mercredi dernier) également revenue bronzée de Paris.
Dimanche, ils ont profité d’un moment de répit pour revenir sur leurs exploits, les émotions que cette médaille leur a procurées et aussi sur les prochaines étapes. Entretien au cœur du Village olympique.
Vous avez vu la course l’un de l’autre?
(Ils rigolent et répondent ensemble) Non, désolé.
Roman Mityukov: Impossible. Je crois qu’on a été les deux bien occupés.
Zoé Claessens: Toi, je sais que c’est le 200 mètres dos. Mais je n’ai pas pu voir. C’était la veille de ma course. J’étais dans ma bulle.
RM: J’ai décidé de revoir toutes les médailles en rentrant de Paris. J’avais encore une course un jour après ta médaille.
Vous vous connaissiez?
ZC: De nom. On s’est vus une fois ou deux, mais rien de plus.
RM: J’avais entendu parler d’elle de par ses médailles, notamment en championnat du monde.
Et pourtant maintenant, vous êtes réunis par cette médaille gagnée à un jour d’intervalle.
ZC: Quand tu es un athlète francophone, c’est vrai que tu crées plus facilement des liens dans l’équipe.
RM: Nous c’est un peu différent. Sur les huit nageurs, la moitié parle français. On montre que les Romands sont bien là comme ça.
Vous disiez les deux peiner à réaliser après votre exploit.
RM: Trente minutes après, j’étais déjà sur le podium. J’ai à peine eu le temps de sortir de l’eau. Tout va si vite, c’est impressionnant.
ZC: J’ai eu la même impression que toi. Comme la course a eu lieu en soirée, le podium était juste après. C’était le stress, parce que je devais me changer… et on ne trouvait plus mon pantalon. Ils m’en ont d’abord amené un beaucoup trop grand. Je ne voulais pas me présenter comme ça sur le podium (rires). Au dernier moment, ça s’est réglé. Mais entre les interviews, le moment avec ma famille et le podium, c’était la course.
Vous vous rendez compte du retentissement de cette médaille?
ZC: Pour moi, c’était la réception à la maison suisse qui m’a vraiment impressionnée et fait réaliser un peu. De voir tout ce monde, c’est incroyable. Cela m’a beaucoup touchée. Et puis il y a eu les messages… (rires). T’as eu le temps de répondre à tout le monde toi?
RM: Oh la la… Non vraiment pas. On reçoit beaucoup, beaucoup de messages et cela fait tellement plaisir. Je vais prendre le temps de répondre à tout le monde dès que ça se calmera un peu. Ce qui me marque le plus, c’est de voir des jeunes nous féliciter. Le fait d’être des exemples pour eux, c’est extraordinaire.
Alors que l’un et l’autre, vous êtes encore très jeune. Ce n’est pas une pression supplémentaire de servir de modèle?
ZC: Non pas vraiment. Dans ma famille, j’ai déjà été l’exemple pour mes petites sœurs (rires). Pour moi, cela ne va rien changer au fait que je vais juste rester moi-même et continuer de faire ce que j’ai toujours fait.
RM: Je suis d’accord avec toi et j’ai le même état d’esprit.
Vous êtes deux compétiteurs et terminez troisième. Il y a un moment où vous vous êtes dit qu’il ne manquait finalement pas grand-chose pour être champions olympiques ou la joie du bronze suffit?
ZC: Oui, ça m’a quand même traversé l’esprit parce que je n’ai pas fait ma meilleure compétition. Après mes courses, je regarde tout le temps les vidéos et je me focalise sur ce que j’ai fait de faux. Mais quand j’y repense, je suis tellement contente d’avoir cette médaille tout de même.
RM: On peut se dire que je suis à trois centièmes d’être vice-champion olympique… Mais non, il n’y a aucun regret. Moi, quand je touche le mur, j’espère qu’une chose: voir le 1, 2 ou 3.
ZC: Tu as su directement?
RM: Oui, car lorsque tu nages en dos, tu vois immédiatement le tableau géant. T’as le verdict instantanément. Et là, c’est simplement du bonheur.
Une médaille olympique, ça va vous changer la vie d’un point de vue financier?
ZC: Je pense que oui. Un petit peu. Le BMX n’est pas un sport très connu en Suisse et ça peut me permettre de trouver plus facilement un sponsor ou l’autre.
RM: La natation n’est médiatisée que chaque quatre ans. Le reste du temps, tu es inconnu (rires). Donc c’est sûr que cette visibilité ne va pas faire de mal.
Justement, c’est quoi la suite de votre programme?
RM: Je vais faire un mois de pause. Cela fait longtemps que je n’en ai pas eue et c’est important de recharger un peu les batteries. Le reste du temps, je suis très focalisé sur mon sport.
ZC: En préparant mon année, je ne voulais pas que tout s’arrête après les Jeux. Du coup, mon entraîneur m’a mis un mois de vacances, mais après cela reprend.
RM: L’an prochain, il n’y a que les Mondiaux. Cette année, avec les Européens, les Mondiaux et les Jeux, c’était très chargé. Donc je vais prendre deux mois de vacances et me préparer tranquillement après. Mais c’est important de ne pas être dans l’eau quelque temps. Au bout d’un moment, tu en as marre.
Lors des Jeux de Tokyo, la délégation suisse avait ramené un nombre record de treize médailles. Parmi les athlètes auréolés figuraient deux Genevois: le nageur Jérémy Desplanches et la spécialiste de BMX freestyle Nikita Ducarroz. Trois ans plus tard, ces deux disciplines ont aussi souri aux athlètes romands puisque Roman Mityukov (200m dos) et Zoé Claessens (BMX Racing) sont montés sur le podium respectivement jeudi et vendredi dernier. Un joli clin d’œil.
Depuis, les deux athlètes ont multiplié les apparitions médiatiques. Radio, télévision et presse écrite, les médaillés n’ont eu qu’un minimum de temps pour vraiment savourer. La bonne nouvelle? L’un et l’autre n’ont pas seulement gagné une médaille à Paris. Ils ont également obtenu le droit de rester au Village olympique jusqu’à la fin de la compétition. Un honneur qui n’est réservé qu’aux athlètes terminant sur un podium. L’un et l’autre ne se sont pas fait prier pour faire durer le plaisir de ces joutes olympiques quelques jours de plus.
Lors des Jeux de Tokyo, la délégation suisse avait ramené un nombre record de treize médailles. Parmi les athlètes auréolés figuraient deux Genevois: le nageur Jérémy Desplanches et la spécialiste de BMX freestyle Nikita Ducarroz. Trois ans plus tard, ces deux disciplines ont aussi souri aux athlètes romands puisque Roman Mityukov (200m dos) et Zoé Claessens (BMX Racing) sont montés sur le podium respectivement jeudi et vendredi dernier. Un joli clin d’œil.
Depuis, les deux athlètes ont multiplié les apparitions médiatiques. Radio, télévision et presse écrite, les médaillés n’ont eu qu’un minimum de temps pour vraiment savourer. La bonne nouvelle? L’un et l’autre n’ont pas seulement gagné une médaille à Paris. Ils ont également obtenu le droit de rester au Village olympique jusqu’à la fin de la compétition. Un honneur qui n’est réservé qu’aux athlètes terminant sur un podium. L’un et l’autre ne se sont pas fait prier pour faire durer le plaisir de ces joutes olympiques quelques jours de plus.
Ça arrive vraiment de saturer comme ça?
RM: Un petit peu quand même. Il y a certains entraînements où tu n’as juste pas envie d’aller parce que c’est très dur. C’est l’enfer certaines fois. Tu as intérêt à aimer ton sport parce que c’est parfois dur. Tu as des fois ça, toi?
ZC: Cela m’arrive aussi, oui. Mais ce que j’aime bien, c’est de faire d’autres sports comme le tennis ou le beach-volley. Ça permet de te reposer mentalement et pas juste BMX et muscu.
RM: J’aime bien les sports où tu n’es pas seul comme le tennis, le beach-volley ou le foot. Moi, il me faut un jeu parce que la natation, ce n'est pas forcément un sport dans lequel tu t’amuses.
Sauf quand il y a une médaille au bout…
RM: Exact. Ça vaut tous les sacrifices.
Bio Roman Mityukov
Il est né le 30 juillet 2000 à Genève, d’un père russe et d’une mère ouzbek. Vers 5 ans, il apprend à nager en club. Dans sa jeunesse, il mène un rythme d'enfer entre école, cours de russe et entraînements de natation. Mais tout cela paie et en 2021, le spécialiste du dos participe pour la première fois aux Jeux olympiques à Tokyo quelque temps après son bronze lors des Européens. Abonné aux quatrièmes places aux Européens l'année suivante, il accroche sa première médaille mondiale en 2023 (bronze). 2024 est la consécration avec l'argent aux Championnats du monde et le bronze à Paris.
Bio Zoé Claessens
Sur les cinq frères et sœurs de Zoé Claessens, quatre pratiquent le BMX Racing. Il est donc logique que la Vaudoise de Villars-sous-Yens soit tombée dans la marmite. Son père, Vincent, est également le fondateur de la piste et du club d'Échichens. À Tokyo, ses premiers JO ne se passent pas très bien pour elle, avec une première chute. Loin de se laisser abattre, la pilote de 23 ans enchaîne les médailles (championne d'Europe 2021, 2023 et 2024, vice-championne du monde 2022 et 2024). Jusqu'à la plus belle d'entre elles, le bronze lors de ces Jeux de Paris.