Il n'y a pas si longtemps, c'est le CIO lui-même qui a contacté la Suisse pour l'organisation des Jeux d'hiver 2030, afin d'organiser l'événement selon un nouveau concept, sans gigantisme ni budget délirant. Et cela pour une simple et bonne raison: il n'y avait pas d'autre nation intéressée.
Mais aujourd'hui, la Suisse se retrouve sans les Jeux, même si l'organisation de ceux de 2038 est soudain envisagée. 2030 revient aux Français, qui ont pris le train en marche. En France aussi, on parle de 95 pour cent d'installations sportives déjà existantes, mais à Nice, une nouvelle patinoire doit encore être construite. Et cela même s'il existe déjà une scène de sports d'hiver sur la Méditerranée avec la présence d'une équipe professionnelle de hockey sur glace. La construction d'une patinoire sur la Côte d'Azur est-elle vraiment le signal que les dirigeants du CIO voulaient envoyer pour leurs premiers Jeux d'hiver durables?
Les devoirs que le CIO donne maintenant à la Suisse pour l'organisation éventuelle des Jeux de 2038 rappellent davantage le schéma traditionnel qu'une culture nouvelle et plus réaliste. La Suisse doit maintenant aborder ces questions dans le cadre du dialogue privilégié pour 2038.
Adieu au concept décentralisé?
C'était un point essentiel pour 2030. Dans le cadre de la réorientation des Jeux, le CIO a encouragé la Suisse à se porter candidate pour la première fois de son histoire, non pas en tant que «ville hôte», mais en tant que «pays hôte». Cependant, l'organisation a rejeté le concept décentralisé avec des sites dans neuf cantons, car tout est trop éloigné des villes et l'absence de villages olympiques a également été critiquée.
Le fait que même pour certaines disciplines sportives comme le hockey sur glace, les équipes n'habitent pas toutes au même endroit dans des hôtels ne convient pas au CIO. Ce point change tout apparemment. Les instances souhaitent donc une candidature plus régionale, qui pourrait par exemple s'intituler «Lausanne-Valais» et qui rappellerait alors davantage les anciennes tentatives olympiques suisses que quelque chose de nouveau.
Il faut faire preuve de beaucoup de doigté. Jusqu'où faut-il aller pour satisfaire le CIO sans trahir complètement l'idée décentralisée? La marge de manœuvre est limitée, car de nouvelles constructions ne sont pas envisageables. La piste de bobsleigh en Engadine, le tremplin de saut à ski d'Engelberg et l'arène de biathlon de Lenzerheide restent des sites à utiliser, faute d'alternatives. Il semble clair que le Tessin, qui a été ajouté pour l'occasion dans le cadre du concept national, sera tout de suite éliminé du projet.
Faut-il quand même de l'argent public?
Le financement fait également partie des choses à améliorer. La Suisse veut financer en grande partie le budget - évalué à environ 1,5 milliard - par le secteur privé et a considéré cela comme un atout pour ne pas faire payer des sommes astronomiques aux contribuables. Mais des doutes apparaissent quant à l'envie réelle du CIO.
Les envolées lyriques pour les Jeux de 2030 en France et de 2034 à Salt Lake City pour le soutien grandiose des présidents Emmanuel Macron et Joe Biden laissent présager le pire. En effet, les présidents garantissent un soutien total de l'État, y compris sur le plan budgétaire.
Certes, la ministre des Sports Viola Amherd soutient pleinement le projet et a souligné mercredi que le CIO avait promis les Jeux 2038 à la Suisse, mais on entend au Palais fédéral que la conseillère fédérale sait pertinemment que cette promesse ne vaut pas grand-chose.
Y aura-t-il quand même un votation populaire?
Si la Suisse accueille de grands événements footballistiques comme l'Euro masculin en 2008 ou, prochainement, le Championnat d'Europe féminin en 2025, cela se fait sans référendum. Il en va tout autrement pour les Jeux olympiques. En effet, il semble que cela ne puisse guère se faire sans vote, notamment en raison de la taille de l'événement par rapport à un Euro féminin.
Même le CIO est de cet avis. Le fonctionnaire Karl Stoss déclare ouvertement qu'il n'a rien contre un référendum en Suisse. «Nous saurons alors à quoi nous en tenir», déclare-t-il. Le comité souhaite en effet que la candidature soit davantage soutenue par la population et les politiques. Une chose est claire: pour celle de 2030, des votations nationales, cantonales ou communales étaient peu probables.
Il en va autrement pour 2038, car le CIO préfère quatre sites au maximum pour maintenir l'esprit olympique plutôt qu'un concept décentralisé. En d'autres termes, les villes présumées comme Sion, Berne, Zurich, St-Moritz, etc. devront faire face à beaucoup plus de choses que prévu jusqu'à présent. La résistance politique augmente donc, ce qui pourrait conduire à des initiatives et des référendums. Un énorme casse-tête pour les organisateurs des Jeux olympiques, qui devront alors convaincre la population de voter oui dans les urnes.