Hidalgo et l'État français se tirent dans les pattes
Paris en guerre contre les JO d'été 2024? Incroyable mais vrai...

La capitale française a-t-elle vraiment envie d'accueillir les Jeux olympiques d'été 2024? Au vu des bagarres entre la municipalité et l'État français, on peut finir par en douter.
Publié: 29.11.2023 à 11:42 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2023 à 18:10 heures
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Voici la carte des installations sportives pour les JO d'été 2024 à Paris.
Photo: Richard Werly
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Richard WerlyJournaliste Blick

«Anne Hidalgo n'aime pas le surf. Mais à chacune de ses rencontres avec le comité d'organisation des Jeux olympiques 2024, les vagues de ses reproches déferlent.» Celui qui ironise ainsi sur la maire de Paris est un sportif de haut niveau, lassé de voir la municipalité, l'État et la région Île-de-France donner le spectacle d'une triste désunion française à six mois de la plus importante compétition sportive mondiale.

La référence au surf est bien sûr un tacle: au mois d'octobre, la maire socialiste Anne Hidalgo a choisi de se rendre en Polynésie française pour y visiter le site retenu pour cette discipline olympique. Avant de renoncer à s'y rendre, préférant poursuivre un déplacement familial dans l'archipel.

Surf ou pas, les vagues sont en tout cas au rendez-vous. Car rien ne va plus entre les dirigeants politiques les plus concernés par le dossier des JO d'été. Première cible d'Anne Hidalgo, dont la gestion de la capitale est très critiquée: le ministre des Transports Clément Beaune, proche d'Emmanuel Macron et souvent donné comme futur candidat... à la mairie de Paris. Pour l'élue parisienne, restée en poste malgré son score calamiteux de 1,7% des voix à la présidentielle 2022, «les transports parisiens ne seront pas prêts pour absorber les centaines de milliers de voyageurs supplémentaires attendus lors des Jeux olympiques et paralympiques».

Paris endettée à hauteur de sept milliards d'euros

Plus grave: la patronne de cette capitale surendettée à hauteur de 7,7 milliards d'euros, dont l'administration municipale compte environ 50'000 agents, parle de «trahison politique» au sujet des transports alors que la probable réquisition d'une ou deux voies sur le boulevard périphérique ulcère déjà les habitants.

En clair: les couteaux sont sortis et les passagers risquent d'en faire les frais au sens propre comme au sens figuré. Mardi 28 novembre, le prix du métro et des bus - qui ne sont pas fixés par la mairie - durant les JO a été annoncé: 4 euros le ticket (contre 2,10 euros actuellement) et 32 euros le carnet de 10 (contre 16,90 euros) sur la période du 20 juillet au 8 septembre 2024. Histoire de décongestionner le trafic en tapant les Parisiens et les banlieusards au porte-monnaie...

Valérie Pécresse ciblée

Deuxième cible de la maire de Paris: la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse (droite), dont l'administration, basée à Saint-Ouen, au nord de Paris, se trouve à proximité des futures installations sportives. Pour Anne Hidalgo, la transformation ferroviaire de la capitale française, avec le plan «Grand Paris» supposé accoucher d'une prolongation de la ligne 14 reliant l'aéroport d'Orly à Saint-Denis Pleyel, accuse trop de retards.

Or l'axe sud-nord est indispensable pour la bonne tenue des Jeux qui démarreront le 26 juillet 2024 par une cérémonie d'ouverture hors du Stade de France, sur la Seine. Une bonne partie des compétitions se dérouleront en effet à Saint-Denis et le village de la presse se trouvera au Bourget, encore plus au nord.

Plainte contre X

Selon le quotidien français «Le Monde», l'affaire est en plus en train de prendre une tournure judiciaire, avec le dépôt d'une plainte le 14 novembre contre X pour «détournement de fonds publics», au sujet du voyage en Polynésie. L'opposition municipale a par ailleurs ressorti une lettre de 2021 dans laquelle la maire de la capitale exigeait du Premier ministre Jean Castex (aujourd'hui patron des transports parisiens) de réaffirmer la garantie entière de l'État en cas de dépassement budgétaire du comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024.

Calculette en main, alors que son propre budget est en déficit chronique, l'élue estime que les Jeux coûteront 380 millions d'euros à sa ville, dont elle aimerait bien obtenir le remboursement. Depuis, la Cour des comptes a, dans un rapport, évoqué le chiffre de 500 millions. De quoi nourrir de belles échauffourées entre administrations...

Derrière le slogan, les refus

Paris, capitale olympique? Le slogan est beau. Mais il peine à rassembler, tant en France que dans la ville. Certes, la barre des sept millions de billets vendus a été franchie. Certes, les villes se pressent pour accueillir la flamme olympique qui arrivera le 8 mai 2024 à Marseille en provenance de Grèce.

Pour le reste? Au niveau national, selon un sondage de l'institut Elabe en juillet dernier, seuls 20% des Français interrogés se disaient enthousiastes, quand près de la moitié (48%) affirmaient leur indifférence, voire leur scepticisme (32%). A Paris, 40% se disent sceptiques. Motif? Les difficultés de mobilité, des tensions sur le marché du logement, et une crainte de voir son mode de vie perturbé pendant la tenue des épreuves. Vive les JO sur le papier et sur écran. Mais pas question d'en assumer les coûts et les inconvénients.

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