Dallas Oberholzer, un nom tout droit sorti de la légendaire série western «Bonanza». Mais non, Dallas n'est pas un cow-boy, c'est un athlète olympique – un rider, qui arpente les bowls avec son skateboard. Dans les années septante, les skaters s'entraînaient dans des piscines vides. Aujourd'hui, les skateparks sont parfois des lieux de compétition sophistiqués. Quant au niveau des athlètes, il est devenu tout bonnement impressionnant.
Ce fantasque Sud-Africain est né le 25 juin 1975. Il était là à Tokyo en 2021, lorsque le skateboard est devenu pour la première fois une discipline olympique. Trois ans plus tard à Paris, il est à nouveau là pour montrer de quoi il est capable. Avec ses longs cheveux gris, sa barbe et son style particulier, cet homme de 49 ans sort un peu du lot. Le regarder, c'est un peu comme se rendre au Musée de la communication à Berne pour y voir les premiers téléphones portables.
Les spectateurs le fêtent comme un vainqueur
Sur la place de la Concorde, Oberholzer chute trois fois en autant de manches Mais cela n'a aucune importance. Les spectateurs venus assister à l'épreuve du park fêtent le vétéran, qui pourrait être le père de beaucoup de concurrents. Il les applaudit d'ailleurs. Un poing par-ci, une tape ou une accolade par-là. La solidarité des skaters dans toute sa splendeur.
Mieux encore, Oberholzer s'agenouille et hurle de joie dès que l'un de ses concurrents obtient un bon score. D'une certaine manière, c'est génial. Mais d'une autre, on serait vite tenté de croire qu'il veut jouer les jeunes de manière complètement forcée. Forever young! Mais Dallas Oberholzer est un athlète olympique qui sort de l'ordinaire. Et ce n'est pas seulement à cause de son âge. Lorsqu'il arrive dans la zone mixte pour répondre aux journalistes, ces derniers se ruent sur lui. Comme à Tokyo, il a terminé dernier de l'épreuve du parc à Paris. Mais la presse n'en a cure.
Un talent pour raconter des histoires
Les spectateurs sont heureux de constater qu'aux JO, il n'y a pas que des vainqueurs, des chasseurs de records et des surdoués. Les Jeux sont aussi l'occasion de rencontrer de curieux personnages qui apportent de la fraîcheur et du divertissement. Dallas Oberholzer est de ceux-là. Un conteur doué qui, dans la jungle péruvienne, s'est fait servir par un chaman une décoction dont le contenu est censé avoir des vertus curatives, mais qui provoque aussi des hallucinations. «J'ai vu des dragons! J'ai volé avec des dragons», raconte-t-il. «J'étais sous l'eau avec eux.» Il dit même avoir vu un anaconda, des faucons, le tout dans un océan de couleurs vives... «La sensation n'était pas seulement géniale: J'avais par moments l'impression d'être déchiré en deux.»
Il raconte aussi volontiers cette histoire qui remonte à un peu plus longtemps: «Lors d'un voyage en Amazonie, j'ai rencontré un jaguar. Nous nous sommes retrouvés les yeux dans les yeux. Je savais qu'il allait me manger. J'ai alors crié comme Tarzan, aussi fort que je pouvais, et j'ai fait fuir l'animal.»
Dallas aspire à prendre une douche, mais il continue de répondre courageusement aux questions des journalistes. Son ton est réservé, ses histoires incroyables, son langage captivant et ses opinions claires. «Je pense que le skateboard ne doit pas devenir trop sérieux», lâche-t-il sans détours. Selon lui, la jeune garde est aujourd'hui appâtée très tôt par des incitations matérielles. «J'ai commencé ce sport pour les belles sensations qu'il procure, pour pouvoir m'exprimer, pour me sentir mieux dans mon corps.»
Objectif Los Angeles!
Les jeunes compétiteurs lui demandent-ils encore des conseils? «Ils n'en ont pas besoin. Ils ont un entraîneur, un préparateur physique, un kinésithérapeute, un préparateur mental. Quand ils se blessent, ils vont voir un ostéopathe. C'est fou, ce sport est devenu une science. Avant, quand j'avais besoin de récupérer, je fumais de l'herbe sous le pont parce que je pensais que ça allait détendre mes muscles.»
Malgré le risque de voir l'élite du skateboard le distancer encore plus, Dallas Oberholzer entend continuer à découvrir le monde sur sa planche. L'homme de 49 ans caresse déjà l'idée de participer aux JO de Los Angeles dans quatre ans. «Faire les Jeux olympiques me permet de toucher des gens dans le monde entier. Si demain j'inspire ne serait-ce qu'une seule personne, je considérerai déjà cela comme un très grand succès.»