Elle devra se battre jusqu’au bout. Jusqu’à la dernière manœuvre du dernier bord. Maud Jayet s’était sans doute préparée à ce scénario tant la flotte des Laser est d’une densité folle. «Une dizaine de filles peuvent prétendre à la victoire lors de ces Jeux», nous avait-elle expliqué juste avant de lancer sa deuxième campagne olympique après Tokyo.
A l’issue des qualifications, la situation correspond bien à l’analyse livrée la veille de la cérémonie d’ouverture où elle est allée se mettre dans les bain des Jeux. «J’avais besoin d’ y aller, pour sentir l’esprit, et m’imprégner de l’esprit d’équipe de la Suisse. En partageant ce moment avec des sportifs d’autres disciplines, on sent vraiment qu’on appartient à une équipe au-delà de son propre sport.»
Une 10e manche annulée qui laissera des regrets?
C’est forte de ce sentiment de pouvoir accomplir quelque chose de grand que la Vaudoise a déroulé des performances de choix tout au long de cinq jours de régates qualificatives. Avant les deux dernières courses, elle avait viré en 3e position. A portée d’étrave de la médaille d’argent. Mais tout a un peu basculé dans la seule régate qui a finalement pu être accomplie lundi. En se classant 22e dans des airs à la limite de la régularité, Maud Jayet a reculé d’une case. Elle a ensuite cru pouvoir rebondir dans une 10e et dernière manche qui n’est jamais allée à son terme alors qu’elle voguait en tête. C’est ainsi, c’est la voile, un sport décidément à part, bien au-delà du déracinement géographique. «Je dois avouer que je n’ai pas vraiment compris pourquoi le jury arrête cette 10e manche, explique-t-elle. Dans la précédente, où je me suis positionnée du mauvais côté du plan d’eau, c’était bien moins régulier et pourtant on est allé au bout.»
A la veille de la course pour les médailles, les deux premières navigatrices sont déjà fixées sur leur sort. Le titre revient à la Néerlandaise Marit Bouwmeester, déjà titrée à Rio en 2016. La Danoise Anne-Marie Rindom gagne l’argent trois ans après son sacre de Tokyo. La course aux médailles devient donc la course à la médaille de bronze qui réunit les dix premières du classement et dont les points comptent double.
Cinq points de retard seulement
Pour Maud Jayet, tous les espoirs sont encore de mise. Avec cinq points de retard seulement sur la Norvégienne Line Flem Hoest, elle devra impérativement devancer sa rivale tout en espérant que deux bateaux viendront se mettre entre elles. C’est à la fois simple et compliqué. C’est la voile dans toute sa splendeur. «L’heure ne sera pas aux calculs et je vais devoir être offensive, poursuit Maud Jayet. Nous sommes plusieurs à pouvoir gagner cette dernière médaille en jeu et la Norvégienne sera bien sous pression.»
Seule certitude, il faudra se battre jusqu’au bout.