Prêts à larguer les amarres
Pourquoi Arno de Planta et Sébastien Schneiter font la paire sur la mer

Sur un bateau comme le 49er, la communication et la complémentarité sont la clé du succès. A Marseille, le duo Arno de Planta-Sébastien Schneiter, qui s’est «parfaitement trouvé», entre en piste ce dimanche.
Publié: 28.07.2024 à 01:59 heures
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Dernière mise à jour: 28.07.2024 à 22:13 heures
Sébastien Schneiter et Arno de Planta, un duo qui s'entend bien sur mer et sur terre.
Photo: Getty Images
Grégoire Surdez

Le soleil donne à Marseille. Au pied de la Corniche, des dizaines de bateaux font des ronds dans l’eau. Pour la voile, Paris 2024, c’est ici, sous le regard bienveillant de Notre-Dame de la Garde. La Bonne-mère qui veille sur la mer, quoi de plus normal.

Rivale ancestrale de la capitale, la Cité phocéenne est bonne camarade le temps des jeux. Elle met les petits plats dans les grands pour accueillir au mieux les meilleurs marins du monde. Même l’inscription 'Paris 2024' sur les chasubles violettes n'enlève pas le sourire aux centaines de bénévoles qui souffrent sous le cagnard provençal.

«Les gens sont super accueillants et la ville est magnifique, s’enthousiasme Arno de Planta, navigateur suisse qui est prêt à se jeter sur l’eau dès aujourd’hui. On a vraiment de la chance d’être ici, même si la fête olympique doit être grandiose du côté de Paris. On ira d’ailleurs y faire un tour lorsque notre compétition sera terminée.»

Une vraie complicité technique

Ce sera après le 1er août, jour de fête nationale et d’attribution des médailles en 49er, que le Vaudois espère bien célébrer de la meilleure des façons. Pour ses premiers Jeux, il fait la paire avec le Genevois Sébastien Schneiter, qui a déjà participé aux épreuves de Rio et Tokyo avec Lucien Cujean, marin genevois désormais chez Alinghi Red Bull Racing. Les deux navigateurs se sont parfaitement trouvés en 2022. Et les résultats ont suivi rapidement. «Difficile parfois de mettre des mots sur le pourquoi du comment, sourit Seb Schneiter. C’est aussi ça, la magie du sport. Mais avec Arno, il y a une vraie complicité technique. On se complète bien sur l’eau en plus de bien s’entendre à terre.»

Les deux Romands à l'entraînement à Marseille cette semaine.
Photo: Getty Images

Sur un 49er, un petit dériveur australien pesant 80 kilos, les rôles sont clairement définis. Le barreur est le capitaine. C’est lui qui dirige le bateau et qui prend les grandes décisions stratégiques. Où se positionner pour le départ? Quel côté du plan d’eau privilégier? Que font les autres? «L’équipier est celui que l’on appelle le singe, rigole Arno de Planta. Cela tient au fait qu’il doit être particulièrement agile tout en s’occupant de régler au mieux les voiles pour que le bateau avance le plus vite possible. C’est lui qui est responsable du moteur. Mais dans le fond, c’est uniquement un parfait travail à deux qui permet d’être performant. En ce sens, les nombreuses journées d’entraînements sont essentielles pour travailler les automatismes.»

La communication, ce facteur essentiel

Ces dériveurs à la fois nerveux et instables ne supportent pas la moindre hésitation ou imprécision lors des nombreuses manœuvres. Des changements de bord où il faut vite passer d’un côté à l’autre du bateau en perdant le moins de vitesse possible pour relancer ensuite la machine. «La communication entre nous est essentielle, explique Sébastien Schneiter. On doit se comprendre très vite pour agir. C’est quelque chose sur lequel nous travaillons sans arrêt.»

Depuis deux ans, Arno et Seba ont visiblement su trouver les bons mots. En 2023, une superbe médaille d’argent est venue récompenser une prestation majuscule pour leurs premiers Mondiaux ensemble. Une première médaille en élite pour Sébastien qui avait déjà eu du succès dans les classes olympiques en junior mais jamais chez les grands. De quoi aborder ses troisièmes Jeux avec un mélange d’ambition et de confiance. «On ne se prend pas la tête et on veut juste naviguer le mieux possible chaque jour en gardant à l’esprit que ce n’est qu’une régate comme une autre.»

L'équipe olympique suisse de voile au complet. Maud Jayet, Arno De Planta, Sebastien Schneiter, Yves Mermod, Maja Siegenthaler, Elena Lengwiler et Elia Colombo.
Photo: keystone-sda.ch

Discours au diapason chez Arno de Planta que rien ne semble pouvoir émouvoir. «J’amène ma fraîcheur, ma bonne humeur à notre équipe. Ce n’est pas une sorte de 'poker face' que j’arbore. Je suis vraiment comme ça. A la fois heureux et fier d’être aux Jeux, avec comme unique objectif de donner le meilleur de moi-même.»

Cette insouciance, c’est peut-être justement le petit quelque chose qui manquait à Sébastien Schneiter lorsqu’il évoluait avec Lucien Cujean. Il avait sans doute tendance à trop prendre sur lui et à se mettre une pression intenable. Désormais, les rôles sont mieux répartis. C’est du 50-50 comme ils disent. «Si je prends logiquement encore certaines décisions à l’instinct en tant que barreur, la plupart des grands choix en régates sont faits ensemble.»

Voilà pourquoi de Planta et Schneiter font la paire sur la mer.


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