«Pour qui sont ces acclamations?» Même le speaker du centre de tir de Châteauroux est surpris par la ferveur des supporters aux t-shirts rouges au moment où les athlètes entrent en piste. Mais Blick sait exactement qui soutiennent ces personnes – et il y a un indice sur le polo: «Go Audrey», pour Audrey Gogniat, évidemment.
Devant la salle, le fans club de la tireuse jurassienne se presse aux portillons avant que les portes soient ouvertes – le but étant de se retrouver tous ensemble une fois à l'intérieur. Mais de base, ce n'était pas gagné. «Dimanche après la qualification, on possédait deux places pour la finale, explique Roland, le papa d'Audrey. Puis, on a acheté tous les billets qui étaient remis en vente pour ce lundi. Et au final, on a trouvé 31 tickets et tout le monde a pu avoir une place. C'est fantastique.»
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Tous sont à l'intérieur, sauf la maman, Evelyne, qui reste dehors de l'enceinte. «Avec Audrey, on est très fusionnelles et on ressent beaucoup les émotions de l'autre, détaille-t-elle. Avec les grandes compétitions, elle me dit parfois de ne pas venir et je respecte ce choix. Ça n'a jamais été un affront et ça n'enlève rien à tout l'amour qu'on se porte.»
Le périple du petit frère
Dans la salle, il doit y avoir peu de personnes qui n'étaient pas là à la qualification mais bien présentes à la finale. Parmi elles, il y avait Théo Gogniat. Le petit frère d'Audrey a vécu de folles 24 dernières heures. Dimanche, il rentrait de vacances. «On a débarqué à Savone à 8 heures du matin et on a pris une route qui menait à Châteauroux et au Jura», explique-t-il. À 9h30, le jeune Jurassien s'est arrêté pour faire le plein d'essence et regarder sa sœur en terrasse. «Déjà là, j'étais stressé et angoissé», confesse-t-il. Après la qualification de sa sœur, il a pris la direction de la France et, dix heures plus tard, le voilà arrivé à Châteauroux. Ce lundi, il était bien assis dans les tribunes, aux côtés de son autre sœur et de leur papa.
Ce sont eux – et les 28 autres Jurassiens – qui ont terminé deuxièmes à l'applaudimètre avant la compétition. Il y a justes les supporters locaux qui ont fait un peu plus de bruit. Mais qu'importe: la médaille allait se jouer sur le pas de tir. Et au moment d'arriver, Audrey Gogniat était sereine, dans sa bulle, la cible en vue. Les encouragements ne l'ont pas perturbée, elle a été d'une précision métronomique et a décroché la première médaille suisse dans ces JO. Forcément, c'est la joie – et les larmes – dans le camp jurassien. «Comment expliquer cela? Après ma carrière, j'ai toujours continué à former des jeunes et c'est ma fille qui obtient une médaille olympique. C'est inimaginable», lâche Roland juste après la breloque de sa fille.
Elle-même au moment d'arriver aux interviews a de la peine à retenir ses larmes. «Les nerfs sont en train de lâcher. Je n'ai pas pu le faire avant devant les télés mais là, je ne suis pas filmée donc ce n'est pas très grave», rigole la Jurassienne, les yeux embués. Après l'entretien, Audrey Gogniat doit aller au contrôle anti-dopage et ses proches l'attendent patiemment, devant la salle. Certains sont même allés observer la finale des hommes pour passer le temps – à l'image de Roland.
Stress et mains moites
Devant la salle, Evelyne, Théo et Charlyne sont assis, à l'ombre. La médaille de leur proche a été acquise il y a deux heures. «Je suis toujours si heureuse, sourit la sœur. Et là, j'arrive à ne plus pleurer quand on prononce le prénom d'Audrey. Combien de temps il m'a fallu? 1h59. Vous arrivez au bon moment (rires).» Dans la famille Gogniat, le goût de la plaisanterie semble héréditaire.
Théo, lui, a eu le temps d'essuyer ses larmes entre-temps. «Mais il y a toujours autant de fierté, s'exclame-t-il. Pendant la finale, j'étais stressé et j'avais les mains moites. Et au moment où elle a tiré pour la médaille, je me suis levé, j'ai crié de toutes mes forces et j'ai commencé à pleurer.» Autant dire qu'il ne regrette pas les longues heures de trajet.
Trois fois des larmes
Puis enfin, l'héroïne du jour apparaît au loin. Tout le monde s'apprête à les accueillir, elle et sa médaille autour du cou. Petit contre-temps pour le fans club: un FaceTime avec sa psychologue et un selfie avec deux spectatrices françaises d'un certain âge ont retardé l'accueil. Qu'importe. Quelques instants plus tard, Audrey Gogniat se plante – à l'ombre, poussée par sa sœur – devant ses supporters. «Merci à tous d'être venus…», commence-t-elle avant de se faire prendre par les larmes et l'émotion. «Pour Audrey hip hip hip… Ouais», lancent ses proches.
Elle tente une deuxième fois de rendre hommage à Chloé, son amie de lycée: «On était assis à une table à l'école et elle m'a dit: 'Un jour, on ira aux Jeux te voir.' Et en plus, il y a une médaille au bout…». Avant, à nouveau, de fondre en larmes. Logique.
Après une série de photos avec ses proches, Blick s'approche une dernière fois d'Audrey. «De voir tous ces gens autour de moi, c'est beaucoup trop émouvant. En plus, de pouvoir les rendre fiers… je suis désolée il y a encore les larmes qui commencent à couler.» Et là, c'est presque nous qui sommes désolés d'avoir à nouveau fait pleurer la médaillée olympique. Alors parlons plutôt de réjouissances. La suite du programme pour tout ce beau? «L'apéro», promet le papa. Et en tant que bon groupe de Jurassiens, on ne peut que les croire.