«J'ai gagné un saut en parapente!» Au moment de nous apercevoir et de venir vers nous, Audrey Gogniat n'a pas oublié la (deuxième) chose la plus importante de sa journée. En décrochant une médaille de bronze aux Jeux olympiques, la Jurassienne a remporté son pari qu'elle a fait avec Blick. Folle de joie, elle met sa main devant sa bouche, se rendant compte que son entrée était peut-être un peu bruyante alors que d'autres athlètes sont en interview. Mais elle a tous les droits aujourd'hui: elle est médaillée olympique. Et nul doute que nous allons organiser ça, sans doute depuis les Sommêtres, son lieu préféré dans le canton du Jura.
Mais de retour à Châteauroux. Car la première breloque suisse dans ces Jeux de Paris a eu lieu… à 275 kilomètres de la capitale française. Mais la Suisse était présente en masse dans le public. Une belle délégation de 31 Jurassiens est en effet venue encourager sa protégée. Une pression supplémentaire? Pas pour la jeune tireuse de 21 ans.
Tout au long de sa compétition, elle a été d'une précision métronomique. Rapidement, elle s'est installée dans le Top 3 pour ne jamais le quitter. Certes, les deux qui termineront devant elles sur le podium ont pris leur envol, mais qu'importe. La compétition a été (presque) parfaite. Ce «presque» est obligatoire puisque sur son avant-dernier tir, la Jurassienne et son public ont tremblé. «Le coup est parti trop haut, analyse-t-elle. Là, je me suis dit: 'Audrey, il faut mettre les gaz sinon ça ne va pas passer.'» Et la pression était immense sur ses épaules au moment de son dernier plomb pour une médaille. Et Audrey Gogniat aime se parler: «Je me suis à nouveau dit: 'Tu dois faire un bon coup, tu as travaillé pour ça. Tu choisis: soit tu es quatrième, soit tu as une médaille. Mais tu fais tout ce que tu peux pour y arriver.'» Et elle l'a fait puisqu'elle n'a pas manqué la cible pour le bronze.
«La récompense après tout ça»
Au moment d'arriver en zone mixte et après nous avoir rappelé notre pari, la Jurassienne est touchée. «Il y a beaucoup d'émotions… Je n'ai pas les mots. Mes nerfs sont en train de lâcher.» Et effectivement, des larmes apparaissent dans les yeux d'Audrey Gogniat. «Je n'ai pas pu le faire avant devant les télés mais maintenant que ce n'est pas filmé, ce n'est pas grave», rigole-t-elle.
Comme la veille après sa qualification en finale, la jeune tireuse du Noirmont veut mettre en évidence le travail accompli depuis le début de sa carrière: «J'ai vraiment travaillé des heures derrière la carabine, à souffrir… Enfin, il y a aussi eu des jours simples mais j'ai toujours donné le meilleur de moi-même. Là, c'est la récompense après tout ça.»
Mais avant de filer au contrôle anti-dopage – «je vais d'abord aller boire un peu car je n'ai pas assez besoin de faire pipi là (rires)» –, il y a une dernière question très importante: «Audrey, tu peux nous montrer tes chaussettes s'il te plaît?» Toute fière, la Jurassienne lève son pantalon et elles sont là: ses chaussettes flamants roses porte-bonheur offertes par Nina Christen. Elle l'avoue: elle ne les a pas nettoyées entre les qualifications et la finale. Mais pour une médaille de bronze, cela en valait la peine.