Il y avait quelque chose d’irréel mardi soir du côté de la BCF Arena fribourgeoise. La rencontre entre Gottéron et le Lausanne HC s’est prolongée encore et encore (et encore!). Le match a tellement duré que la décision est intervenue un jour après son début. Il était 00h24 lorsque Philippe Furrer a décidé de mettre un terme à ce morceau de bravoure. Dans les gradins, la joie était presque mêlée à un soulagement. Le match est enfin terminé. Mais est-ce vraiment une bonne idée, durant les play-off, de départager les deux équipes lors d’une mort subite interminable?
Il suffit de se rappeler du précédent qui date de 2019. Ce soir-là, aux Vernets, Genève et Berne avait bataillé durant 117’44'' avant que Mark Arcobello ne vienne mettre un terme à la rencontre. Absolument mémorable. Ce sont ce genre de moments qui forgent la légende. Ce sont lors de telles soirées que s’écrivent les plus belles histoires.
Il est certain que les 8934 spectateurs de l’arène fribourgeoise se souviendront de ce qu’ils faisaient ces 29 et 30 mars 2022. Les Vaudois en garderont forcément un souvenir moins lumineux, mais il est certain que cet acte III fera date.
En aurait-il été de même si la rencontre s’était décidée lors d’une «banale» série de tirs aux buts, comme lorsque la Suisse avait perdu le titre mondial en 2018 à Copenhague? Non! Certes, si l’équipe nationale avait gagné l’or, la donne aurait été changée. Mais se souviendrait-on du tir au but décisif? Le but de Philippe Furrer – surtout après un tel solo – va durablement marquer les esprits.
Depuis mardi soir, plusieurs voix se sont élevées pour remettre en cause ce format. En changer serait une grave erreur. Le niveau de dramaturgie de mardi soir à Fribourg n’aurait jamais été atteint dans des circonstances normales. Les «théories» à la buvette aux alentours de minuit ont frisé l’irréel. «Bon encore dix minutes et je me casse», ai-je pu entendre. On parie que ce supporter est resté jusqu’au bout? Et on parie qu’il en parlera encore un bout de temps? D’ailleurs, ils ne sont pas nombreux à avoir déserté les gradins en cours de soirée. Nul doute que ceux-ci regrettent.