Success story
La reconstruction express du Lausanne HC passée au crible

Au moment où Petr Svoboda avait été rétrogradé du côté du Lausanne HC et peu avant son départ définitif, Blick traçait une feuille de route pour John Fust, nouveau directeur sportif du club. Tous les points ont-ils été suivis?
Publié: 14.04.2024 à 10:50 heures
Geoff Ward (à g.) et John Fust, duo gagnant.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

C'était le 4 novembre 2022. À cette époque, Petr Svoboda était encore actionnaire minoritaire. Ses jours d'omnipotence à la Vaudoise aréna étaient terminés. Ses jours au bord du Léman étaient comptés. Deux mois plus tard, le Tchèque allait prendre un pied aux fesses, non sans avoir pris le soin de prendre quelques deniers au passage. «Le prix de la tranquillité», comme écrit à l'époque sur notre site internet.

Cette tranquillité était justement l'un des points cardinaux dans la feuille de route tracée par Blick pour John Fust, amené à faire une sérieuse tabula rasa à la Vaudoise aréna. Au moment où le Lausanne HC se prépare à l'après Svoobda, voici les quatre dossiers qui étaient majoritaires et comment la situation a évolué en un peu plus de deux ans.

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Ramener de la sérénité dans l'organisation

C'était le point le plus urgent. Il fallait un homme rassembleur pour recoller les morceaux après la rupture d'avec Petr Svoboda. Et John Fust a incarné ce personnage dans l'organisation. Patiemment, le directeur sportif a placé ses pions les uns après les autres. Mais au-delà des choix sportifs et des contrats négociés avec intelligence (on y revient plus tard), le Canado-Suisse a surtout ramené du calme dans les locaux de la Vaudoise aréna.

Un exemple est particulièrement marquant. Au moment où le gardien Connor Hughes se blesse pour plusieurs semaines, la question sur toutes les lèvres est de connaître l'identité du portier importé qui sera enrôlé pour effectuer une pige. Après tout, le manège des licences étrangères était devenu monnaie courante à Lausanne au gré des changements de température ou des humeurs de Petr Svoboda. Lors d'une discussion téléphonique avec John Fust, ce dernier a confié qu'il allait faire confiance à Kevin Pasche, gardien de Martigny et espoir du club. Son nombre de match en National League? Zéro. Son expérience chez les adultes? Pas grand-chose de plus.

Et cela a tellement bien fonctionné que le jeune gardien est devenu une option dans le jeu lausannois. En demi-finale face à Fribourg Gottéron, il a même permis à Connor Huhges de se reposer lors du premier acte afin de se remettre des émotions accumulées en demi-finales. Un coup de génie de la part du directoire qui a été récompensé pour sa patience. Mission accomplie.

2

Trouver le bon coach

Depuis le départ de Heins Ehlers en 2015, aucun entraîneur n'a pu s'asseoir sur le banc à long terme du côté de la Vaudoise aréna. Ville Peltonen était bien parti pour s'y établir sous la gouvernance de Jan Alston. Problème? Le changement d'actionnaire a tout chamboulé et Petr Svoboda - déjà lui - avait décidé de tout envoyer valser. Craig MacTavish n'a tenu qu'une saison avant que John Fust ne vienne jouer les pompiers. Dès qu'il a obtenu le rôle de directeur sportif, ce dernier se devait de trouver la perle rare derrière son banc.

«Je le connais très bien et je suis très confiant dans ce choix», nous avait-il confié au moment de signer Geoff Ward jusqu'au terme de la saison 2024-2025. Au sein d'une organisation qui ne semble avoir quasi jamais connu la stabilité, les deux années et demie de contrat avaient de quoi faire hausser quelques sourcils. «Un gars comme ça n'aurait jamais signé pour moins que cela.» Et le coup d'essai a parfaitement fonctionné.

Lors des discussions de couloirs - lorsque les micros sont éteints -, les joueurs sont dithyrambiques concernant leur entraîneur. Calme, posé, méticuleux mais exigeant. Voilà en quelques mots comment il pourrait être résumé. Bien sûr, les résultats aident. Mais Geoff Ward avait déjà fait l'unanimité bien avant que les succès s'enchaînent. Même au terme de la saison dernière ponctuée par un échec, aucune voix ne s'était dirigée contre lui. Ni du vestiaire et encore moins des bureaux. Preuve qu'il est la bonne personne au bon endroit. Mission accomplie.

3

Restaurer la confiance sur le marché

Combien de joueurs avaient reçu des promesses du Lausanne HC et, ensuite, n'avaient jamais pu signer de contrat à cause d'une parole non-tenue? Il fallait urgemment que cela change. Il fallait également montrer aux agents que le LHC allait désormais se comporter normalement et n'allait plus dépenser «comme un marin ivre» (expression entendue à plusieurs reprises). Comme les longs contrats étaient nombreux, John Fust n'a pas une grande marge de manœuvre pour enrôler de nouveaux éléments suisses. Quasi toute sa défense voit son bail exprier au terme du prochain exercice. Il pourra donc à nouveau prendre son bâton de pèlerin et aller récolter les fruits de sa politique de normalité. Mission en cours.

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Faire le ménage dans les (mauvais) contrats

Avant cette saison, John Fust avait trois épines dans le pied: Ivars Punnenovs, Ronalds Kenins et Michael Hügli. Il lui reste les deux derniers. Durant cette saison, le Lausanne HC a pu se départir du bail à très long terme signé avec Ivars Punnenovs. Le portier letton à licence suisse a fait son sac pour rejoindre Rapperswil. Cela a forcément coûté quelque chose au club. Mais, surtout, cela a économisé de l'argent que les Vaudois devaient de toute façon au gardien. 

Les deux attaquants, eux, sont toujours présents et jouent un rôle inversement proportionnel à leur salaire. Chaque jour qui passe les rapproche un peu de la fin de leur entente avec les Lions. Et donc, chaque jour qui passe rend leur contrat plus facile à placer dans un autre club. Mais Ronalds Kenins est encore vaudois pour deux saisons, tandis que Michael Hügli dispose d'un bail jusqu'en 2027. Pas simple de manœuvrer. Mission en cours.

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Bilan

Sur les quatre points de la feuille de route, les deux plus importants ont été remplis avec brio par John Fust qui a ramené une certaine stabilité et mis en poste un entraîneur à succès. Les deux autres points n'ont pas entravé la marche vers le succès du Lausanne HC. Ils étaient donc moins importants à régler et, surtout, prennent autrement plus de temps. Mais le directeur sportif nous avait confié avoir un plan sur trois ans au moment de prendre son mandat. Le travail abattu jusqu'ici est colossal et une grande partie du mérite de la saison réussie par le LHC doit lui revenir. 

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
20
12
40
2
ZSC Lions
ZSC Lions
18
20
39
3
HC Davos
HC Davos
19
21
38
4
SC Berne
SC Berne
20
15
33
5
EHC Bienne
EHC Bienne
19
4
32
6
EV Zoug
EV Zoug
19
11
29
7
EHC Kloten
EHC Kloten
19
-2
28
8
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
19
-8
26
9
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
18
-10
24
10
HC Lugano
HC Lugano
17
-13
22
11
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
19
-11
22
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
16
-2
21
13
SCL Tigers
SCL Tigers
17
-3
21
14
HC Ajoie
HC Ajoie
18
-34
12
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