«Viens à midi, on aura le temps.» Si le planning n’est pas encore établi, Christoph Bertschy a envie de parler longuement de son retour à Fribourg Gottéron. Et de bien d'autres choses. Attablé au café de la patinoire, il est resté plus d’une demi-heure à refaire le monde. Seule interruption? Son coéquipier, Killian Mottet, qui passait par-là. «Tu ne dis pas trop de bêtises hein?»
L’interview est retranscrite «dans les conditions du direct» et avec le tutoiement de rigueur entre deux personnes qui se côtoient depuis un certain temps déjà.
«Viens à midi, on aura le temps.» Si le planning n’est pas encore établi, Christoph Bertschy a envie de parler longuement de son retour à Fribourg Gottéron. Et de bien d'autres choses. Attablé au café de la patinoire, il est resté plus d’une demi-heure à refaire le monde. Seule interruption? Son coéquipier, Killian Mottet, qui passait par-là. «Tu ne dis pas trop de bêtises hein?»
L’interview est retranscrite «dans les conditions du direct» et avec le tutoiement de rigueur entre deux personnes qui se côtoient depuis un certain temps déjà.
Tu arrives à nous expliquer ton premier souvenir de cette équipe de Gottéron pour qui tu vas désormais jouer?
Pour moi, c’est l’ancienne patinoire au milieu des années 2000. Lorsque j’avais 10, 11 ou 12 ans, je me retrouvais toujours dans les gradins à gueuler pour Fribourg avec les potes. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai toujours eu ce truc en moi qui me donnait envie de jouer ici.
Pourtant, en revenant d’Amérique du Nord, tu as choisi Lausanne…
C’est vrai, nous avions négocié mais cela ne s’est pas fait.
Tu regrettes?
Non, je suis même content que cela se soit déroulé ainsi, pour tout dire. Si je me remets quatre ans en arrière et avec un peu de recul, je pense que cela n’aurait pas été le bon moment. C’était trop tôt. Là, c'est le moment idéal pour revenir à Gottéron. J’ai passé quatre super années à Lausanne. J’ai tout apprécié là-bas. La ville, le club et les fans. Mais c’est vrai que je suis désormais prêt à réaliser mon rêve de jouer pour Fribourg. Je me réjouis aussi de jouer à la maison devant les potes et ma famille. Ce sera incroyable!
Qu’est-ce qui a changé entre 2018 et 2022 pour que tu signes désormais à Fribourg?
Je suis désolé, je vais à nouveau parler de Lausanne (rires). Mais à cet instant, je pense que les deux équipes se trouvaient au même stade. Les deux avaient un projet pour se développer. Celui de Lausanne était beaucoup plus précis et abouti. Tout était en ordre, contrairement à Fribourg. Depuis, il suffit de voir la patinoire dans laquelle nous nous trouvons. Le développement qu’avait prévu Lausanne a également eu lieu ici. Et sur la glace, on voit aussi une progression d’année en année. Franchement, j’ai le sentiment que je n’avais pas vraiment d’autre choix que de revenir.
Quels sont les premiers souvenirs du gamin qui regardait les matches de Gottéron?
Je n’étais pas encore né au moment des années Bykov - Khomutov donc je ne peux pas en parler. Moi, les premiers noms qui me viennent sont ceux de Sprunger et Bykov… mais Andrei Bykov. À l’époque, ils étaient les deux jeunes qui allaient tôt ou tard jouer un rôle majeur dans la première équipe et j’avais envie de m’identifier à eux en tant que junior du club. Sinon, le premier étranger qui m’a marqué s’appelait Jukka Hentunen. Il portait le No 24 et c’était le joueur que je voulais devenir.
Et Christoph Bertschy le junior, c’est quoi son premier souvenir?
Il est encore très clair dans mon esprit (rires). J’étais venu en test avec mon équipe de Guin. Nous avions passé une sélection et tout le monde était dans un des vestiaires qui a désormais disparu. C’était le No 4, je m’en souviens comme si c’était hier. Le coach nous parlait en français et je ne comprenais pas un mot de ce qu’il nous disait (rires). J’étais avec un pote gardien qui essayait de me traduire ce qui se passait. Tout à coup il me dit: «On a tous été pris». Moi je ne pigeais pas car personne ne semblait content autour de moi. Et moi, j’étais trop trop heureux mais je n'osais pas le montrer…
Que représente Julien Sprunger pour toi?
Il représente Fribourg Gottéron. C’est la légende vivante du club et je me demande si on se rend bien compte de ce qu’il fait. Si tu penses à ce club, le premier nom qui doit te venir en tête, c’est le sien. Ça fait plus de 20 ans qu’il joue en LNA et toujours avec Fribourg. C’est fou, non?
C’est sûr. Et quand il était dans l’équipe d’en face, tu étais impressionné?
La première fois que je l'ai affronté, j’avais environ 17 ans. Mais en même temps à cet âge-là, t’es impressionné par tout le monde… Non, quand tu es sur la glace, tu n’as pas d’ami, ni d’idole. Tu joues et tu fais tout pour que ton équipe gagne. C’est plutôt maintenant que je suis dans le même vestiaire que je vois à quel point il est important dans cette équipe. Ce gars est fait pour être capitaine. Il a une telle aura. Je suis assis à côté de lui dans le vestiaire et il a tout de suite essayé de me mettre à l’aise et de m’intégrer.
Tu as choisi quel numéro?
Ho… Alors ça, c’était un sacré processus. J’ai pris le 28. Mais il m’a fallu du temps pour y arriver.
C’est ton âge… Pas si compliqué.
Non, ça n’a rien à voir (rires). Je voulais le 22 mais c’est déjà Dave Sutter qui l’a. Avec ma copine, on a passé une soirée à en parler. Je pensais prendre le 88, mais DiDo (ndlr: Chris DiDomenico) venait de partir alors je me disais qu’il fallait trouver autre chose. Du coup, j’ai écrit à des potes pour leur demander des avis. Une copine a commencé à faire des montages de moi avec un maillot et différents numéros. À la fin, le 28 m’a plu. Ça reprend le 2 du 22 et le 8 du 88.
Tu prends un ancien maillot de qui?
Je suis également allé regarder cela. Geoffrey Vauclair l’avait et il a passé quelques années ici. Mais j’avais tellement de peine à trouver un autre numéro qui me plaisait que j’ai gardé celui-ci. Et comme il n’était pas retiré, ça n’était pas un problème. À force, c’est logique de prendre le chiffre de quelqu’un d’autre.
À mon tour de te parler de Lausanne. Une scène m’a marqué. Lorsque tu as signé à Fribourg, vous aviez un match quelques jours après, à Ajoie. Tu t’en souviens?
Oui, je pense que j’avais été élu homme du match, non?
Exact. Et les fans t’ont rappelé sur la glace comme si de rien n’était. Tu as été surpris?
Non, car je pense vraiment que la plupart des fans du LHC a compris mon choix. Avant que cela soit officiel, ils étaient nombreux à me dire de rester. Mais je crois surtout qu’ils ont vu que j’ai toujours tout donné pour l’équipe, jusqu’au dernier match. Je pense que c’est cela qui compte. Je me suis toujours bien entendu avec eux et il y a toujours eu un respect mutuel.
Tu regrettes de ne pas avoir eu un dernier match à la maison dans la Vaudoise aréna?
Ça me fait surtout chier de ne pas avoir gagné la série. Le reste n’a pas d’importance, que tu sois éliminé à la maison ou à l’extérieur. Bien sûr que cela aurait été cool de jouer une dernière fois devant les fans de Lausanne, mais à la fin cela ne s’est pas fait.
Si l’on regarde tes quatre années là-bas, tu as progressé chaque saison d’un point de vue statistique, sauf la dernière. Tu comprends ce qui est arrivé?
J’avais bien débuté la saison et ensuite j’ai eu de la peine, c’est vrai. J’ai été sorti du power-play. Comme je partais en fin de saison, j’ai compris cette décision. Je jouais moins de situations spéciales. Moins de face-off offensifs par exemple. Mais cela ne change rien au fait que j’ai eu de la peine, je l’avoue bien volontiers. Par contre, je crois n’avoir jamais triché défensivement et j'ai toujours mis l’équipe au premier plan en bloquant des shoots, en travaillant fort.
Tu t’attends à quoi pour ce premier match à Lausanne qui n’aura lieu que fin novembre?
Je m’attends à quelque chose de neutre me concernant. Ce sera un derby comme un autre avec la même intensité. Ce sera évidemment bizarre de voir les anciens coéquipiers et on parlera sûrement un peu durant l’échauffement. Mais lorsque le puck sera lâché, ce sera une bataille.
Et ce premier match à Fribourg pour l’ouverture de la saison, le 16 septembre contre Ambri?
Ce sera plein, c’est sûr. Les attentes sont énormes, surtout après une belle dernière saison. Je m’attends à quelque chose d’incroyable. Je me réjouis de passer dans le Dragon avec ce maillot sur le dos. Bon… je regrette de ne pas avoir pu utiliser l’ancien. Et puis il faudra aller sur le banc du bon côté maintenant (rires).
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Tu parles des attentes concernant l’équipe. Mais te concernant, elles seront également élevées, non?
Je me suis promené quelques fois en ville, et pour l’instant ça va. Tout le monde n’est pas venu me parler. Mais c’est sûr que je dois me préparer à ce qu’il y ait de la pression. S’il y a un moment compliqué, et il y en a forcément dans une saison, tout le monde va me parler de ça, entre mes potes et ma famille. Mais j’ai le caractère nécessaire pour gérer cela. Les gens qui connaissent le hockey remarquent si tu joues de la bonne manière. Et moi, je vais toujours jouer pour l’équipe en premier lieu.
Sept ans de contrat, c’est vertigineux…
Cela ne me fait pas peur. Au contraire, cela me plaît qu’une équipe ait décidé de me faire autant confiance. J’ai envie de redonner quelque chose à cette organisation en restant dans la meilleure forme possible jusqu'à mes 35 ans. Ce n’est pas commun pour un club de donner un tel contrat et je suis fier que l’on accepte de prendre ce risque pour moi.
Tu as un bon agent, tout de même.
C’est moi qui me représente (rires). Franchement, ce n’est pas simple. C’est bizarre d’aller chez quelqu’un et d’estimer ta propre valeur. De dire à un dirigeant: «Regarde, moi je peux t’apporter ça, ça et ça. Donc je vaux tant.» J’aurais beaucoup plus de facilité à le faire pour toi et dire ce que tu fais de bien et pourquoi tu mérites tel salaire et telle durée de contrat. Là, tu fais des promesses sur toi-même. C'est cool comme expérience à vivre une fois. Mais ce n'est pas simple. Après, je me rends aussi compte que je suis dans une situation privilégiée et je n'ai pas trop dû me vendre.
Tu es vraiment allé chez Dubé négocier ton contrat?
Oui, oui. Le premier contact a été fait par le président, Hubert Waeber. Mais après, c'est vrai. Cela s'est passé ainsi. Nous avions rendez-vous quelque part et il n’y avait pas de place, alors il m’a invité chez lui avec mon beau-père. J’étais accompagné car il est dans les assurances et gère de gros clients. Donc je savais qu’il pouvait être de bon conseil. Nous avons eu une bonne discussion… enfin c’est surtout Christian Dubé qui m’a parlé de son projet et de ce qu’il voyait. Il m’avait déjà fait une offre. Nous nous sommes rappelés le soir et nous avons rapidement trouvé un accord.
Tu es le huitième joueur fribourgeois dans le club avec Mottet, Sprunger, Bykov, Marchon, Jecker, Jobin et Schmid. C’est important pour toi cette identité locale?
Oui, très important, pour moi et pour les gens de la région. Hubert (ndlr: Waeber) a dit il y a trois ans qu’il voulait ramener les Fribourgeois à la maison. Je pense que c’est une bonne chose de le faire tout en poursuivant le développement du mouvement junior. Pour les fans, c’est super d’avoir des joueurs auxquels ils peuvent s’identifier. Et Fribourg le fait très bien. Je me réjouis de rejoindre ce groupe, ce d’autant plus que j’en connais déjà un bon nombre. Par exemple, j’ai fait mes juniors avec Benoît Jecker et j’ai joué quelques matches avec Mottet.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 20 | 12 | 40 | |
2 | ZSC Lions | 18 | 20 | 39 | |
3 | HC Davos | 19 | 21 | 38 | |
4 | SC Berne | 20 | 15 | 33 | |
5 | EHC Bienne | 19 | 4 | 32 | |
6 | EV Zoug | 19 | 11 | 29 | |
7 | EHC Kloten | 19 | -2 | 28 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 19 | -8 | 26 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 18 | -10 | 24 | |
10 | HC Lugano | 17 | -13 | 22 | |
11 | HC Fribourg-Gottéron | 19 | -11 | 22 | |
12 | Genève-Servette HC | 16 | -2 | 21 | |
13 | SCL Tigers | 17 | -3 | 21 | |
14 | HC Ajoie | 18 | -34 | 12 |