Dimanche dernier, Leonardo Genoni a fêté avec Zoug son septième titre de champion de Suisse. Le gardien de 34 ans a refusé toutes les demandes d’interview durant les play-off. Pour Blick, il sort enfin de son silence.
Leonardo, pourquoi avez-vous évité les médias pendant les play-off?
Parce que cette manière de faire a déjà porté ses fruits. De toute façon, je ne suis pas quelqu’un qui fait de grandes déclarations dans les médias. Cela s’est simplement passé comme lorsque je jouais encore à Davos, quand Arno (ndlr: Del Curto) décidait encore qui donnait les interviews et qui ne le faisait pas. Mais je pense que c’est surtout quelque chose qui vous intéresse vous, les journalistes.
En quoi ce silenzio stampa vous aide-t-il?
M’aider? Je ne pense pas que cela m’aide pour quoi que ce soit, mais cela ne me fait certainement pas de mal. Je préfère répondre sur la glace, plutôt que dans le journal. D’ailleurs, la façon dont un gardien de but voit un match ne reflète peut-être pas tout à fait la façon dont il s’est déroulé pour ceux qui sont devant lui.
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À qui parlez-vous en premier après un match?
Cela dépend de la situation et s’il y a eu une action particulière. Je parle toujours à l’entraîneur des gardiens (ndlr: Simon Pfister) pour avoir son retour, mais nous n’échangeons que quelques mots à la fin du match. La grande analyse n’a lieu que le lendemain.
En revanche, vous parlez à peine avec l’entraîneur principal Dan Tangnes, c’est juste?
Ce n’est pas non plus comme si cela me manquait. Nous nous entendons bien. Dan a plus de vingt autres joueurs à encadrer et il a donc déjà de nombreux interlocuteurs. Mais quand il y a quelque chose à discuter, nous ne nous évitons pas non plus, pas du tout.
Lorsque Zurich menait 3-0 en finale, est-ce que vous en avez ressenti le besoin?
Non, il n’y a pas eu de réunion de crise, d’équipe ou autre. Nous savions qu’il suffisait de peu pour que la série bascule en notre faveur. Je n’ai jamais eu beaucoup de contacts avec mes entraîneurs principaux, que ce soit avec Arno à Davos ou Kari Jalonen à Berne. Ce dernier communiquait beaucoup avec le groupe des capitaines, je n’avais donc aucune raison de m’en mêler. Ici à Zoug, je participe à certaines réunions, mais plutôt à celles qui ont lieu en été. Il s’agit alors d’une analyse générale ou de la planification de la saison.
Dan Tangnes souligne toujours que l’homme derrière le joueur est important pour lui.
C’est vrai. Avant de signer à Zoug, j’ai longuement parlé avec lui. Nous avons échangé plus de deux heures au téléphone et il m’a exposé ses idées et sa philosophie. Ce fut notre plus longue conversation. Si nous devions à nouveau parler pendant deux heures ensemble, c’est que quelque chose se serait mal passé (sourit).
Les jours de match, est-ce que vous parlez hockey avec votre femme?
Non, le hockey n’est pas un sujet très important à la maison. Peut-être encore plus pendant les play-off, parce qu’on joue plusieurs fois contre le même adversaire et que le hockey prend déjà plus de place.
Et vos enfants? Est-ce qu’ils vous parlent de vos matches?
Mon plus grand fils, Giulien, est maintenant en âge de suivre les matches et il le fait volontiers. Il était en tribunes pour la finale. Chez Emilia et Gianni, ça vient doucement. Le plus petit a surtout aimé la médaille et les confettis dorés que je lui ai apportés. Mais non, ils ne me parlent pas de mes performances.
Votre plus jeune fils Gianni vous a même rasé la barbe à la fin des play-off.
C’était dangereux! (rires) Non, c’était amusant. Gianni m’a dit que ma barbe grattait et qu’il fallait que je l’enlève. Il a pu me raser les joues avec la tondeuse électrique. Le cou, c’est un peu délicat et il ne fallait pas que je finisse en sang.
Quel est votre état d’esprit, quelques jours après votre septième titre de champion?
Je suis tout simplement très, très heureux. C’est formidable ce que nous avons accompli. Ce qui me fait surtout plaisir, c’est de voir à quel point cette finale a été la meilleure publicité possible pour le hockey suisse. Nos performances, la qualité des matches, les émotions, la joie.
Est-ce que vous êtes émotif? Avez-vous lâché une larme après ce septième titre?
Oui, j’ai par exemple été touché par l’immense joie de Reto Suri. C’était tellement beau de voir qu’il avait enfin atteint ce dont il rêvait depuis si longtemps. C’est très touchant, tout comme le fait qu’il n’ait pas pu jouer les deux derniers matches.
Pour la première fois, vous avez réussi à défendre un titre avec la même équipe. Ça change quelque chose?
Non, pas vraiment. Que l’on ait déjà remporté le titre l’année précédente ne joue pas un grand rôle. Défendre son titre, c’est une belle confirmation, mais ça ne rend pas le moment plus spécial.
L’équipe a fêté le titre en faisant un petit voyage à Prague. Pourquoi vous n’y étiez pas?
On ne savait pas quand nous, les Zougois, devions rejoindre l’équipe de Suisse. Finalement, ce sera seulement ce dimanche. Je vais donc m’entraîner pour rester en forme. Nous avons tous les trois loué une patinoire à Lucerne pendant une heure tous les matins.
Le championnat du monde approchent. Aurez-vous le temps de savourer votre titre de champion?
C’est un moment cool où toute la tension disparaît. Et, c’était super d’avoir pu participer samedi au défilé en ville de Zoug, de clore la saison avec mon club comme il se doit.
Vous avez 34 ans. Est-ce qu’en cette année olympique, vous aurez encore assez d’énergie pour le Mondial?
C’est toujours une décision que je prends sur le moment. Et pour l’instant, je me sens très bien, aussi bien physiquement que mentalement. Je suis incroyablement en forme pour mon âge.
Est-ce que vous allez prétendre à la place de numéro 1 en équipe nationale?
Là aussi, cela va dépendre de mon état de forme. Ce septième titre de champion ne sert à rien si mes performances ne suivent pas. Mais, je ne suis que le gardien, c’est l’entraîneur qui prend la décision. Je vais donc tout faire pour que le sélectionneur me fasse jouer. C’est la seule chose que je puisse faire. L’âge ne doit jouer aucun rôle.
Quel est votre plus grand objectif dans le hockey sur glace?
Ce qui me motive, c’est la joie et la soif de succès. Si je n’avais plus cette joie, j’arrêterais immédiatement. Jouer au hockey, ce n’est pas une obligation, c’est toujours un droit. Le jour où cet aspect change, j’aurai du mal. Je me fixe des objectifs chaque année. Avec une participation aux Jeux olympiques et la défense de ce titre de champion, j’en ai atteint deux. Le prochain objectif est de réaliser une bonne performance au championnat du monde. Mais bien sûr, le fait d’avoir été si proche du titre en 2018 m’a donné envie d’aller encore plus loin. Je rêve encore de gagner la médaille d’or.