La saison 2020-2021 du capitaine du Lausanne HC s’est terminée de la pire des manières. Non seulement le club vaudois a été éliminé en quart de finale par les Zurich Lions, mais Mark Barberio a vécu une fin de play-off chaotique. Auteur d’une double attaque contre Sven Andrighetto lors du quatrième match de la série, il avait écopé de six matches de suspension. Après en avoir déjà purgé deux, il manquera donc les quatre premières rencontres de la saison à venir.
Malgré tout, le Canadien participe activement à la préparation de son club. Il profitera de ce temps supplémentaire pour poursuivre une sérieuse remise en question entamée durant la pause estivale. Après la rencontre amicale perdue jeudi soir face à Fribourg Gottéron (1-2 ap), l’heure était à l’introspection.
Mark Barberio, racontez-nous votre été. Qu’avez-vous fait?
À la fin du mois de mai, j’ai dû me soumettre à une opération chirurgicale. Cela s’est bien déroulé, mais ensuite il a fallu se concentrer sur la rééducation afin d’être prêt à 100% pour le début de saison. Normalement, ce genre d’intervention prend trois ou quatre mois pour se soigner. Je suis de retour à 100% moins de trois mois après et je suis très fier de cela.
C’était l’épaule, n’est-ce pas?
Oui exactement. Je sentais une gêne depuis un certain nombre d’années. Je m’astreignais à effectuer de la rééducation et du travail en amont pour être tout de même capable de jouer. C’était le cas la saison dernière. Mais nous avons décidé avec le management et les coachs qu’une opération serait la meilleure chose à faire pour éviter d’être dérangé sur le long terme. Tout le travail postopératoire s’est fait en Suisse avec les physios du club et cela s’est bien passé.
Vous n’avez pas pu retourner au Canada?
Pas longtemps. Avec toutes les restrictions liées au Covid, c’était difficile de repartir. Très compliqué, même (rires). J’y suis tout de même retourné trois semaines et cela m’a vraiment fait du bien. Je suis passé près d’un an sans voir ma famille et mes amis. Mentalement, cela fait un bien fou de les avoir revus.
Vous serez suspendu pour les quatre premiers matches du prochain championnat. Comment appréhendez-vous cela?
J’essaie de le prendre comme une chance d’être encore davantage prêt lorsque je serai de retour dans l’alignement. Le fait que nous disputions la Champions League est une chance. Mon focus est donc sur cette compétition pour laquelle je ne suis pas suspendu. En ce qui concerne le championnat, je disposerai de deux semaines supplémentaires pour travailler encore plus fort en salle de force.
Les émotions de la fin de saison dernière sont retombées. Avec du recul, comment l’analysez-vous?
Il faut remettre les choses dans le contexte. Ce n’était pas juste difficile d’un point de vue hockey.
Dans quel sens?
Avec cette saison particulière liée au coronavirus, tout était spécial. Me concernant, j’ai terminé très tard la saison précédente avec Colorado et suis immédiatement venu en Suisse pour entamer le championnat avec Lausanne. Tant d’un point de vue physique que mental, je me rends compte que j’ai demandé beaucoup à mon corps. Je sais que je suis un joueur émotionnel mais… Mais là c’était juste trop. Beaucoup trop, même. Au Québec, on dit que j’ai «pété une coche» durant ces play-off.
Avez-vous spécialement travaillé sur la gestion de vos émotions?
Oui. Pas nécessairement avec un psychologue du sport à proprement parler, mais j’ai fait des séances dans ce sens. En étant sportif professionnel, nous travaillons sans arrêt sur notre corps. Physiquement, nous sommes prêts. En ce qui concerne le cardio et la préparation musculaire, tout va bien. Mais c’est important de ne pas négliger l’aspect mental et je suis convaincu que l’expérience acquise cet été me sera utile durant la saison à venir. Il faut être capable de tourner la page et commencer un nouveau chapitre. Je parle pour moi, mais aussi pour le club. Nous avions des attentes la saison dernière et n’avons pas été à la hauteur. Nous sommes tous très excités et avons envie de montrer un nouveau visage.
Que retirez-vous de tout cela?
Beaucoup de choses. C’était une nouvelle expérience pour moi que je vais devoir être capable de mettre à profit dans la gestion des émotions. Oui, le hockey est un jeu où cette composante est importante, mais c’est un jeu avant tout. Et c’est important de ne pas l’oublier. Nous sommes tous très chanceux d’y jouer et il faut avoir conscience que cela ne durera pas toute la vie.