Les Souris contre les Abeilles. En théorie, on pourrait presque croire qu'il s'agit là d'un conte pour enfants. Mais Soleurois et Neuchâtelois n'ont pas fait la paix à la fin de l'histoire. À l'inverse. Avant même le coup d'envoi de l'acte II de la finale de Swiss League, les joueurs d'Olten et de La Chaux-de-Fonds en sont venus aux mains.
Mais que s'est-il réellement passé alors qu'il restait moins d'une minute d'échauffement et que la plupart des joueurs chaux-de-fonniers étaient déjà de retour aux vestiaires? Personne ne le sait vraiment mais tout tourne autour d'un homme: le défenseur neuchâtelois Colin Fontana.
Allons donc poser la question au principal intéressé. Que s'est-il passé? «J'étais prêt, entame le numéro 67 du HCC. Un gars est venu vers moi et j'ai dû me protéger, et protéger l'équipe.» Et que lui a dit le joueur d'Olten pour que ça parte en pugilat? «Je ne sais pas. Je ne l'ai pas vraiment écouté. Il a posé sa main sur mon visage, m'a insulté et c'est tout.»
Quelques instants plus tard, trois Soleurois sont sur lui et le rouent de coups. À la fin de la bagarre, Colin Fontana se retrouve même sans maillot d'échauffement. Mais cette altercation n'a pas l'air de l'avoir marqué profondément: «J'aime chercher l'équipe adversaire… J'en ressens même le besoin.»
Huguenin et Antonietti en policiers
Dans chaque camp, un joueur essayait tant bien que mal de calmer tout le monde à la fin de l'échauffement. Du côté des visiteurs, Anthony Huguenin tentait de faire la police tandis qu'Eliot Antonietti en faisait de même pour les Souris.
«Je ne suis pas trop allé dans les bagarres, tempère le défenseur neuchâtelois. J'essaie au contraire de nous éviter cela car ça peut partir loin.» Mais avec un coéquipier tel que Colin Fontana, empêcher cela est quasiment mission impossible. L'arrière tessinois est connu pour être un joueur survolté. «Tu as meilleur temps de l'avoir dans ton équipe que contre toi», souligne Anthony Huguenin.
Et si un joueur en sait quelque-chose, c'est le pompier de service côté soleurois, Eliot Antonietti. Le Vaudois d'Olten a côtoyé Colin Fontana à Biasca et nous raconte l'incident de l'échauffement: «De ce que j'ai compris, il y a eu un mauvais coup sur un de nos joueurs. Est-ce qu'on en a donné un avant? Je ne sais pas, je n'ai pas vu. Mais je sais qu'à La Chaux-de-Fonds mercredi, Fontana est venu nous chercher au milieu de la glace. Je lui ai dit d'aller un peu plus loin et il n'a pas voulu.»
«Je n'ai pas envie de faire de la boxe»
D'un calme olympien malgré la défaite des siens, Eliot Antonietti n'a pas voulu se prendre la tête avec cette altercation. «Je trouve cela inintéressant et c'est pour ça que j'ai été vers tout le monde et que je leur ai dit: 'Les gars, on peut se battre toute la nuit si vous voulez mais à quoi ça sert?'»
Le défenseur des Souris a également vu les téléphones sur le banc de La Chaux-de-Fonds être dégainés pour prendre des vidéos. Le spectre d'une lourde amende a plané sur la patinoire du Kleinholz et Eliot Antonietti a voulu éviter cela. «Un match de hockey, ça se joue 60 minutes sur la glace, s'exclame-t-il. Je n'ai pas envie de faire de la boxe et encore moins qu'un coéquipier se blesse. Je trouve qu'il y a des choses plus intelligentes à faire.»
«Ni chaud, ni froid»
Et comment ont réagi les vestiaires après cette bagarre? «Personnellement, ça ne me fait ni chaud, ni froid, commente Eliot Antonietti. Mais je pense qu'il y a des joueurs qui ont besoin de ça pour vivre, d'autres qui n'en ont rien à foutre – pardon du terme – et d'autres qui n'aiment pas cela, qui en sont perturbés.»
Dans le camp adverse, on avait l'air un peu plus galvanisé par cette querelle. «C'est bien pour nous, car des gars sont venus m'aider – c'est important de se protéger dans l'équipe», souligne Colin Fontana.
«Ça te motive un peu plus à leur rentrer dans le lard, lâche Anthony Huguenin. Et tu as besoin de gars qui vont pénétrer dans la tête des adversaires. Ils étaient dix sur Fontana à l'échauffement et ça leur a fait perdre un peu d'énergie. Il a pris des coups pour nous et je pense que ça nous a aidé à gagner ce match.»
La même lors de l'acte III?
Une analyse que ne partage pas vraiment Eliot Antonietti: «Je connais le bonhomme et il n'est pas du tout entré dans ma tête. Si en face, il pense que c'est grâce à lui qu'ils ont gagné, tant mieux pour lui. Ce sera le héros de l'autre côté.»
Le «héros» chaux-de-fonnier va-t-il remettre ça dimanche lors de l'acte III, et à nouveau tenter de chauffer les esprits des joueurs d'Olten? «Je ne sais pas, on verra», sourit malicieusement Colin Fontana. Une chose est sûre: suivre du regard le numéro 67 lors de l'échauffement aux Mélèzes sera forcément source de divertissement.