Connor Hughes a dû attendre une éternité pour que son secret soit révélé. Entre le coup de fil du sélectionneur national, Patrick Fischer, et l'annonce de sa sélection, une semaine a passé. «C'était terrible de ne rien pouvoir dire, rigole le gardien de Fribourg Gottéron, révélation de ce début de saison. Je suis content que nous puissions désormais en parler librement.»
Car si une sélection en équipe de Suisse a quelque chose de normal pour ses coéquipiers Killian Mottet ou Christophe Bertschy, ce n'est pas le cas pour lui. «Pas du tout, pouffe-t-il. Franchement? Et toi, tu aurais osé me poser la question si je pensais porter un jour le maillot de l'équipe de Suisse? J'imagine que non.» Difficile de lui donner tort, en effet.
Remettons-nous dans le contexte. Cet été, Connor Hughes entamait sa troisième saison en tant que doublure de Reto Berra. Le Zurichois ne lui avait laissé que des miettes lors des deux premiers championnats. Respectivement 7 et 9 matches, pour être précis. Difficile de prouver sa valeur dans ces conditions. Et puis, tout a changé il y a deux mois, lorsque le titulaire a dû se soumettre à une intervention chirurgicale. «Mon but dans la saison était de jouer le plus de matches possibles et de continuer ma progression», précise-t-il.
Depuis, Connor Hughes est devenu le titulaire indiscutable devant le filet des Dragons. «Pour moi, ce qui m'est arrivé ressemble à une courbe exponentielle, analyse-t-il. Est-ce que j'étais prêt à cela? Je ne sais pas vraiment. Je ne m'y attendais pas. Mais je suis content d'avoir su saisir ma chance.» Et c'est peu dire qu'il l'a saisie puisqu'il est aujourd'hui courtisé par plusieurs clubs, comme Langnau et Lausanne. «C'est peut-être la partie moins agréable, rigole-t-il. Le focus est braqué sur moi et je ne suis pas très à l'aise.»
«Mon caractère sera testé»
Lors des deux derniers matches des Dragons, Connor Hughes a été moins en vue. «C'est une période un poil moins simple, admet-il. Mais je savais que tôt ou tard la courbe allait s'aplanir et qu'il y aurait un ou deux accrocs. Le but est désormais de la maintenir à un haut niveau.» Avant de partir sous les drapeaux, il aura encore deux occasions de se racheter face à Berne et Davos. «Rebondir après un mauvais match, c'est un vrai test, lorsque tu es gardien, remarque-t-il. C'est là qu'il faut être capable de montrer son vrai caractère.»
La semaine prochaine, les projecteurs seront encore davantage braqués sur lui, avec les trois matches de l'équipe de Suisse dans «sa» patinoire: «Je ne sais pas si le coach m'a sélectionné parce que les matches sont à Fribourg, mais c'était en tout cas une belle surprise.» Le Canado-Suisse s'exprime en anglais, lui le natif de London en Ontario, qui est arrivé en Suisse en 2018. Connaît-il l'hymne national? «Je ne vais pas répondre à cette question, éclate-t-il de rire. Non, je ne le connais pas. Mais vous savez, si on ne me fredonne pas la mélodie de l'hymne canadien, je ne le connais pas vraiment non plus (rires).»
D'ici au match ouverture contre la Suède, il a encore un peu de temps pour découvrir les paroles, ce d'autant plus que Fribourg effectue le voyage vers Davos dimanche. De quoi mettre à profit les nombreuses heures de trajet?