Genève-Servette est présenté comme le premier club suisse à disputer une finale de Champions Hockey League. Dans les faits, cela sonne juste. Pourtant, en 2009, les Zurich Lions avaient déjà remporté la finale d'une compétition d'une même nom. Sauf que la Champions League sous son format de la saison 2008/2009 n'existe plus. C'est bel et bien un nouveau trophée que les Aigles pourraient remporter mardi face aux Suédois de Skellefteå.
Présent dans l'équipe zurichoise à l'époque, Jan Alston n'est pas forcément d'accord. Pour lui, la première finale d'un club suisse remonte à 2009. «C'est d'office», explique le dirigeant davosien. Mais si Blick les a contactés – lui et ses coéquipiers de ligne romands Mark Bastl et Thibaut Monnet –, ce n'est pas pour lancer ce débat. Mais plutôt pour que les trois hommes nous ouvrent leur album souvenir.
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«Rien n'était joli là-bas»
Avant de parler de la finale à part entière, les anciens Lions se souviennent surtout de l'épopée de cette saison, pour une compétition toute nouvelle. La première anecdote est lâchée par Jan Alston: «J'étais sur les escaliers de l'avion, prêt à embarquer pour notre premier match en Suède. Le responsable des finances me demande: 'Tu crois qu'on va gagner un match?' Je lui ai répondu que d'abord, on allait jouer le premier et qu'après, on verrait.»
Car contrairement à Genève, Zurich n'avait pas fait de cette Champions Hockey League un objectif de sa saison. «Il faut préciser qu'à l'époque, ce n'était presque que les vainqueurs des différents championnats qui étaient qualifiés, souligne Mark Bastl. Et c'était vraiment une aventure.» Pour le match aller de la finale face au Metallurg Magnitogorsk, les Zurichois avaient même dû louer un avion privé – «parce que personne ne voulait voler jusqu'à Magnitogorsk», sourit l'ancien No 39 des Lions.
«Cinq heures d'avion pour jouer un match, on n'y était pas très habitués en Suisse, rajoute Thibaut Monnet Et quand tu arrives là-bas, c'est un autre monde. Il n'y a rien de joli dans cette ville à part la patinoire (rires).» À l'époque et contrairement à aujourd'hui, la finale se jouait sur une confrontation aller-retour. Mais en 2009 et après un match nul (2-2) en Russie, tout allait se dérouler en Suisse.
Le déménagement à Rapperswil
Mais pas à Zurich, puisque le Hallenstadion avait déjà été réservé pour un événement: Art on Ice. Jan Alston, Mark Bastl et Thibaut Monnet ont donc dû s'exiler à Rapperswil pour jouer leur finale.
Ce qui était presque un mal pour un bien selon eux. «C'était vraiment une ambiance phénoménale, car on avait toute la patinoire derrière nous – et même la Suisse, se souvient Thibaut Monnet. C'était une patinoire un peu plus 'hockey' – on avait l'impression que les spectateurs étaient avec nous sur la glace.»
Un souvenir que se remémore aussi Mark Bastl: «Ils avaient tout fait pour qu'on se sente à la maison – avec les publicités, les couleurs du club… Et contrairement au Hallenstadion où tout était si grand, les personnes à Rapperswil étaient vraiment tout autour de nous. Ça a donné une ambiance beaucoup plus électrique.»
Les troisièmes et quatrièmes buts
Et qu'en est-il du match en lui-même? «C'était le match parfait, ajoute le Vaudois. On a marqué le premier but et après, il y avait cette euphorie dans la patinoire… L'adversaire était peut-être un peu déboussolé.»
Surtout, la ligne Monnet-Alston-Bastl a pu se mettre en évidence, sur le 4-0. «Thibaut m'a servi un superbe caviar pour marquer un but en finale», se souvient encore aujourd'hui Jan Alston. Sauf que ce n'est pas la réussite de sa ligne qui a marqué le plus Mark Bastl ce soir-là: «L'émotion de Mathias Seger quand il inscrit le 3-0… Un coup de fusil depuis la ligne bleue. Et sa joie. C'était comme un lion en cage.»
Il a semblé ce soir-là que rien – même l'une des meilleures équipes de Russie – ne pouvait venir à bout de Zurich. «Oui, tout s'est vraiment déroulé parfaitement», appuie Thibaut Monnet. Grâce à leur victoire sans trembler, les ZSC Lions devenaient la première équipe suisse à remporter la Champions Hockey League.
Zurich derrière Genève
Même si la compétition est morte, une autre a pris son nom. Et ce mardi, Genève pourrait rejoindre Zurich au panthéon des équipes suisses ayant gagné un trophée européen. Alors, jalousie du côté des anciens Lions? Pas du tout, au contraire.
«Tout ça, c'est fait pour être battu, espère Jan Alston. Je souhaite bonne chance et plein de succès à toute l'organisation de Genève. Pour la Suisse, c'est énorme et je pense qu'ils sont bien armés pour gagner ce match.» Le dirigeant du HC Davos promet même qu'il regardera la rencontre.
Un choix que Thibaut Monnet n'a pas encore complétement arrêté. «Je veux que Genève gagne, pour prouver que le hockey suisse est très bon – que ce soit au niveau de la formation ou du style de jeu.»
Et le dernier larron, d'abonder dans le sens des deux autres: «Je souhaite tout le meilleur à Genève – si on peut être deux à l'avoir fait, tant mieux. Genève a fait une excellente saison l'année dernière et mérite. Qu'il ramène ce titre en Suisse, que tout le monde profite», lâche Mark Bastl. Juste avant de raccrocher, le Vaudois ose même lâcher un «Allez Genève-Servette!»