Y aura-t-il des renforts?
Le point complet sur le mercato du Lausanne-Sport

Tony Chauvat, responsable du recrutement au LS, effectue un tour d'horizon complet de toutes les questions brûlantes du mercato. Le retour d'Aliou Baldé, le départ de Toichi Suzuki, le remplacement ou non d'Alvyn Sanches, les fins de contrat l'été prochain...
Publié: 21.12.2023 à 06:34 heures
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Dernière mise à jour: 21.12.2023 à 07:03 heures
Toichi Suzuki (à gauche) s'en va. Et Dominik Schwizer, joueur de rotation? Le LS pense déjà à demain dans ce mercato hivernal, avec plusieurs joueurs arrivant en fin de contrat l'été prochain.
Photo: keystone-sda.ch
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Le Lausanne-Sport pensait avoir lancé sa saison avec son très bon mois de novembre, mais les trois derniers résultats (deux défaites à Grasshopper et Winterthour, le nul face à Servette) sont venus plomber cette dynamique positive. Le club de la Tuilière doit-il réagir lors du mercato hivernal? Quel bilan tirer des recrues arrivées cet été? Aliou Baldé a-t-il une chance de revenir? Comment se passe la collaboration avec Nice? Ludovic Magnin est-il impliqué dans le scouting?

Blick fait le point sur toutes ces questions avec Tony Chauvat, responsable du recrutement au Lausanne-Sport, un club où il est arrivé en 2020 et où il a déjà vécu beaucoup de choses, de la Super League à la Challenge League et inversément.

Le retour d'Aliou Baldé

Parti dans les derniers jours du mercato à Nice, Aliou Baldé ne s'y est pas du tout imposé pour l'instant, se retrouvant tout au bout du banc de l'équipe de Ligue 1. Au point que la question d'un retour à Lausanne se pose, sachant que l'ailier sénégalais ne peut jouer dans aucune autre équipe dont le championnat se joue selon le calendrier «européen», vu qu'il a déjà évolué en match officiel pour deux clubs dans la même saison. Bref, si Aliou Baldé veut jouer en janvier 2024, il ne peut choisir que Lausanne. Sauf qu'il ne reviendra pas, assure Tony Chauvat. 

«Non, c'est sûr, je peux vous le confirmer. Aliou aura certainement un rôle à jouer avec Nice, au vu de la CAN qui arrive. Nice compte sur tout son effectif et il n'y a aucune chance qu'il soit avec nous ce printemps. Je peux même élargir la question: aucun joueur de l'OGC Nice ne nous rejoindra cet hiver», explique le responsable du recrutement. Un message clair.

Aliou Baldé rester à Nice cet hiver.
Photo: DR

Lausanne va-t-il se renforcer?

Pas impossible... mais pas sûr. «Nous sommes à l'affût pour tous les postes, nous ne nous interdisons rien, mais nous n'avons aucun besoin spécifique urgent», répond Tony Chauvat. Les postes de latéraux ne sont-ils pas à renforcer absolument, sachant que seuls Morgan Poaty, Chris Kablan et Raoul Giger sont des spécialistes du poste? «Pas forcément. Hamza Abdallah, des M21, a déjà pu montrer ses qualités et nous pouvons très bien décider de lui faire confiance. Cela dépendra des opportunités de marché, comme pour tous les postes d'ailleurs.»

La blessure d'Alvyn Sanches va-t-elle être compensée?

La réponse est plutôt non, mais là aussi, le LS ne s'interdit rien. «On l'a vu récemment avec Warren Zaïre-Emery à Paris, les jeunes joueurs récupèrent en général plus vite que les anciens. Pour Alvyn, on verra, on ne va rien forcer, mais il ne sera pas absent jusqu'en fin de saison, il n'y a pas d'urgence de recruter à tout prix un remplaçant. Nous avons des solutions à l'interne, mais bien sûr que si un bon joueur offensif se présente cet hiver, nous n'hésiterons pas. Des pistes? Nous en avons toujours, nous anticipons au maximum», explique Tony Chauvat.

Alvyn Sanches sera-t-il opérationnel au début du printemps déjà?
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Des départs sont-ils à prévoir?

Toichi Suzuki ne sera pas un joueur du Lausanne-Sport au printemps, l'affaire est entendue. «Il retourne au Japon pour des raisons personnelles et familiales. Son envie d’y retourner est déjà là depuis cet été car il va être papa. Nous avons refusé un départ en août dernier afin de lui laisser la porte ouverte cet hiver si l’offre était cohérente, et c’était le cas», explique Tony Chauvat. D'autres joueurs, moins utilisés, pourraient être tentés d'aller chercher du temps de jeu ailleurs, mais ce n'est pas pour autant que le LS les poussera vers la sortie. 

«Il faut être prudent. Pour le grand public, par exemple, il est clair que l'utilité de conserver certains éléments se pose. Certains jouent peu et j'entends parfois qu'il serait mieux qu'ils partent mais il faut être conscient qu'ils peuvent être très utiles pour un groupe. Ils acceptent leur rôle, ils entrent de manière positive et ils sont performants dans ce qui leur est demandé. Cet aspect-là est à prendre en compte aussi», enchaîne-t-il.

Pour autant, tous les joueurs dits «de rotation» ne seront pas retenus si toutes les parties s'y retrouvent, mais il est aussi possible que certains joueurs cadres soient attaqués, comme Alvyn Sanches, Jamie Roche ou Antoine Bernede. Le LS a-t-il les moyens de les retenir? «C'est notre intention, bien sûr. Nous voulons garder nos meilleurs joueurs, mais leurs performances suscitent des intérêts et c'est normal.» 

Toichi Suzuki, heureux papa, retourne au Japon.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus

Lausanne a-t-il approché Mario Gavranovic cet automne?

Alors que Kaly Sène et Brighton Labeau peinaient à se montrer efficaces en début de saison, la rumeur a poussé Mario Gavranovic vers Lausanne, alors que le FC Sion s'intéressait également à lui, de manière concrète et publique. Y avait-il un fond de vérité là-derrière? La réponse est non.

«Nous n'avons pas parlé avec lui. Que ses représentants nous aient sondé, c'est une chose. Mais il n'y a rien eu de plus», répond Tony Chauvat.

Plus globalement, le staff du LS est content de l'évolution de ses deux attaquants de pointe, ce qui n'exclut pas complètement un éventuel renfort à ce poste cet hiver. «On peut faire de la philosophie et se dire qu'on peut toujours avoir mieux, bien sûr. Mais Kaly et Brighton ont des qualités et ils nous donnent entière satisfaction. Ils ont des qualités différentes et ils peuvent aussi jouer ensemble, ou séparément. Quand je compare notre secteur offensif avec celui des autres équipes de Super League, je pense que nous n'avons rien à envier à personne, à part Young Boys qui est dans une autre catégorie. Mais Zurich, Lugano et les autres, nous pouvons les regarder dans les yeux. Je parle pour le secteur offensif, mais pour toute l'équipe, d'ailleurs.»

L'importance de gagner en qualité et en profondeur

Tony Chauvat et Ludovic Magnin ont tiré le même constat après la défaite à Lugano: les changements tessinois ont fait la différence. C'est vrai, Lugano joue l'Europe et a de facto un contingent plus étoffé, mais tout de même: Lausanne veut tendre vers plus d'homogénéité dans son effectif. «L'idée, c'est de s'établir en Super League et de progresser petit à petit. Dans ce sens, on veut construire un effectif qui puisse permettre à notre entraîneur d'avoir 18 à 20 titulaires et qu'il ait des problèmes au moment d'effectuer sa composition d'équipe», explique le responsable du recrutement, qui ne cache pas que l'été prochain risque d'être agité.

«Nous avons passablement de joueurs en fin de contrat et il ne faudra pas se tromper. L'idée, c'est vraiment de gagner en qualité et de nous rapprocher de Lugano. Comme je l'ai dit, je trouve que nous n'avons pas grand chose à envier à ces équipes-là sur le plan du onze de base. Mais on doit gagner en profondeur, afin que nos changements en cours de match soient de véritables renforts», enchaîne Tony Chauvat. La pérennisation du Lausanne-Sport en Super League passe par là, ses ambitions à moyen terme aussi.

Un mercato estival très réussi

La cellule de recrutement du Lausanne-Sport a été très performante cet été, en multipliant les bons coups. Noë Dussenne est une recrue de choix, Samuel Kalu et Jamie Roche aussi. Le gardien Karlo Letica est performant, tout comme Morgan Poaty. Kaly Sène a marqué ses buts, même s'il n'a pas toujours été excellent. Seuls Fousseni Diabaté et Rares Ilie sont pour l'instant décevants, sans être complètement catastrophiques non plus. 

Quels sont les secrets de ce mercato réussi? «Anticiper, répond Tony Chauvat. Noë Dussenne, on le suit depuis un moment. Mais il n'allait pas quitter le Standard de Liège, où il était capitaine, pour venir en Challenge League. Dès qu'on est montés, on lui a présenté le projet à nouveau et il a dit oui. Jamie Roche aussi, on le suit depuis un moment, mais ce n'était pas forcément évident de le faire sortir de son club en Suède, où il était un immense talent, un peu à l'image d'Alvyn Sanches chez nous. Mais les deux, ce ne sont pas des joueurs que l'on a découvert une semaine avant de les avoir recrutés... Pour moi, la clé, c'est vraiment ça. Ce qui ne veut pas dire qu'on fait tout juste, bien sûr, mais en prenant le maximum de renseignements, en allant voir les gens sur place, on réduit le risque de se tromper, que ce soit sur le joueur ou sur l'homme.»

Jamie Roche et Samuel Kalu, deux des recrues estivales au top du LS. A droite, Olivier Custodio, milieu de terrain désormais (très) polyvalent.
Photo: keystone-sda.ch

L'intégration des joueurs, une priorité

«Si nous allons voir les joueurs sur place avant de les recruter, ce n'est pas seulement pour les observer d'un point de vue technique. Ce qui nous importe énormément, c'est de savoir s'ils pourront s'intégrer chez nous. La personnalité est tout aussi importante que l'aspect footballistique pur», explique Tony Chauvat, qui recrute tout sauf au hasard et fait attention à la construction globale de l'effectif.

Le LS, aujourd'hui, a une poignée de joueurs alémaniques, quelques Africains, des Vaudois... L'effectif est équilibré et cela compte. «Oui, mais il n'y a pas de quota, on ne s'interdit rien. Ce n'est pas une règle de base. La seule, je dirais, c'est d'avoir des joueurs qui incarnent l'identité vaudoise. Ca, c'est important et même primordial. La qualité prime, c'est sûr, mais présenter une équipe sans joueurs du cru, cela n'aurait aucun sens», assure-t-il.

La relation avec Ludovic Magnin

Ludovic Magnin met régulièrement en avant l'excellente relation qu'il a avec son président, Leen Heemskerk, mais aussi avec son responsable du recrutement, Tony Chauvat. Est-ce à dire que ce triumvirat, qui semble bien fonctionner, sera chamboulé lors de l'arrivée d'un directeur sportif? La question n'est pas encore d'actualité, mais Tony Chauvat confirme la bonne entente avec son entraîneur. «On parle beaucoup, on échange. Je peux donner mon avis sur un joueur et lui parle aussi du recrutement, ce n'est pas du tout cloisonné, on est dans le partage. Mais pour ce qui est de la composition d'équipe et de tout ce qui est technique, c'est son domaine, c'est lui qui a le dernier mot.» 

Mais tout de même: lorsqu'un joueur comme Jamie Roche, que Tony Chauvat a supervisé et recruté et auquel il croit à 100%, ne joue pas, comme en début de saison, n'est-il pas tenté de demander au coach d'accélérer son arrivée sur le terrain? «Les discussions que j'ai avec lui restent entre nous. De nouveau, j'ai un avis, je parle avec lui, mais les décisions, c'est lui qui les prend et personne d'autre. Et c'est ainsi que cela doit être.»

Ludovic Magnin et Tony Chauvat échangent beaucoup.
Photo: Martin Meienberger/freshfocus

Recruter plus de jeunes joueurs suisses, une envie, mais...

Le FC Bâle est le meilleur club suisse pour ce qui est de dénicher les stars de demain. Le FCB va se servir chez les autres, comme dans le cas de Roméo Beney, qui a quitté le FC Sion pour le FCB à l'adolescence et vient de réussir ses débuts en Super League. Le club rhénan connaît le chemin de la Tuilière, puisqu'il drague actuellement un jeune de l'académie lausannoise et que le LS essaie de résister et de convaincre son talent de lui rester fidèle. Par le passé, le FCB est venu chercher Andelko Savic, Thibault Corbaz et d'autres et, sur le nombre, sort des talents et «s'auto-finance» ainsi, ou en tout cas, le faisait très bien dans le passé. Le LS pourrait-il s'y mettre?

«Oui, dans l'envie, bien sûr. C'est un modèle intéressant. Mais Bâle a un campus, un centre de formation, des structures. Aujourd'hui, on n'a rien de tout ça. On essaie de construire, c'est un idéal, mais aujourd'hui, c'est un modèle difficile à reproduire à Lausanne», répond Tony Chauvat, qui essaie surtout de faire en sorte que le LS conserve ses joyaux le plus longtemps possible. Et il y en a qui arrivent, assure-t-il.


Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
18
6
31
2
FC Bâle
FC Bâle
18
21
30
3
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
18
9
30
4
FC Lucerne
FC Lucerne
18
3
29
5
Servette FC
Servette FC
18
2
29
6
FC Zurich
FC Zurich
18
-1
27
7
FC Sion
FC Sion
18
4
26
8
FC St-Gall
FC St-Gall
18
6
25
9
Young Boys
Young Boys
18
-4
23
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
18
-12
17
11
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
18
-10
15
12
FC Winterthour
FC Winterthour
18
-24
13
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