De l'avis unanime de ses coéquipiers, des membres du staff d'Yverdon Sport et de l'entourage du club, Paul Bernardoni est défini comme quelqu'un de profondément humain, avec des valeurs largement supérieures à la moyenne dans un milieu auquel il arrive parfois de manquer d'humilité.
A 26 ans, l'ancien gardien de Bordeaux et de Saint-Etienne, entre autres, a choisi Yverdon pour sa deuxième expérience à l'étranger, après ses six mois très compliqués en Turquie, à Konyaspor, et il n'a éludé aucun thème à l'heure de se présenter pour la première fois devant la presse suisse.
Son arrivée à Yverdon
«J'avais besoin de retrouver un club à taille humaine, c'est ce que je recherchais après mon escapade en Turquie. J'avais envie de revenir aux fondamentaux, à la base de mon métier. Les premiers contacts avec Yverdon datent de mi-décembre, je dirais, et c'est vrai que je me suis souvenu que j'avais croisé Anthony Sauthier au mariage de mon ancien coéquipier Theo Valls. J'ai donc demandé les coordonnées d'Anthony à Theo et je l'ai contacté pour poser quelques questions concernant Yverdon. Il m'a expliqué comment était le club et j'ai fait mon choix. Et puis, quand j'arrive dans un club, j'essaie de me renseigner au maximum, de regarder des vidéos, de lire des articles, de voir des reportages... Je n'arrivais donc pas dans l'inconnu.»
Son premier match face à Lucerne
«Ce que j'ai dit à ma femme en rentrant à la maison, c'est que j'avais vraiment pris du plaisir pendant le match! Parfois, il arrive que tu éprouves de la joie uniquement après le coup de sifflet final, parce que tu es tendu pendant la rencontre, mais là j'ai vraiment aimé la partie, je l'ai vécue à fond! Et en plus, pour ma première, on a gagné dans notre stade, c'était parfait. Ma femme m'a dit que le stade était certes petit par rapport à ce qu'on avait pu connaître, mais qu'elle avait aimé l'ambiance, le fait que les gens vivent la partie à fond et soutiennent le club. On se souvient toujours de son premier match dans chaque club et celui-là je m'en souviendrai très positivement.»
Pourquoi il est parti en Turquie
«Cela faisait dix ans que j'avais toujours évolué en France, toujours en Ligue 1, à l'exception d'une parenthèse en Ligue 2. J'y avais fait le tour de mes possibilités et j'avais vraiment envie de tenter une expérience à l'étranger. J'avais d'autres opportunités l'été dernier, notamment en Suisse, mais je ne voulais pas trop attendre et j'ai effectué le choix d'aller en Turquie. C'était un vrai choix de découverte, j'ai eu pas mal de contacts avec des joueurs avec lesquels j'avais joué et tous ou presque m'avaient dit d'y aller. D'un point de vue footballistique, ça s'est bien passé. C'est du point de vue de l'extrasportif que ça s'est moins bien déroulé. Le salaire non payé, ma femme qui n'avait plus de visa, mon chien qui est mort...»
Un supporter d'Yverdon lui a proposé un chien
«En lisant dans les médias que j'avais perdu mon chien en Turquie, un supporter d'Yverdon a écrit au club pour m'en proposer un! Quand je vous parle d'un club à taille humaine, c'est précisément de ça dont je parle... J'ai trouvé ça tellement gentil, mais je n'ai pas pu accepter, parce que j'étais déjà en discussions pour accueillir le nouveau. Mi-février, un teckel va nous rejoindre et j'en suis très heureux. Mais je suis très reconnaissant envers ce supporter et j'espère que j'aurai l'occasion de le remercier en personne, j'ai été touché par ce mail.»
Yverdon, le début d'un deuxième chapitre
«Pour moi, Yverdon, c'est le début d'un deuxième chapitre de ma carrière, d'un nouvel arc. Je le prends ainsi, je pense que j'étais arrivé à la fin d'un cycle personnel en quittant la France. J'ai encore beaucoup d'objectifs, mais c'est un nouveau chapitre de ma carrière qui s'ouvre. Je sais que ce n'est pas ce qui était prévu au départ, qu'on m'attendait dans de grands clubs, mais une carrière est ainsi faite, avec des hauts et des bas. Il y a des choix qu'on ne maîtrise pas et d'autres qu'on maîtrise. Il y a certains choix que je ne referais pas aujourd'hui, c'est sûr. J'arrive aujourd'hui à Yverdon avec du recul sur les choses et de l'expérience.»
Les différences culturelles avec la France
«Après mon expérience compliquée à Konya hors du terrain, je retrouve un vestiaire certes international, mais qui parle tout de même français, et surtout avec un entourage qui parle français. J'avais besoin de ces repères, même si culturellement c'est différent de la France tout de même! L'autre jour, dans le bus, je n'ai pas compris pourquoi quelqu'un a répondu Santé lorsqu'un autre a éternué (rires)! Ou encore au restaurant, quand le serveur m'a demandé si c'était tout bon pour moi... Oui, c'était tout bon, merci (rires)! Ou typiquement, l'assurance maladie, je n'étais pas au courant de cette particularité suisse! Les gens m'ont dit laquelle choisir, comment faire... Ce genre de petites choses, ça t'aide à bien t'intégrer, c'est top. Mon contrat court jusqu'en juin, mais je ne ferme pas du tout la porte aujourd'hui à une prolongation. Se projeter n'est pas facile dans le football, mais ce que je sais, c'est que je suis bien ici. Je sens beaucoup de respect ici, il fait bon vivre.»
La proximité avec Annecy
«Je suis un Parisien, mais j'ai toujours aimé Annecy. Je m'y suis marié, j'adore cette ville. Dès que j'ai pu m'y acheter un appartement, je l'ai fait et Annecy est devenu ma résidence, l'endroit où je me ressource pendant les vacances, où je ne pense pas au football, que ce soit pour un jour ou plusieurs. La proximité avec Yverdon est vraiment super de ce point de vue. J'adore les montagnes et la Suisse est un endroit parfait pour cela. J'ai toujours eu dans un coin de ma tête l'envie d'y venir, pas forcément pour le football au départ, mais simplement pour découvrir. Je suis servi et je me réjouis d'aller à Montreux, Neuchâtel... J'ai déjà découvert Lausanne, c'est très joli. J'aime beaucoup le vélo, j'avais le projet en tête avec des potes de faire le tour du Léman. On va faire celui du lac de Neuchâtel, du coup!»
Sa relation avec Kevin Martin
«Je sais qui est Kevin Martin et ce qu'il a fait à Yverdon. Je peux vous dire que tout se passe très bien avec lui, nous avons beaucoup de points communs dans la méthode de travail, au point de vue des exercices cognitifs par exemple. Je ne viens pas avec un cadre autour de moi qui me rendrait intouchable, bien au contraire. On est tous là pour qu'Yverdon se maintienne, que ces cinq mois se passent bien. Et c'est ce que je cherche aussi, faire des belles rencontres, comme en ce moment avec Kevin.»
Pourquoi il s'est énervé sur le 2-1 d'YB mardi
«Ce que je n'ai pas aimé sur cette action, ce n'est pas la perte de balle, qui peut arriver n'importe quand et qui fait partie du football. Ce que je n'ai pas aimé, c'est que plusieurs défenseurs aient le dos tourné au départ de l'action. Je l'ai vu tout de suite, je l'ai crié, YB a joué vite et a marqué. Voilà le genre de détails qui expliquent pourquoi YB est premier... Et oui, sur le moment, ça m'a énervé, mais c'est passé, c'est derrière.»
Le combat pour le maintien
«En France, j'ai connu des maintiens, des top 10, mais j'ai aussi connu deux relégations et il y a des signes qui ne trompent pas pour savoir quand ça commence à sentir mauvais. Là, sincèrement, ces signes ne sont pas là. Ce n'est que le début, d'accord, mais je peux déjà voir que ce groupe est sain, avec des joueurs qui donnent l'impression d'être là depuis longtemps. Ce n'est pas la première fois que j'arrive dans un vestiaire qui a été renouvelé. Lorsque je suis arrivé à Clermont, 17 nouveaux joueurs venaient d'arriver. À Nîmes aussi, il y avait eu un turnover important. J'ai appris de ces expériences que le club était toujours plus fort que les joueurs. À Yverdon, on sent un entourage qui est énormément impliqué et qui inculque les valeurs du club aux nouveaux arrivés.»
L'importance d'être naturel
«Je suis quelqu'un d'authentique et j'ai envie de me montrer tel que je suis: ouvert, naturel. La carrière d'un footballeur est ce qu'elle est, je n'ai pas joué dix ans en Ligue 1 sans avoir des qualités pour exercer ce métier. Mais ce qui m'intéresse, c'est d'être moi-même, de faire des rencontres, de laisser une image qui soit la mienne et pas celle d'un autre. Les réseaux sociaux, je les utilise de manière professionnelle, car je connais leurs mauvais côtés et le fait qu'ils peuvent donner une image qui n'est pas la vraie. Vous pouvez voir un footballeur habillé avec des marques, de manière que l'on pourrait juger comme étant superficielle, mais quand vous le connaissez, vous voyez que ce n'est pas vrai et qu'il aime juste bien s'habiller, c'est tout. Certains autres donnent une image d'eux qui n'est pas leur réelle personnalité. Je préfère être moi-même.»
Il ne lit plus les commentaires sur les réseaux sociaux
«Les critiques sur les réseaux sociaux, elles m'ont perturbé quand j'étais à Bordeaux. J'étais encensé à Troyes, tout allait bien, et lorsque j'arrive à Bordeaux, les choses se passent moins bien et les premières vraies critiques arrivent. Je ne cache pas que ça m'a fait mal, ça m'a fait trop réfléchir et même fait entrer dans un cercle vicieux. J'ai donc décidé de tout couper, je ne lis plus les commentaires. Cela fait 8 ou 9 ans maintenant que je n'en ai pas lu un seul et je me sens mieux. La critique des médias me dérange moins. Je considère que cela fait partie du métier et c'est plus facile à vivre pour moi. Les journalistes et commentateurs sont payés pour commenter, nous, on est payés pour jouer. On doit l'accepter.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Lugano | 18 | 6 | 31 | |
2 | FC Bâle | 18 | 21 | 30 | |
3 | FC Lausanne-Sport | 18 | 9 | 30 | |
4 | FC Lucerne | 18 | 3 | 29 | |
5 | Servette FC | 18 | 2 | 29 | |
6 | FC Zurich | 18 | -1 | 27 | |
7 | FC Sion | 18 | 4 | 26 | |
8 | FC St-Gall | 18 | 6 | 25 | |
9 | Young Boys | 18 | -4 | 23 | |
10 | Yverdon Sport FC | 18 | -12 | 17 | |
11 | Grasshopper Club Zurich | 18 | -10 | 15 | |
12 | FC Winterthour | 18 | -24 | 13 |