Parti en janvier à l'Union Berlin pour environ deux millions de francs, Chris Bedia a laissé un grand vide dans l'attaque du Servette FC. Et celui-ci se fait d'autant plus ressentir ces dernières semaines avec une équipe grenat en manque d'inspiration offensive et qui n'a inscrit que quatre buts lors de ses cinq derniers matches. Une attaque qui s'essouffle au pire des moments puisque les Genevois ne se trouvaient qu'à un petit point de Young Boys en tête du classement au début de cette série. René Weiler l'a avoué publiquement très récemment: le départ de l'Eléphant a des conséquences concrète sur le terrain.
D'autant que les premiers mois en Allemagne de l'attaquant ne se passent pas bien, ce qui laisse encore plus de regrets. Le constat est clair et rapide: Bedia est en grande difficulté à Berlin. En effet, en trois mois, l'Ivoirien, qui n'a sans doute pas marqué des points en réalisant une entrée sans la moindre envie face au Bayern Munich (pas de pressing, pas de repli défensif) pour son premier match, n'a disputé que 58 minutes réparties sur cinq entrées en jeu. Le tout sans faire trembler les filets ni permettre à un coéquipier de le faire.
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«J'ai eu besoin de temps pour m'adapter»
Un temps de jeu famélique pour l'attaquant qui a quitté la Suisse dans la peau du meilleur buteur du championnat (10 buts) et qui en dit long sur le fossé qui sépare la Super League de la Bundesliga. Salim Khelifi peut d'ailleurs témoigner de cette différence. Parti du Lausanne-Sport en janvier 2014 pour l'Eintracht Braunschweig, qui lutait également pour ne pas descendre, l'ailier a connu des premiers mois compliqués.
Si la barrière de la langue a été un premier obstacle que l'actuel joueur de Melbourne Victory a pu franchir grâce à... l'anglais, le défi physique proposé par le football allemand a été bien plus important pour lui. «Cela a été très dur et j'ai eu besoin de temps pour m'adapter, se souvient-il une décennie plus tard. En match, il y a beaucoup de phase de transition, cela part un peu dans tous les sens et il faut être costaud.» Chris Bedia l'est plus que lui, mais la marche existe bel et bien pour lui aussi.
Un fossé en termes d’intensité
Les entraînements et leur intensité ont aussi beaucoup marqué Salim Khelifi. Tout comme les nombreuses séances en salle de musculation. L'international tunisien a d'ailleurs rapidement pris cinq kilos. «C'était énorme, tout le monde se donne à fond, comme s'ils étaient en match. En Suisse, l'entraînement est important, mais ça compte moins d'y être au top.»
La faute notamment à des effectifs logiquement plus restreints en raison de budgets bien plus petits. Élément qui induit une concurrence plus faible. En Allemagne, c'est tout le contraire et chaque joueur doit défendre crânement sa place. «Quand tu arrives de l'étranger alors que le club a mis une certaine somme pour te faire venir, ils ne te laissent pas beaucoup de temps pour t'adapter, poursuit Salim Khelifi en ajoutant que l'aspect mental joue également un rôle majeur compte tenu de l'importante couverture médiatique. Si tu ne performes pas directement, un autre joueur sera mis à ta place. En Suisse, si tu fais un mauvais match, tu as d'autres chances de te montrer.»
Bedia a-t-il atteint son plafond de verre?
À Servette, Chris Bedia se trouvait par ailleurs dans un contexte très favorable, estime Alexandre Comisetti. «Il est finisseur et puissant et a bien fait son job, mais il a aussi grandement profité de la qualité du collectif genevois. Il a besoin d'avoir une équipe forte et de pouvoir bénéficier du travail des autres. Il y a d'autres attaquants à Servette qui marque aussi leurs buts. Un Jérémy Guillemenot y est par exemple bien plus intéressant qu'à Saint-Gall.»
L'attaquant ivoirien a-t-il donc tout simplement atteint son plafond de verre chez l'actuel 13e de Bundesliga? «Peut-être, mais sa situation actuelle ne veut pas dire qu'il n'y réussira pas, il a de grosses qualités dans la surface adverse», tempère l'ancien international suisse et actuel consultant à la RTS qui ne veut pas voir dans le cas de Chris Bedia un signe de baisse de niveau de la Super League.
Car il est vrai que d'autres joueurs passés par notre championnat ont su s'imposer rapidement à l'étranger, et notamment en Bundesliga, ces dernières années. «Le championnat fait un peu le yoyo en termes de qualité. Nous avions l'habitude d'avoir YB et Bâle comme locomotives qui tiraient un peu tout le monde vers le haut. C'est vrai que cette année, si on prend le championnat d'une manière générale, on a moins ces forces qui poussent devant. Mais il reste tout de même compétitif.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | FC Zurich | 14 | 7 | 26 | |
2 | FC Bâle | 14 | 20 | 25 | |
3 | FC Lugano | 14 | 6 | 25 | |
4 | Servette FC | 14 | 2 | 25 | |
5 | FC Lucerne | 14 | 4 | 22 | |
6 | FC St-Gall | 14 | 6 | 20 | |
7 | FC Lausanne-Sport | 14 | 2 | 20 | |
8 | FC Sion | 14 | 0 | 17 | |
9 | Young Boys | 14 | -5 | 16 | |
10 | Yverdon Sport FC | 14 | -10 | 15 | |
11 | FC Winterthour | 14 | -21 | 11 | |
12 | Grasshopper Club Zurich | 14 | -11 | 9 |