Adrian Ursea a coaché la star à Nice
«Mario Balotelli est très facile à gérer»

Adrian Ursea connaît bien Mario Balotelli: il l'a longtemps côtoyé à Nice, lorsque le fantasque Italien jouait en France. Et il n'en garde qu'un bon souvenir, même si «c’est du Mario malgré tout». Interview du technicien.
Publié: 01.09.2022 à 13:30 heures
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Dernière mise à jour: 01.09.2022 à 14:45 heures
Adrian Ursea a côtoyé Mario Balotelli à Nice.
Photo: imago images/Buzzi
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Matthias DavetJournaliste Blick

«Si Mario a bien marché avec nous, c’est grâce à Adri. Mais il est trop modeste pour le dire.» Ces mots, ils sortent de la bouche de Thomas Sammut, ancien préparateur mental à l’OGC Nice (lire ci-dessous). Et «Adri», il s’agit d’Adrian Ursea. L’ancien adjoint de Lucien Favre en Ligue 1 a côtoyé Mario Balotelli au «Gym», lorsque l’Italien performait grandement. Que retient-il de «Super Mario»? Interview.

Adrian, vous vous souvenez comment s’est fait le transfert de Mario Balotelli à Nice?
Oulala… Ça s’est fait lors des derniers jours du mercato en 2016, à peu près au même moment que Dante et Younès Belhanda — si ma mémoire est bonne. Ça a donné un coup de fouet à notre mercato.

Qui souhaitait le faire venir dans votre club?
A l’époque, Mathieu Bodmer était un joueur en fin de carrière. Il avait pas mal de relations. Il y avait déjà eu dans le club un gros coup avec Hatem Ben Arfa. Les dirigeants voulaient avoir un gros nom dans l’équipe. Mais en même temps, il faut aussi de bons footballeurs. Je veux bien des gros noms, mais en tant que technicien, c’est la vie sportive qui doit primer. Mais ce n’est pas moi qui dirige. Pour moi, il faudrait d’abord qu’un joueur puisse nous apporter quelque chose sportivement.

Balotelli avait une réputation sulfureuse qui le précédait. Ça ne vous faisait pas peur de l’accueillir à Nice?
Oui, bien sûr… Quand on ne connaît pas le bonhomme. Mais quand tu le découvres, c’est un garçon charmant. Qui a un cœur grand comme ça.

Comment s’est déroulée votre première rencontre avec Mario Balotelli?
C’était dans le vestiaire, lorsqu’il s’est présenté. Il avait sa petite fille, puis le garçon est arrivé. C’est un père attentionné. Il m’a présenté sa petite et il était très sympa. Si les gens le voyaient tel qu’il est, ils se diraient: «Ce n’est pas possible, ce n’est pas Mario.»

Pourtant, il arrivait dans un contexte sportif particulier à Nice…
Je me souviens qu’on sortait d’une pré-saison durant laquelle on n’avait gagné aucun match. Forcément, on se questionnait pas mal. Mais avec Mario, ça avait matché tout de suite. Il avait marqué lors de son premier match et il s’est tout de suite fait adopter par le public. C’était comme si toutes les planètes étaient alignées. Avec le travail des joueurs et l’expérience de Lucien (ndlr: Favre), on a passé une très belle saison. Une des meilleures dans toute l’histoire du club.

Et comment était la relation de Mario Balotelli avec les autres joueurs?
Il a su s’immerger dans la réalité du groupe qui était en place. C’est lui qui a été vers les autres joueurs. Il a été vite adopté et quand il a commencé à planter les buts… Et bien, tout allait bien.

À Nice, Adrian Ursea a également été entraîneur ad-interim.
Photo: imago images/PanoramiC

Dans le vestiaire aussi?
Je m’insurge un petit peu mais on en fait tout un pataquès. Si tu lui parles de football, que l’équipe est capable de lui amener le ballon et qu’il puisse faire son boulot de finisseur, Mario est très facile à gérer. On sait que le bonhomme à la base a du talent. Mais il a besoin d’une équipe qui l’adopte tel qu’il est. Ce n’est pas quelqu’un de consciencieux ou d’assidu dans le pressing. Si le coach veut mettre en place un jeu basé sur du pressing/contre-pressing, je doute que Mario veuille le faire. Mais s’il a deux ballons dans des situations favorables, c’est sûr qu’il marquera un but. Il y a peu d’attaquants au monde qui ont ce ratio. Par contre, la difficulté était de savoir comment l’intégrer dans le collectif.

Comment ça?
Quand il n’avait pas le ballon, il ne courrait plus. Alors comment faire passer ça au collectif? (rires) Mais j’imagine que tous les staffs sont confrontés à ça. On s’est relayés entre le préparateur, l’autre adjoint et le médecin. Lucien avait lui une vision plus globale du collectif. Notre boulot, c’était de tirer le meilleur avec ce qu’on avait sous la main.

Et vous l’avez plutôt bien fait, puisqu’il a marqué 33 buts en 51 matches.
Je pense qu’on a réussi à en tirer le maximum. Il a pris du plaisir à Nice. Avec le recul, il a sans doute passé deux des meilleures saisons de sa carrière avec nous. On a peut-être trouvé quelque chose par rapport aux autres, je n’en sais rien du tout.

«J'ai compris qu'il resterait un énorme potentiel»

À Nice, Mario Balotelli a aussi croisé le chemin de Thomas Sammut. Celui-ci est préparateur mental pour de grands sportifs en France, comme le nageur Florent Manaudou ou le skieur Mathieu Faivre. Il a également épaulé le «Gym», en partie durant la période Balotelli.

«Notre relation restait polie», se souvient le Français, qui suivait à ce moment-là un groupe d'une quinzaine de joueurs, et qui n'a donc pas pris «Super Mario» sous son aile. «Mais on n'a pas eu de problème avec. C'est quelqu'un de très cordial et respectueux. A l'époque, si on lui apportait de l'importance et de l'amour, il pouvait faire énormément pour le club.»

Ce que regrette un peu Thomas Sammut, ce sont les carences physiques de l'Italien. «Si on lui demandait de faire des efforts physiques, le corps ne suivait pas.» Le préparateur mental se souvient par contre avoir été impressionné à l'entraînement: «Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi précis. Lorsqu'il tirait des coup-francs avec un mur, huit sur dix étaient cadrés et les deux autres passaient au ras du poteau.»

«J'ai aussi compris que ça resterait un énorme potentiel. Mais je ne l'incrimine pas», souffle le Français.

À Nice, Mario Balotelli a aussi croisé le chemin de Thomas Sammut. Celui-ci est préparateur mental pour de grands sportifs en France, comme le nageur Florent Manaudou ou le skieur Mathieu Faivre. Il a également épaulé le «Gym», en partie durant la période Balotelli.

«Notre relation restait polie», se souvient le Français, qui suivait à ce moment-là un groupe d'une quinzaine de joueurs, et qui n'a donc pas pris «Super Mario» sous son aile. «Mais on n'a pas eu de problème avec. C'est quelqu'un de très cordial et respectueux. A l'époque, si on lui apportait de l'importance et de l'amour, il pouvait faire énormément pour le club.»

Ce que regrette un peu Thomas Sammut, ce sont les carences physiques de l'Italien. «Si on lui demandait de faire des efforts physiques, le corps ne suivait pas.» Le préparateur mental se souvient par contre avoir été impressionné à l'entraînement: «Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi précis. Lorsqu'il tirait des coup-francs avec un mur, huit sur dix étaient cadrés et les deux autres passaient au ras du poteau.»

«J'ai aussi compris que ça resterait un énorme potentiel. Mais je ne l'incrimine pas», souffle le Français.

Pourquoi, selon vous, Mario Balotelli est un excellent joueur?
Il y a des joueurs qui sont bons mais, lorsque l’enjeu frappe à la porte, ils disparaissent. Mario pas. Plus il y avait d’enjeux, plus il voulait marquer un but. C’était l’effet inverse. Le gars assumait, sans trembler, avec un calme incroyable. C’est ça qui me frappe avec lui.

Avec lui, vous aviez également une relation particulière.
J’ai eu le privilège de le côtoyer de très près, de le connaître et de beaucoup discuter avec lui. C’est une personne très intelligente, charmante et à l’écoute. Je me souviens des séances vidéo avec lui, c’était génial. Tu lui montrais un début de vidéo et tu n’avais pas besoin d’aller au bout de la séquence… Il disait: «Ah oui, j’aurais dû faire ceci ou cela.» Il y avait une différence entre ce qu’on pensait savoir de lui et qui il était vraiment. C’est pour ça que chaque fois que j’en parle, je ne peux le faire qu’en bien. En plus, il nous a planté des buts. Mais il a quand même fallu le gérer — c’est du Mario malgré tout (rires). Après, j’ai ce point d’interrogation: Est-ce que le jeu de Sion va lui permettre de s’exprimer?

Vous auriez un conseil à donner au FC Sion?
Oulala, surtout pas. Je me suis jamais vu conseiller de qui que ce soit. J’ai un avis extérieur, par rapport à mon expérience et ma connaissance de Mario. S’ils ont besoin de renseignements, ils peuvent appeler Lucien ou moi. Mais le coach Tramezzani connaît très bien son travail.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
18
6
31
2
FC Bâle
FC Bâle
18
21
30
3
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
18
9
30
4
FC Lucerne
FC Lucerne
18
3
29
5
Servette FC
Servette FC
18
2
29
6
FC Zurich
FC Zurich
18
-1
27
7
FC Sion
FC Sion
18
4
26
8
FC St-Gall
FC St-Gall
18
6
25
9
Young Boys
Young Boys
18
-4
23
10
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
18
-12
17
11
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
18
-10
15
12
FC Winterthour
FC Winterthour
18
-24
13
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