Non, Zeki Amdouni n’est pas encore à la Luz comme à la maison. «Mais on croit en lui. Il a la bonne mentalité. Il peut réussir», assure Joao, vendeur de bifanas ultra-tatoué aux couleurs du Benfica. En préparant ses sandwiches, ce pur et dur supporter des Encarnados l’admet: le poste d’avant-centre est plus dur à assumer à Benfica qu’ailleurs en Europe. «Nous sommes très exigeants. Tout le monde. Le public, l’environnement, les dirigeants. Il faut être prêt à affronter ça.» La comparaison avec Marseille le fait sourire. «Peut-être, oui. Je connais moins Marseille. Mais ici, la pression est extrême. Même si on ne gagne plus de Coupe d’Europe, on reste un grand club.»
Benfica, une véritable institution
Difficile de donner tort à Joao, tant la ferveur qui entoure Benfica est énorme. La donne médiatique est connue: trois journaux qui parlent de sport (c’est à dire à 99% de football) au quotidien et il n’est pas exagéré de dire que cette ville vit en partie pour le football et, ce qui est appréciable, ne vibre pas par procuration devant le championnat anglais ou le Real Madrid. Ici, à Lisbonne, on est soit un Lion du Sporting soit un Aigle de Benfica et on le revendique. Tout, au stade de la Luz, rappelle que les Encarnados sont un club qui a remporté deux fois la Coupe d’Europe des clubs champions et a été le théâtre des exploits de l’un des meilleurs attaquants de l’histoire du football, Eusebio, dont la statue trône devant le stade et devant laquelle se prennent des centaines de supportrices et supporters en photo les jours de match. En un mot comme en cent: Benfica est une institution.
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Un système de jeu avec deux vrais ailiers
Zeki Amdouni, en quittant Burnley et le Championship, après une saison en Premier League, trouve face à lui une opposition moins relevée le week-end, mais fait désormais partie d’un club mille fois plus grand que Burnley et qui, détail non négligeable, dispute la Champions League en milieu de semaine. Mais rien n’est simple pour gagner sa place au sein d’une équipe que Bruno Lage dispose la plupart du temps en 4-3-3, ce qui ne laisse pas de place en soutien de l’attaquant, là où Murat Yakin apprécie de faire jouer Zeki Amdouni et Ruben Vargas avec la Nati. Benfica joue avec un pur avant-centre, Vangelis Pavlidis, et deux ailiers que sont l'incontournable Angel Di Maria et le cador turc Kerem Aktürkoglu. Difficile d’imaginer le Genevois s'éclater dans ce système ailleurs qu'au poste d'avant-centre, même s’il est évident qu’il est un attaquant polyvalent.
Une seule fois titulaire depuis son arrivée, en Coupe
Le seul match que Zeki Amdouni a débuté jusque-là, d’ailleurs, l’a été en Coupe du Portugal sur le terrain de Pevidem, dans un schéma un peu différent en 4-2-3-1, et il est sorti à la pause, ce qui n’était pas une punition selon Bruno Lage. «Je suis satisfait de son match et de sa capacité à s’adapter rapidement aux besoins de l'équipe et à créer des actions offensives. J'ai bien aimé son implication, il a du potentiel et il progresse. Les points sur lesquels on doit travailler avec lui, c'est sa compréhension de nos systèmes de jeu. Il doit s'intégrer, c'est normal.» Des paroles encourageantes.
En championnat et en Champions League, par contre, l’international suisse de 23 ans débute sur le banc, mais entre toujours, sans exception. Deux minutes à Belgrade, trente face à l’Atletico Madrid, trente encore contre Feyenoord, un match où il a failli marquer d’ailleurs. Et en championnat, il a inscrit un but face à Gil Vicente (5-1), ce qui est toujours bon pour la confiance.
Vangelis Pavlidis déjà sous pression
Bien intégré dans l’équipe, où il est notamment proche d’Orkan Kokçu et de Kerem Aktürkoglu, Zeki Amdouni, dont le père est turc, n’en est qu’au début de son aventure lisboète et, à en croire les déclarations de son entraîneur, il ne devrait pas être loin de faire ses débuts comme titulaire en championnat. Dès ce dimanche contre Rio Ave (19h à la Luz)? Le quotidien A Bola, très influent, a en tous les cas déjà mis la pression à Vangelis Pavlidis après sa prestation très médiocre face à Feyenoord. Le journal a rappelé les statistiques peu flatteuses du Grec, qui n’a pas marqué en trois matches de Champions League et seulement deux fois en sept titularisations en championnat. «Il se bat bien, il est utile dans le jeu, il fait de la place, mais il faudra bien qu’il se mette à marquer», souligne «A Bola», comme s’il fallait une nouvelle preuve que le poste d’avant-centre était particulièrement exposé à Benfica.
Rapide sur le terrain, patient dans son intégration
Zeki Amdouni, fidèle à lui-même, reste tranquille et attend son heure. Et il a déjà marqué les esprits avec une statistique étonnante: il est l'un des joueurs les plus rapides de la Champions League, lui qui a été flashé à 33,9 km/h lors des premières journées, pas loin des meilleurs que sont Federico Valverde, Vinícius Júnior et Alphonso Davies. Sur le terrain, il va vite, très vite même, mais pour gagner la pleine confiance de son entraîneur et enchaîner les sprints, il doit faire preuve d'un peu de patience pour l'instant.