Le Genevois reste ambitieux
Kevin Mbabu: «L'équipe de Suisse est un objectif, même à Midtjylland»

Kevin Mbabu a pris la décision cet été de rejoindre le club de Midtjylland, champion du Danemark en titre. Un choix qui a du sens d'après le Genevois, lequel garde dans un coin de sa tête l'équipe de Suisse. Interview.
Publié: 29.09.2024 à 10:58 heures
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Dernière mise à jour: 29.09.2024 à 11:44 heures
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Bastien FellerJournaliste Blick
Kevin Mbabu évolue depuis cet été à Midtjylland, champion danois en titre.
Photo: IMAGO/Eibner

Hoffenheim ayant égalisé à la 89e, la déception était forcément grande ce mercredi soir pour Kevin Mbabu dans les travées de l'Arena de Midtjylland. «C'est comme ça en Coupe d'Europe, il faut savoir 'tuer le match'. Nous avons eu les opportunités de le faire», réagissait, pour Blick, le latéral genevois, ravi de faire son retour sur la scène européenne, trois ans après son dernier match de Ligue des champions avec Wolfsburg (défaite 3-1 face à Lille le 8 décembre 2021). «Cela fait du bien, les matches en semaine me manquaient.»

S'il n'a pas été gagnant sur le plan collectif, il l'a été d'un point de vue individuel avec 90 minutes de jeu de très bonne facture, tant sur le plan défensif qu'offensif. Il n'a d'ailleurs manqué que quelques centimètres à l'international suisse pour marquer son premier but sous ses nouvelles couleurs. «J'ai aimé ce que j'ai vu», lance de son côté son coach, Thomas Thomasberg, heureux de pouvoir compter sur le Suisse.

Blick a pu retrouver Kevin Mbabu, reposé après toutes ces émotions, au centre d'entraînement flambant neuf du club danois ce jeudi matin.

FC 25 est sorti ce vendredi, tu es le nouvel arrivé, mais tu as la meilleure note de l’équipe. C’est un sujet dans le vestiaire?
Oui, les petits jeunes en parlent. Je sais que certains ont acheté le jeu en avance. On m’a dit que j’avais la meilleure note. Mais moi, je n’y joue plus depuis plusieurs années. Je préfère les jeux d’actions et d’aventure.

Si on revient sur ton parcours et les clubs que tu as connus, Servette, Newcastle, Rangers, Young Boys, Wolfsburg, Fulham, Augsbourg et maintenant Midtjylland, on en vient à se demander si le sud de l’Europe t’intéresse.
(Rires) J’ai essayé d’y aller quelques fois. Une fois, c'est le club qui n’a pas voulu me laisser y aller, une autre, c'est moi qui ai refusé une équipe en Espagne. Cet été d’ailleurs.

Pourquoi avoir choisi ce club danois?
Ils m’ont montré énormément d’intérêt. Tout le club. Le directeur technique, le CEO, le directeur du football. Même le propriétaire. Ils cherchaient cet été un joueur avec CV qu’on ne voit pas forcément au Danemark, qui puisse aider les jeunes. C’est quelque chose que je recherchais. Jouer pour gagner des titres et disputer des matches européens m’a aussi motivé. C’est un bon mix.

Jouer une Coupe d'Europe était une condition en cas de signature dans un club hors du «Big 5»?
Exactement. Idéalement, j’aurais voulu la Ligue des champions. Malheureusement, ils ont perdu en play-off. Mais nous allons essayer de l’atteindre la saison prochaine. Mais oui, il fallait obligatoirement un club qui joue l’Europe.

Young Boys est en grande difficulté défensive cet été et après avoir fait revenir Loris Benito il y a deux saisons, se sont-ils renseignés sur ta situation?
Ils m’ont contacté, mais pas pour me faire venir. Ils voulaient un renseignement sur un joueur. Je suis en contact de temps en temps avec Christoph Spycher. Nous avons une très bonne relation. Avec Steve von Bergen également. Mais ce n’est pas d’actualité. Surtout qu’il y a Lewin Blum à ce poste.

D’après nos informations, des clubs de certains grands championnats étaient intéressés, qu’est-ce qui a coincé?
Un mix de plusieurs éléments. Il y avait un club en Hollande qui était très intéressé, mais ils ont mis du temps à prendre leur décision. Mais lors de la dernière semaine de mercato, je ne voulais pas jouer au poker et j’ai accepté l’offre de Midtjylland.

Après cette bonne saison en Bundesliga avec Augsbourg, est-ce décevant de ne pas avoir signé dans un des grands championnats européens?
Non, pas du tout. Je suis très content d’être là. Les conditions de travail sont excellentes ici. C’est difficile de trouver mieux dans beaucoup de clubs en Europe. Cela fait partie des raisons qui m’ont fait signer ici et je me réjouis de remporter des titres avec l’équipe.

Comment s’est passé ce premier mois?
Très bien. J’ai très bien été accueilli par tout le monde. C’est un club très familial, très ouvert. Tu peux venir ici au centre d’entraînement avec ta famille et tes amis. Tous les entraînements sont ouverts au public. Nous avons un espace partagé avec les habitants du coin. J’ai l’impression d’être là depuis longtemps. Je me suis bien intégré à l’équipe. C’est un bon groupe, très jeune, mais avec un gros potentiel. Il me manque encore quelques semaines pour retrouver ma meilleure forme, mais je suis sur la bonne voie.

Ton entraîneur expliquait ce mercredi compter sur toi pour être un leader de l’équipe. Après les soucis connus à Fulham, cela doit faire du bien d’entendre ce discours.
Évidemment, surtout pour la confiance. Ils m’ont aussi fait venir pour ça, pour ce que je peux apporter en dehors du terrain: aider à développer des jeunes joueurs, partager mon expérience. J’essaye un maximum de parler avec tout le monde. Cela se passe très bien. Je commence à apprendre l’espagnol, car il y a plusieurs hispanophones et cela me permettra de me rapprocher d’eux. Nous nous entendons bien, mais la communication est parfois un peu difficile.

Pas le danois?
J’essaie d’apprendre un petit mot chaque jour. Mais ce n’est pas une langue facile. Elle est assez monotone. Quand les gens parlent, tu as l’impression que c’est un long mot (Rires). Mais je vais semaine après semaine continuer à essayer d’apprendre. Je pense qu’en l’entendant et en posant des questions, cela va aller.

Si tu compares ce dont dispose le club avec ce que tu as pu connaître en Suisse, où se situe Midtjylland?
Très loin devant. D’ailleurs, peu de clubs en Europe ont un centre d’entraînement aussi moderne. De ce que j’ai entendu, en Italie et en Espagne c’est assez vieux. C’est même mieux qu’à Fulham. Ici, il y a un grand staff pour que tout le monde soit intégré du mieux possible. J’ai même conseillé à Yoan Loche (ndlr: chef du recrutement du Servette FC) de venir voir comment cela se passe ici. Chaque détail compte. Notamment au niveau des data. Pour venir ici, ils m’ont fait passer un test de personnalité pour voir mon profil, car ils veulent un groupe homogène.

Quels sont les objectifs du club?
Garder le titre en championnat avec une assez bonne longueur d’avance et réaliser un doublé historique en remportant la Coupe. C’est un club qui possède des ambitions très élevées. Le CEO et le propriétaire sont de bonnes personnes, très ambitieuses. C’est ce qui m’a plus. Nous nous sommes bien trouvés.

Avant de signer ton contrat, es-tu allé à la pêche aux renseignements auprès de Johan Djourou?
Non. J’avais complètement oublié qu’il avait joué au Danemark. On m’a d’ailleurs dit que je suis le quatrième suisse à venir jouer dans ce pays (ndlr: Nicolas Bürgy (2022-…), Johan Djourou (2020-2021), Brandon Onjony (2019-2020) et donc Kevin Mbabu).

As-tu été chambré après la défaite de la Suisse face au Danemark (2-0)?
Un peu oui (Rires). Mais je leur ai rappelé qu’il y aura un match retour. J’espère que je pourrai à mon tour leur parler de la victoire de la Suisse.

Avec Kevin Mbabu qui y participe?
Ce n’est pas parce que je suis venu ici que l’équipe de Suisse n’est plus un objectif. Je n’ai jamais joué de Coupe du monde, cela serait un rêve. Surtout avec le gros tournoi qui se prépare entre les États-Unis, le Mexique et le Canada. À moi de montrer que j’ai toujours le niveau. Cela va être important de performer, surtout sur les matches européens. Je suis d’ailleurs content de ma performance face à Hoffenheim.

Es-tu fan de la culture américaine?
Oui, j’aime beaucoup. Mon frère y vit d’ailleurs depuis de nombreuses années. J’aimerais bien peut-être un jour expérimenter la MLS comme Shaqiri, voir comment se vit le football là-bas. Cela s’améliore d’année en année et il m’en avait dit que du bien, même s’ils ne sont pas aussi passionnés qu’en Europe. Mais je suis encore très loin de ça maintenant.

Ayant fait ton retour avec la Nati en mars, Murat Yakin est-il entré en contact cet été avec toi concernant le choix de ton futur club?
Non, je n’ai eu aucun contact avec le coach. Uniquement avec le préparateur physique qui voulait connaître ma situation puisque je n’étais pas convoqué pour les matches avec Fulham.

Sais-tu pour quelles raisons tu n’as pas été sélectionné pour l’Euro?
C’est une bonne question. Je sortais d’une bonne saison avec Augsburg au niveau des statistiques de matches, de minutes, etc. C’est un choix tactique du coach, je suppose et c’est quelque chose qu’il faut accepter. C’est un échec et il faut savoir rebondir. Je ne suis pas quelqu’un qui abandonne et je vais continuer à me donner à 200% pour mon club et ensuite, on verra si la convocation suivra.

Te nourris-tu de ces déceptions?
Je n’ai jamais rien eu facilement dans ma carrière. Notamment à cause de mes blessures au début. Ensuite les déceptions liées à la Coupe du monde et l’Euro. Mais je n’abandonne pas, je continue à faire mon travail. Mon objectif reste d’être présent à la Coupe du monde.

La suite pour toi et Midtjylland, c’est un derby face à un autre Suisse de Superliga: Nicolas Bürgy.
Il m’a contacté dès que je suis arrivé pour me souhaiter la bienvenue et on a un peu échangé. Je le connais de Young Boys, nous y avons un peu joué ensemble. Cela me fera plaisir de le revoir. Il vit à 45 minutes d’ici, peut-être que durant la saison, nous ferons un truc. Mais en cachette, car c’est censé être mon ennemi (rires)

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